Crise dans la zone anglophone : ce que pensent les Camerounais de la zone francophone
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Crise dans la zone anglophone : ce que pensent les Camerounais de la zone francophone :: CAMEROON

Que disent le Camerounais lambda, les intellectuels, les corps des métiers etc. Enquête.

Ce qui se passe en ce moment dans les zones anglophones est d'une extrême gravité. Les élèves et les étudiants inscrits dans cette partie du Cameroun ne vont plus à l’école parce que des grévistes en ont voulu ainsi. Cela dure depuis plus de deux mois. Le gouvernement fait des pieds et des mains pour normaliser la situation. Sans succès pour le moment. Alors, que pensent les autres Camerounais notamment ceux de la zone francophone ? Maîtrisent-ils en profondeur cette crise qui s’enlise ? Sont-ils sensibles à cette situation ? Sont-ils solidaires aux grévistes ou alors militentils pour un retour à la normale ? Des questions qui sont difficiles à répondre de façon tranchée. Mais pour savoir les opinions du Camerounais lambda, il faut aller dans la rue ou on entend toute sorte de chose.

« Mon  frère qui est anglophone et qui ne l'est pas. Moi j’ai une licence en lettres bilingues obtenue à l’Université de Yaoundé I et j'ai fait toutes mes études dans le sous-système anglophone. Je ne connais pas Buea. Je suis allé à Bamenda une seule fois. Je suis né pourtant à l'Ouest. Qui suis-je ? Anglophone ? Oui. Puisque c’est ma langue de travail », explique ce jeune diplômé qui dit ne pas comprendre les revendications des grévistes. En fait, dans la suite de la discussion, on se rend bien compte qu'il a une idée approximative de la situation.

«Il faut comprendre que les anglophones disent haut ce que disent bas les autres Camerounais. Ils veulent avoir de l’eau, des routes, des hôpitaux. Quel est le Camerounais qui n’en a pas besoin. Je pense que ces revendications sont légitimes. Et puis quand le gouvernement va leur donner l'eau et les routes, il aura honte et va aussi donner à nous autres qui n’avons pas eu le courage de demander », espère ce chauffeur de taxi.

Le taxi, voilà un autre lieu où l'opinion publique se forme chez nous. Sur la route qui va de Nkolbisson au marché Mokolo,  des passagers d’un taxi ont failli en venir aux mains tellement le débat était houleux mercredi dernier. Tout part de la rentrée scolaire. Un parent sans qu'on ne lui demande explique que son enfant n'aime pas aller en classe. Il est obligé d’aller très souvent dans son école, vérifier s'il est venu ou non. « Il est anglophone ?», interroge un autre passager, l’air moqueur. Avant même que le parent ne réponde, le chauffeur baisse le volume de sa goumba congolaise et lance en riant : « À Bamenda, les enfants ont été forcés de rester à la maison. Ce n'est pas leur choix » dit-il.

« Aka. Qui peut forcer quelqu’un à rester à la maison ? La police ? », demande cette dame. Les discussions s’enchaînent. Arrivé à destination, le moins que l’on puisse dire, c’est que personne ne maîtrise ce qui se passe dans cette partie du Cameroun. Par contre, dans un autre taxi, cette fois la en ville, ses occupants semblent comprendre quelque chose dans cette crise. Ils condamnent en choeur le fait de bruler le drapeau national. « On peut tout faire mais de la brûler le drapeau national, c’est inadmissible », condamne Abakali, gendarme.

« C’est vrai chef. Le drapeau ce n'est pas pour Paul Biya. Mais ils veulent revenir à leur pays d’avant ? », Demande le taximan qui dit avoir appris que les anglophones avaient leur pays avant et que AHIDJO que ne leur demande de venir nous rejoindre ». C'est alors qu’un homme en costume réajuste sa cravate et dément l'information. Il a convoqué les faits historiques pour montrer que le Cameroun a toujours été un. « Mon frère, j'ai vu les vieux passeport à la télé. Ils disent que leurs pays s’appelle Amazonia. Ça existait avant. J’ai soeur qui me l'a dit. Elle enseigne la bas ».

L'homme en cravate finit par convaincre tout le monde que ce pays n'a jamais existé. Tout comme le drapeau. Une chose est certaine. Peu de Camerounais maîtrisent ce qui se passe en zone anglophone. Ils sont solidaires à certaines revendications telles que les services sociaux de base. Mais sur l'aspect institutionnel, à savoir le fédéralisme, la phagocytose du système anglophone, le Camerounais lambda francophone n'a que cure. À entendre certains, il y a même à craindre que cette situation finisse par agacer et peut être plus.

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