Cameroun: Au pays du matabiche, la danse des fainéants !
CAMEROUN :: POINT DE VUE

Cameroun: Au Pays Du Matabiche, La Danse Des Fainéants ! :: Cameroon

Certains de plus en plus nombreux, veulent nous nous imposer le silence ! Chaque mot que nous prononçons leur donne des maux de tête. Mes mots ne leur donnent pas le matabiche, la reine de leur imbécilité. Chaque jour je prends directement dans le ventre la honteuse réalité de notre pays. Je vis dans un pays malade de partout, de la tête aux pieds, en passant par le dos colonne vertébrale, le ventre et tout ce que vous voulez. Justement, la tête c’est qui ? Nos dirigeants ou nos universitaires ? Qui pensent les politiques sous lesquelles nous vivons ? La colonne vertébrale, ce que l’on peut appeler la classe intermédiaire est elle-même dans le déni et le renoncement.

Nos universités sans universitaire, nos sociétés sans administrateur, nos lycées sans enseignant et sans lycéen, les Ayatollah de la fainéantise y règnent au prix de tous nos renoncements. Ils se sont assis sur le sang de nos parents qu’ils ont tôt fait de transformer en petits privilèges pour eux et les leurs. 87 familles pas une de plus ni une de moins ont réussi depuis 1958 à s’emparer du Cameroun, suçant l’énergie de plusieurs générations de camerounais, avilissant le savoir, vidant les caisses à tours de bras sous nos yeux complices.

Les voleurs nous servent le patriotisme à la petite étoile défraichie pendant qu’ils vident les caisses de l’Etat qu’ils ont été incapable de construire, de projeter, et ce à tour de rôle et à tours de bras avec femmes enfants et maitresses. La liste de leurs avantages donne le tournis. Quand un soldat tombe au front personne ne le ramasse car il n’est pas fils ou fille d’homme, la larme n’est pas accrochée, on veut le matabiche qui va avec. Cette bouffonnerie me donne le tournis, cette petite danse entre amis d’hier et ennemis d’aujourd’hui, complices du dernier jour, prisonnier hier ministre aujourd’hui et ministre aujourd’hui prisonnier demain avec les fils, filles, belle-fille ou gendre qui nous remplacent au même poste et brisent toute velléité d’autonomisation de la classe intermédiaire. Le Palais de verre n’a jamais autant mérité son nom, on vote des lois scélérates, inventées dans des bars par des conseillers techniques pressés dans les vendeuses de 50/50 des quartiers dont je préfère taire les noms. Le matabiche circule sous la table, dans les cantines et les sacs bandjocks, il sert parfois à financer des colloques qui vident le langage de tous ses éléments, qui bafouent la vérité au profit du profit ! Vous les voyez sur les plateaux de télévision, ces ayatollahs de la fainéantise, ils mentent le dimanche pour se repentir le mardi pour recommencer le jeudi en attendant un nouveau mensonge le dimanche ! Oui ces prêtres du dimanche à la gueule enfarinée, au vocabulaire savant, qui rasent gratis et sans état d’âme, prince autoproclamé, qui déclament chevillé au corps, les yeux dans les yeux, des théories malodorantes, bénis par leurs camarades de promotion, coudes à coudes, soudés, calés dans les dorures, au son de la trompette républicaine lustrée par notre impôt massif et note dette souveraine.

J’ai la nausée, elle est là et elle ne me quitte plus, elle s’intensifie.

Moi l’écorché vif comme dit un journaliste du Messager, le traitre renchérit, la taupe du régime Biya incéré comme une puce dans l’opposition camerounais conclut un autre, je cherche des traces de l’intérêt général dans cette chorégraphie pourtant harmonieuse, je ne le trouve pas. Il a été noyé dans le grand fleuve des intérêts individuels, souffrez qu’individuel ici ne soit pas synonyme de personnel ! Sous les partis satellites, proches et/ou éloignés du pouvoir et de son cercle, les syndicats, les associations, les lobbies, les groupes, les intérêts particuliers, les privilèges des uns qui font les bénéfices des autres. Le blocage est total, les verrous sont rouillés et les flambeurs continuent de parader devant 7 millions de chômeurs, de petits salaires, de callboxer, des motos-taxis, une école qui se délite, une santé attardée et mongolienne, un indice de bonheur qui fait corps avec le malheur, celui-là vécu au quotidien par 15 millions de camerounaises et de camerounais qui crient famine ! Je dégueule ma peine et je pisse dans un tam-tam. Comme vous. Camerounais impuissant à qui l’on fait croire tous les sept ans qu’ils ont leur destin en main, comme des porcs de Dschang qu’on mène à l’abattoir en leur caressant le flanc sous une musique de Pierre Didi Tchakounté pour faciliter la pénétration de la lame dans leur gorge. Sept ans à nous déchirer sans aucun programme, sans aucune ligne politique, pendant qu’une petite bande de petits camerounais souvent, des étrangers toujours, joue avec nos vies, nos économies, nos rêves de bonheur simple et de paix sociale. Même les os autrement que l’on jetait aux chiens ne nous sont plus destinés voilà pourquoi nous sommes passés de la pauvreté à la misère, pourtant nous serrons la ceinture chaque jour un peu plus, nous travaillons chaque jours davantage pour ne récolter que pierre et cailloux ! Quand nous ouvrons la porte du taudis qui nous sert de maison, que croisons-nous au bas de la porte ? Chômage des jeunes, parents résignés, grands-parents délaissés, filles à peine ont tel des seins aussi gros qu’une mandarine, elles sont dans le commerce de leur virginité pour avoir de quoi manger.

Le problème anglophone est là, il est la preuve de l’oisiveté plus que trentenaire de ceux qui règnent en maitre sur notre pays. Ils ne trouveront pas une solution parce qu’ils n’en ont pas. Par contre ils nous pousseront à nous entretuer et ainsi ils nous auront tous éliminés afin d’offrir le pays à leurs progénitures. Souvenons-nous que nous sommes dans une société toujours plus endogame, où les 87 familles se ressemblent de plus en plus et ferment la porte la porte après eux, c’est la théorie de la dalle que j’ai développée il n’y a pas longtemps. Ils nous divisent à l’intérieur de nos familles, à l’heure où nous devrions plus que jamais nous aimer. Je suis écœuré et perdu, silencieux, tétanisé par le sentiment d’impuissance. Pas seulement le mien de sentiment, pas seulement la mienne d’impuissance, le sentiment et l’impuissance sont collectifs.

Les gens comme moi n’appartiennent à aucun intérêt particulier, hors celui de vivre bien ensemble, sans se déchirer, sans se méfier les uns des autres, tranquillement vivants sans faire de vague. Mais ça ne se passe plus comme ça… Ceux qui sont tombés à Bamenda, ceux qui sont bastonnés par les soldats tout comme ceux qui attaquent les soldats, bastonnent les élèves qui veulent aller à l’école sont tous des nôtres. Les membres des 87 familles sont loin, ils contemplent, sont sur les plateaux de télévision, à la radio, ils ne sont point inquiétés même quand ils sont assis sur le même banc que nous à l’église le dimanche. Je n’en veux plus, de ces simulacres d’un temps passé et révolu.

Je ne veux plus d’un homme qui dit « moi je », il est temps que nous disions Nous. Pour y arriver, ce ne sera pas dans l’invective permanente, la délation, le refus de l’instruction et de la formation. Nous ne devons pas être un peuple en larmes mais un peuple dynamique et conquérant, déterminé à relever les défis, à modifier le cours de l’histoire, à l’écrire, à la façonner. Parce qu’il n’y a pas un autre moyen et le moyen nouveau c’est à nous de l’inventer. Entre l’incompétence, la malhonnêteté et la résignation avons-nous le choix ? La réponse est oui, nous devons pousser ensemble vers la même direction en acceptant de diluer notre ambition personnelle dans le destin collectif et ce collectif dépasse notre personne.

Lire aussi dans la rubrique POINT DE VUE

Les + récents

partenaire

canal de vie

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo