Revendications : Les évêques anglophones pour le fédéralisme
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Ils exposent leur vision dans un mémorandum adressé au président de la République.

Les évêques anglophones entrent en scène. Dans un mémorandum adressé au président de la république, Paul Biya, le 22 décembre 2016, la Conférence épiscopale provinciale de Bamenda (Bapec), présidée par Mgr Georges Nkuo, présente sa vision du problème dit anglophone. Le document de 12 pages présente d’entrée de jeu la situation insoutenable dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest depuis un mois, dressant les conséquences sur les plans éducatif, humain, matériel et social.

« Il y a eu violations des droits de l’Homme telles que démontré par les témoins oculaires et les images présentées dans les chaînes de télévision locales et dans les réseaux sociaux ». Les évêques déplorent la « fin prématurée du premier trimestre, au grand dam des élèves, étudiants, parents d’élèves et de l’administration judiciaire ». Et si le gouvernement et les grévistes n’arrivent pas à s’accorder, les écoles n’ouvriront pas les portes pour le 2ème trimestre.

« Cet atmosphère  est la conséquence d’un malaise profond des habitants de ces zones de notre nation », écrivent-ils. Le Bapec revendique la mission régalienne de l’Eglise, c’est-à-dire oeuvrer pour la paix et la consolidation sociale. « L’église n’est associée à aucun parti politique. Elle a pour mandat de proclamer le message de paix, de prôner la justice. L’Eglise travaille pour l’accomplissement du bien commun ».

Dans sa présentation de la situation, la conférence épiscopale fait un détour dans l’histoire par le truchement des dates saillantes. La conférence de Foumban du 11 février 1961 : pour les évêques, il y a eu un non-respect des procédures. « L’ébauche de la constitution de 1961 n’avait jamais été présenté à la Maison des chefs du Cameroun Occidental et à la Maison de l’Assemblée du Cameroun Occidental pour délibération afin d’être approuvée comme cela devrait être. En effet, cette constitution avait été signée par le président Ahidjo le 1er septembre 1961 en tant que président de la République du Cameroun, avant la naissance de la République fédérale du Cameroun ». Les évêques anglophones concluent : « Regardant dans le passé, de nombreux Anglophones pensent aujourd’hui être victimes d’une supercherie fomentée par le  président Ahidjo. »

Le gouvernement indexé

Les prélats dénoncent la légèreté du gouvernement. « Il est clair que le problème anglophone devrait être résolu s’il avait été bien géré. Le manque de méthode adéquate aurait sans doute jeté la poudre au feu. C’est quand même malheureux de noter que le gouvernement du Cameroun semble avoir essayé de nier l’existence du problème anglophone ».

La  conférence pointe du doigt les ministres qui entretiennent ce climat de doute permanent. « C’est quand même malheureux de noter que les ministres nient l’existence du problème anglophone dans les médias et lors des différentes sorties médiatiques ».

Allusion faite à Paul Atanga Nji, ministre chargé de mission à la présidence de la République. Les évêques déclinent le problème anglophone en 5 points parmi lesquels le non-respect des articles sur la sauvegarde de l’héritage du Cameroun Occidental lors de l’union en 1961, une gestion cavalière du referendum de 1972 qui a vidé la constitution de 1961 de son élément fondamentale, l’érosion de l’identité culturelle du Cameroun Occidental dont la constitution de 1961 se devait de protéger et de préserver pour une fédération biculturelle.

La conséquence a été la naissance de plusieurs groupes appelant à la sécession. On peut citer, entre autres, La ligue des jeunes du Cameroun occidental, le Conseil national du Cameroun occidental et le Mouvement d’Ambazonie. A propos de la marginalisation des Anglophones, les évêques écrivent : « Les anglophones se plaignent de ce que les concours d’entrée dans les grandes écoles qui forment les ressources humaines du pays sont tenues par le système francophone. Les chances d’entrer dans ces écoles sont maigres pour l’Anglophone. Aucun ministre n’occupe un poste ministériel dans le secteur de l’éducation. Les tribunaux militaires dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest sont simplement des tribunaux francophones (…)

Les administrateurs francophones  brillent par leur arrogance, par leur autoritarisme et traitent les autres comme des citoyens de seconde zone. Ils n’ont pas de respect pour la dignité de la personne humaine. Il est clair que la culture anglophone est sur le strapontin. Le Scnc et d’autres voix sécessionnistes visent à protéger cette identité héritée des Anglais. »

Les hommes d’Eglise terminent par des propositions et prônent le fédéralisme comme une voie de sortie de crise. « Le système fédéral permettra d’endiguer une fois pour toute cette question anglophone ». Les évêques invitent aussi l’Etat à mettre en place toutes les institutions prévues par la constitution, notamment la Cour constitutionnelle, la Cour administrative et la Cour des comptes.

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