Mohamadou Bayero Fadil : "2017 doit être l’année du décollage industriel du Cameroun "
CAMEROUN :: POINT DE VUE

Mohamadou Bayero Fadil : "2017 doit être l’année du décollage industriel du Cameroun " :: CAMEROON

Entretien avec le Président du Groupe Fadil sur les grands moments qui ont ponctué 2016 et les défis de la nouvelle année.

Que vous laisse l’année 2016 qui relève désormais du passé ? Peut-on, en d’autres termes, dire que l’année qui vient de s’achever a comblé toutes vos attentes ?
Avant de répondre à vos questions permettez-moi, pour cette nouvelle année qui commence, d’avoir une pensée profonde pour tous nos compatriotes qui nous ont quittés dans des circonstances dramatiques. Je fais ici allusion aux victimes de la guerre contre le terrorisme, à celles de l’accident ferroviaire d’Eseka ; sans oublier tous ceux qui ont perdu la vie à la suite des imperfections d’une nature humaine dont nous ne maîtrisons toujours pas les contours. J’ose croire que 2017 nous épargnera de tous ces malheurs afin que les Camerounais se consacrent sur l’essentiel qui est leur bien-être de manière générale et le devenir de leur pays.

Ceci dit, pour revenir à votre question, vous vous souvenez que saisissant cette même tribune pour faire des projections par rapport à 2016, j’avais déclaré que notre pays, sous l’impulsion du Président Paul Biya, glanera de précieux points dans la lutte contre Boko Haram. Il est aujourd’hui évident que le groupe terroriste n’est plus que l’ombre de lui-même grâce aux actions militaires unifiées de tous les pays impliqués sur le théâtre des opérations. Sur ce point, je reste convaincu que 2017 sera l’année de la victoire finale contre cette nébuleuse acculée dans ses derniers retranchements.

J’avais également prédis, lors de cet entretien, que si les pays membres de l’Organisation des Pays Exportateurs du Pétrole ne revoyaient pas à la baisse leur quota de production au lendemain de la levée des sanctions économiques contre l’Iran,  les pays africains qui n’auront pas diversifié les sources de financement de leur économie seront confrontés à de sérieuses difficultés.

Le sommet qui vient de réunir à Yaoundé les chefs d’Etats des pays membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique centrale me donne entièrement raison. Avec un taux de croissance économique qui tourne autour de 1%, la Zone Cemac court tout droit vers la récession économique. Cette situation douloureuse a amené les gouvernements à recourir à des mesures drastiques pour redresser la barre ; notamment une politique fiscale plus agressive et une réorientation des dépenses de l’Etat. Le Cameroun quant à lui a la chance d’avoir une économie capable de résister à tous ces chocs pétroliers. Nous pouvons sortir du lot si nous mettons à profit toutes nos potentialités économiques.

Cette résilience s’est manifestée par un taux de croissance économique de plus de 5%, la création de nombreux emplois pour résorber le chômage et endiguer la pauvreté ; les derniers chiffres parlent de 300 000, la réalisation des projets structurants à l’instar de Lom Pangar, le deuxième pont sur le Wouri et le port de Kribi pour ne citer que ceux-là. Je pense que nous sommes sur la bonne voie.

En dépit de la corruption qui continue de plomber le climat des affaires ?
La lutte contre la corruption est une œuvre de longue haleine qui ne saurait être éradiquée par un coût de bâton magique. Le Président de la République, Son Excellence Paul Biya, en a fait son cheval de bataille en mettant sur pied une politique de neutralisation de ce fléau. L’Opération Epervier a fait ses preuves et le dernier rapport annuel de la commission nationale de lutte contre la corruption présente des progrès non négligeables même si l’Etat continue de perdre de l’argent ; 171 milliards de Fcfa selon les derniers chiffres publiés par la CONAC.

Nous devons tous avoir à l’esprit qu’il est difficile d’attirer les investisseurs étrangers dans un pays lorsque l’administration est laxiste et corrompue. Plus que par le passé, nous devons faire table rase de tous ces goulots d’étranglement qui plombent les réformes structurelles de notre économie. C’est la responsabilité des gestionnaires de crédits et des autres acteurs qui se trouvent dans les différentes chaines de décision. A cet effet, il serait souhaitable que les autres départements ministériels qui n’ont pas contribué aux activités de la CONAC puissent coopérer pour combattre ce fléau. Il y va de la crédibilité de notre administration.

A travers cette gestion participative, notre économie parviendra à relever tous les défis de la compétitivité avec l’apport des investisseurs étrangers. C’est une exigence incontournable à l’heure de la mondialisation et au moment où le Cameroun vient de ratifier les accords de partenariat économique avec l’Union Européenne.

Je saisis d’ailleurs la tribune qui m’est offerte ici pour présenter mes meilleurs vœux 2017 à tous les ministres en charge de l’Economie. Je leur souhaite beaucoup de courage afin qu’ils  puissent mettre en œuvre toutes les recommandations du Chef de l’Etat qui vont dans le sens de la stimulation de notre croissance économique.

Pour paraphraser le Président de la République, l’Etat doit jouer un rôle de régulateur et de facilitateur, voire d’investisseur dans certains domaines précis, et il appartient au secteur privé d’investir partout où existent des opportunités. Plus que par le passé, il s’agit de créer un environnement économique favorable à l’investissement afin de permettre aux opérateurs économiques, créateurs de richesses et d’emplois de jouer véritablement leur rôle pour le développement du Cameroun.

C’est la grande leçon à retenir du discours du 31 décembre 2016 qui fixe le cadre d’actions de tous les acteurs que sont le gouvernement et le Conseil Economique et Social,  les opérateurs économiques et les autres membres de la société civile.

L’année 2017 s’est douloureusement achevée avec les manifestations survenues dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Entrevoyez-vous un dénouement heureux de cette crise ?
Je me suis déjà exprimé sur cette question en condamnant la violence comme forme d’expression des revendications sociales. Il existe dans notre pays un cadre juridique et règlementaire pour poser des problèmes. Le gouvernement a ouvert les portes du dialogue et certaines mesures ont été prises pour répondre aux préoccupations de nos compatriotes d’expression anglophone.

C’est l’occasion pour moi ici de lancer une fois de plus un appel à l’endroit de tous ceux qui restent fermés à la discussion de revenir à de meilleurs sentiments en empruntant la voie de la négociation. Nous ne devons pas compromettre l’avenir de notre pays en remettant en cause les fondements de son histoire et en violant l’un des principes fondamentaux du droit à l’éducation.

Pour tout dire, les syndicats des enseignants d’expression anglaise doivent suivre l’exemple des avocats qui sont sortis de la logique de confrontation. Ils ont affronté le gouvernement sur la table des discussions et certaines de leurs revendications connaissent déjà un début de solution. Ceci prouve que le gouvernement prend au sérieux l’ensemble de ces doléances pour préserver la paix et l’unité du Cameroun qui reste un et indivisible.

Vous êtes également un opérateur économique à la tête d’un empire agro-industriel. En tant que capitaine d’industrie, que faut-il faire pour que le décollage industriel soit effectif au Cameroun en 2017 ?
Le plan directeur industriel doit définitivement prendre son envol pour installer le Cameroun dans la modernité économique. Nous devons à cet effet, identifier les filières industrielles qui sont porteuses sur la base de notre potentiel minier et agricole. Je pense notamment au secteur de la sidérurgie qui pourrait être l’effet déclencheur de ce décollage. Et pour y parvenir, l’Etat doit délivrer des licences aux nationaux pour l’exploitation des mines dans l’optique de la création des richesses et l’intégration dans la dynamique de développement en cours.  Etant signataire des accords internationaux, l’économie générera une plus-value considérable à travers la transformation sur place des minerais extraits de notre sous-sol. La stimulation en matière de croissance économique n’a pas de prix. Il faut prendre de gros risques. C’est pour cette raison qu’il faut saluer l’avènement de la banque des petites et moyennes entreprises. Cet autre chantier du Président Paul Biya permettra de bâtir dans la durée un Cameroun industriellement fort, doté d’unités de production qui mettront sur les marchés des produits de grande qualité en mesure d’affronter la concurrence internationale.

Le Groupe Fadil dont vous présidez les destinées est-il resté en phase avec cette dynamique tout au long d l’année qui vient de s’achever et quelles sont vos ambitions pour 2017 ?
Disons que nous essayons d’être performants dans tout ce que nous menons comme activités. Comme Groupe citoyen, nous ne travaillons pas seulement pour défendre nos intérêts. Les entreprises inscrites sur notre portefeuille apportent leur modeste contribution pour l’atteinte de l’émergence en 2035. C’est dans cet esprit républicain que nous avons bossé en 2016 et cela va se poursuivre cette année dans plusieurs secteurs d’activités qui englobe la savonnerie, l’huilerie, la détergenterie, le tourisme, l’hôtellerie, l’élevage, la communication, l’immobilier…

Notre objectif en 2016 était de nettoyer les éléments du passif pour restructurer notre dette bancaire et fiscale. Cette restructuration s’est faite à travers la liquidation des "actifs dormants". Ma plus grande satisfaction de 2016 est d’avoir également régler définitivement la dette envers la CNPS. Ce dénouement heureux permettra à tous les retraités d’être entièrement pris en charge et de jouir pleinement de leurs droits.

Un objectif entièrement atteint et qui nous permet aujourd’hui d’aborder 2017 avec sérénité. Nous allons beaucoup travailler pour essayer de trouver une solution définitive à nos dettes fiscales essentiellement dues à des malentendus créés volontairement par des esprits égarés étrangers des cercles de décision du ministère des Finances et qui s’apparentaient à un problème de personnes

La philosophie du Groupe que je dirige étant de faire toujours plus et mieux, après Pullman, nous allons continuer à explorer d’autres opportunités pour fidéliser une clientèle de plus en plus exigeante et consolider notre place de leader dans l’agro-industrie. C’est aussi une modeste contribution pour la réussite du programme socio-économique du Président Paul Biya

Lire aussi dans la rubrique POINT DE VUE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo