Gabon : les avocats de Ngoubou dénoncent des "errements procéduraux"
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Gabon : les avocats de Ngoubou dénoncent des "errements procéduraux"

Les avocats de l'ex-ministre du Pétrole et des Hydrocarbures, accusé de détournement de deniers publics et en détention préventive, sont montés au créneau à Libreville.

« On reproche à notre client d'avoir fait des détournements de deniers publics dans le cadre de l'exercice de ses fonctions ministérielles. Au cours de cette conférence de presse, nous nous interdisons d'aborder des questions politiques. Nous resterons dans des aspects purement juridiques », a dit Cédric Maguisset, avocat au barreau du Gabon. Le décor était ainsi planté. Abordant évidemment les questions de droit, les avocats de la défense ont remis en cause la procédure qui a conduit à l'incarcération de l'ex-ministre du Pétrole. D'abord, « il n'y avait aucune plainte contre M. Ngoubou. À la suite de nombreuses rumeurs, il s'est rendu lui-même à la Direction générale des recherches (DGR), où il a été entendu par la police judiciaire, puis présenté au parquet de Libreville. Vous connaissez la suite », a ajouté l'avocat, avant d'évoquer l'incompétence du parquet de Libreville à juger « les faits commis dans l'exercice des fonctions d'un membre du gouvernement ». Selon les avocats de la défense, c'est la Haute Cour de justice qui devrait être saisie du dossier.

Appel à la rescousse d'Ali Bongo Ondimba

« Nous sollicitons l'intervention personnelle du président de la République, Ali Bongo Ondimba, garant de la Constitution, en vue de la libération de notre client », a lancé Richard Sedillot, avocat au barreau de Rouen (France). Il explique par ailleurs qu'aucune enquête financière n'a été diligentée avant l'interpellation de son client. Ce qui rend encore la procédure judiciaire plus rocambolesque. L'appel lancé par les avocats de la défense à l'endroit du président gabonais sera-t-il entendu ? Nul ne peut le savoir pour l'instant.

Marche de protestation

Le 14 janvier dernier, une marche de protestation a été organisée dans la Nyanga, province d'origine du ministre déchu. Les manifestants parmi lesquels les femmes, les hommes et de nombreux jeunes ont battu le bitume, pancartes et banderoles en main. Sur les pancartes des manifestants on pouvait lire : « Libérez vite Ngoubou, il nous manque » ou encore « Pour les chantiers engagés, les Mayesiens soutiennent Étienne Ngoubou jusqu'à leur achèvement ».

Opération de lutte anticorruption

Il faut rappeler qu'Étienne Dieudonné Ngoubou a été mis en prison dans le cadre d'une opération de lutte anticorruption lancée par le gouvernement. Cette opération, qui traduit la volonté des autorités de Libreville à mettre un terme au phénomène de détournement des deniers publics à l'origine du manque d'efficacité des politiques publiques, a conduit également à l'incarcération d'un autre ex-membre du gouvernement : Magloire Ngambia, ministre de l'Économie jusqu'en 2015. Ce dernier aurait détourné environ 762 millions d'euros. Plusieurs hauts responsables de la Poste SA en faillite et l'ancien patron des projets hydrauliques Blaise Wada ont été également interpellés. Le directeur général de la Société nationale immobilière a été placé en garde à vue, alors qu'un mandat d'arrêt international a été lancé contre Alfred Mabika, ex-directeur général de la Poste. Les enquêtes financières lancées dans cette opération mains propres devraient faire tomber une dizaine d'autres têtes dans les prochaines semaines, selon la presse locale.

Fin de l'impunité ?

À la suite de cette vague d'interpellations, de nombreux Librevillois interrogés estiment qu'Ali Bongo vient d'annoncer la fin d'une ère marquée par la gabegie et l'impunité. « C'est une première dans notre pays. On n'a jamais vu des ministres du camp au pouvoir en prison, malgré les dénonciations publiques. On avait même l'impression que le pouvoir protégeait les voleurs de la République qui ont mis le pays au sol depuis plus de quarante ans. Ils se sont enrichis au détriment des programmes de développement. Le Gabon a été classé par leur faute au hit-parade des pays riches aux populations pauvres », a réagi Vincent Mba, enseignant et syndicaliste. Paul Lekoukwono, étudiant en master I économie, pense pour sa part que l'opération mains propres et les incarcérations qui en sont le corollaire « constituent un avertissement concret à ceux qui méprisent la République en s'appropriant ce qui appartient à tous ». Le jeune étudiant conclut : « Toutes les centaines de milliards volés pouvaient servir à la construction des écoles, des routes, et à la mise en place des programmes de lutte contre le chômage des jeunes. »

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