Grève : Bamenda de nouveau paralysé
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La rumeur de l’interpellation de Mancho Bbc plonge une nouvelle fois le chef-lieu du Nord Ouest dans la ville morte.

Jeudi 19 janvier 2017, la sérénité retrouvée la veille, après deux jours de ville morte, a été subitement rompue. Cette fois, il n’y avait pas de mot d’ordre à suivre. Le jour s’est levé lourdement, comme d’habitude depuis que les troubles ont commencé au mois de novembre 2016. « Je me suis rendu au service sans problème. Mais j’ai quand même noté en circulant que les forces de l’ordre étaient très présentes, notamment dans les carrefours chauds », témoigne un fonctionnaire. Les télécommunications perturbées de ces derniers jours n’ont pas empêché la nouvelle de circuler.

«  Mancho Bbc a été arrêté ». Craignant la réplique du soir où les réseaux sociaux avaient annoncé la séquestration des négociateurs syndicaux dans les services du gouverneur, les habitants ont joué de prudence. Ceux qui avaient ouvert les boutiques les ont refermées. Les propriétaires de véhicules ont garé, etc. A partir de 10h, seuls quelques téméraires conducteurs de taxis et de motos osaient circuler. De sources dignes de foi, Bibixy Tse Mancho de son vrai nom a été interpellé la veille et conduit hors de Bamenda. Le célèbre animateur d’Abakwa Fm, jadis connu pour ses comédies et ses émissions en pidgin est entré dans l’histoire de la « révolution anglophone » le lundi 21 novembre 2016, lorsque des grévistes descendent à City Chemist.

Au  milieu d’une grande foule, Mancho Bbc déploie un cercueil qu’il dit avoir acheté à 80.000 FCfa. « J’ai acheté mon cercueil pour être tué et enterré dedans. Mes 3m de linceul y sont, donc vous n’allez pas souffrir. Ma voiture va convoyer mes restes au village. Laissez les soldats venir me tuer. Ce non-sens doit s’arrêter. Trop c’est trop », clame-t-il, sur un véhicule. Pendant près de 6h, Bamenda est paralysé.

Les hiérarques du Rdpc demandent qu’on l’arrête. S’il ne se rend pas. Il va leur échapper. « Le temps de la libération des Anglophones c’est maintenant », soutient celui qui pense qu’« aucune armée n’a jamais gagné de guerre contre son peuple ». Dans un document sonore de près de 5mn qui circulait alors, une voix donne des directives sur la paralysie programmée du Cameroun anglophone.

« Combattants anglophones, je suis le combattant de la liberté Mancho Bbc. Je vous envoie ce message ce matin pour vous remercier des stratégies du combat que vous mettez en place. Pour ceux qui sont à Bamenda, enlevez les barricades sur la route et restez dans vos maisons. (…) Nous allons porter le combat dans d’autres villes du Cameroun Anglophone. Je vous parle à partir de Buéa où nous planifions une grande protestation. Nous irons par la suite à Limbé et Kumba. Il est temps de libérer le Cameroun anglophone de 55 ans de domination française ».

Lui et qui ? Comment ont-ils pris langue et décidé de travailler ensemble ? Mystère. Dans la foulée, la voix propose des « soins gratuits à 100% » à ceux qui seront blessés, suite aux mouvements dans la rue. « Nous vous informerons de notre futur plan d’actions et espérons que vous tous sortiez pour nous soutenir dans cette bataille ». Le « combattant » recommande aux siens l’achat des gadgets, drapeaux et t-shirts du Scnc. « Nous demandions le fédéralisme et les troupes ont tiré sur nous. Nous voulons maintenant une indépendance totale et inconditionnelle », clame la voix, dans un anglais impeccable. Celui de Mancho?

Ce n’est pas la première fois qu'il défie les tenants de l’ordre établi. En septembre 2016, des jeunes sous son instigation, avaient chassé des employés communaux travaillant avec des machettes du Commercial Avenue. Il demandait au Délégué du gouvernement de leur fournir un outillage moderne. Une rue porte désormais son nom à Nitop III Quarter, où il réside. Il se savait en sursis.

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