Crise anglophone : Le gouvernement piétine les libertés et musèle à tout va
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Arrestations en cascade, coupure d’internet dans les deux régions anglophones du pays, mise en garde des médias…Le pouvoir de Yaoundé ne lésine sur aucune méthode liberticide pour noyer toute revendication relative au fédéralisme.

C’est à un véritable massacre des libertés individuelles et collectives que l’on assiste depuis quelques jours au Cameroun. Après plusieurs semaines d’âpres négociations avec des enseignants-syndicalistes, des avocats et des acteurs de la société civile en vue de solutionner la « francisation des écoles et des tribunaux » dans la zone anglophone, après la tentative de corruption, le pouvoir de Yaoundé est passé à ce qui lui est consubstantiel : la répression. Et pour cause, le consortium des organisations de la société civile anglophone aurait posé sur la table la question du retour au fédéralisme.

Il n’en fallait pas plus pour braquer le pouvoir en place. Dans l’immédiat, il a procédé d’abord à l’interdiction de certains mouvements anglophones dont le consortium avec lequel il a pourtant négocié une sortie de crise. Ensuite à l’arrestation des meneurs de ces revendications à Yaoundé parmi lesquels Paul Aya Abine un magistrat anglophone en service à la Cour suprême. Ce dernier a été interpellé dans la nuit du samedi 21 janvier 2017 à son domicile par des gendarmes.   Puis c’est le service internet qui est interrompu dans les deux régions anglophones du pays. Enfin c’est la presse qui est menacé de sanctions en cas de publications faisant l’apologie du fédéralisme.

Liberté d’expression

Fédéralisme. Le mot est lâché. Un mot dont Paul Biya et son régime ne veulent en aucun cas entendre parler. Dans son message à la Nation le 31 décembre dernier, le chef de l’Etat camerounais a été clair : « la forme actuelle de l’Etat est non négociable », « le Cameroun est un et indivisible ». Comme si le fédéralisme empêche le Nigéria voisin, le Canada ou le Brésil d’être « un et indivisible » et leurs peuples respectifs d’être animés par une volonté de vouloir vivre ensemble. Comme si l’unité et l’indivisibilité d’un peuple se décrétait.

Telle une peste, le gouvernement camerounais redoute tout retour au fédéralisme que le Cameroun a adopté entre le 1er octobre 1961 et le 6 mai 1972. Il argue de son caractère anticonstitutionnel sans indiquer la disposition constitutionnelle que les revendications anglophones violent. Pourtant, la disposition constitutionnelle qui limitait les mandats à deux a été révisée en 2008 en violation de l’article 64 de la constitution du 18 janvier 1996 qui disposait qu’ « Aucune procédure de révision ne peut être retenue si elle porte atteinte à la forme républicaine, à l’unité et à l’intégrité territoriale de l’Etat et aux principes démocratiques qui régissent la République ». Et l’alternance au pouvoir, on le sait, est un des principes démocratiques. Mais de tout cela, les soutiens de Paul Biya n’en ont cure.

Les Camerounais d’expression anglaise réclament un système de gouvernement qui leur permettra d’être plus proches de la gestion des affaires publiques et en fonction de leurs spécificités linguistiques, culturelles et historiques, le gouvernement répond par les intimidations, les menaces, et les arrestations. Au mépris de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, du Pacte  international relatif aux droits civils et politiques qui proscrivent les arrestations arbitraires et protège la liberté d’expression. Jusqu’à quand ?

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