Cameroun: L’UPC et la crise anglophone
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Cameroun: L’upc Et La Crise Anglophone :: Cameroon

Auteur en mai 1972 de la Déclaration de l’UPC condamnant le soi-disant Référendum d’Ahidjo du 20 mai 1972 qui abolissait la République Fédérale du Cameroun.
 
1. – Les origines de la crise

En mai 1972, moins d’un an et demi après l’exécution sur la place publique à Bafoussam du président du Comité Révolutionnaire (CR) de l’UPC Ernest Ouandié, il me revenait, comme membre du Comité Révolutionnaire (CR) de l’UPC en clandestinité et en exil, la lourde responsabilité de répondre à l’annonce par le président Ahmadou Ahidjo d’un Référendum mettant fin à la République Fédérale du Cameroun. A l’époque, on ne se disputait pas pour être dirigeant ou porte-parole de l’UPC qui ne connaissait pas de groupes, sans doute aussi parce que c’était aussi se désigner comme cible des services spéciaux français et des tueurs des services d’Ahidjo conduits par Fochivé.

La déclaration que je fis au nom de l’UPC dénonçait avec force cette mascarade de Référendum qui n’était qu’une simple annexion traduisant la volonté des néocolonialistes français de renforcer leurs positions dans notre pays en contrôlant l’exploitation du pétrole dont la découverte au large du Cameroun Occidental était encore un secret d’Etat. Ce pseudo-Référendum était en effet une violation flagrante des Accords de la Conférence de Foumban de 1961 qui créaient la République Fédérale du Cameroun, accord qui stipulait que ladite Fédération ne pouvait être modifiée que par consensus négocié. J’en déduisais que cette forfaiture, qui ne laissait aucune possibilité d’expression au peuple camerounais et notamment aux Camerounais anglophones, était vouée à l’échec tôt ou tard. La crise anglophone actuelle, n’est à notre sens, rien d’autre que l’échec prévu de la politique d’annexion lancée par Ahidjo et poursuivie systématiquement avec désinvolture par son successeur. Il s’agit donc d’une crise profonde qui ne saurait être réglée par de petites négociations sectorielles sous couvert de dialogue.
 
2.- La vraie solution de la crise

Pour peu qu’on veuille regarder la réalité en face au lieu de s’enfermer dans une politique de l’autruche pour « ne pas entendre parler de retour à la fédération » (et au nom de quoi vos aberrations politiques deviendraient-elle intangibles ?), la vraie solution de la crise actuelle consiste à donner la parole aux Camerounais anglophones ! Que librement dans une totale transparence, ils puissent dire ce qu’ils veulent : le statu quo actuel ou le retour à la Fédération ?
C’est pourquoi nous proposons un référendum conjointement organisé par Election Cameroun (ELECAM) et par l’Organisation des Nations-Unies (ONU) pour demander aux Camerounais anglophones dans le pays et à l’extérieur, que voulez-vous :
Le maintien du statu quo actuel ? (YES or NO) ou le retour à la Fédération (YES or NO).
En cas de victoire du YES au statu quo, et du non au retour à la Fédération, le régime pourrait engager ses négociations sectorielles pour calmer les sources de mécontentements.
En cas de victoire du YES au retour à la Fédération, et du non au statu quo, le président Biya démissionnerait et une élection conjointement organisée par ELECAM et l’ONU élirait un Président Fédéral qui organiserait une IIème Conférence de Foumban entre forces politiques francophones et anglophones, comme en 1961, Conférence qui adopterait une nouvelle Constitution Fédérale. 

3. – Le choix de l’impasse

Les appels au dialogue, à la non-violence et à la paix que le parti au pouvoir et ses alliés avancent comme solution à la crise actuelle, sont lourds d’hypocrisie et inadaptés à une situation qu’ils réduisent à des mécontentements sectoriels ou corporatistes. Chacun sait dans notre pays que ce sont les forces de l’ordre qui ont recours à la violence sur instructions de la hiérarchie, assurées de l’impunité pourvu qu’elles soient efficaces pour dissuader les manifestants. Lorsqu’il s’agit d’une situation qui dure depuis des décennies, il est probable que la répression et l’intimidation ne suffisent plus. La crispation du pouvoir contre le retour au fédéralisme, par orgueil et par honte de reconnaître l’échec d’une politique erronée ne pourra qu’aggraver la crise et faire le jeu des sécessionnistes aujourd’hui peu représentatifs mais qui pourraient gagner en importance si l’impasse politique perdure et si le régime persiste dans la violence pour étouffer des revendications légitimes.
 
4. – Les vraies positions de l’UPC

 Soutien total et encouragement aux manifestations pacifiques des populations anglophones violemment réprimées par le régime dictatorial de Paul Biya. Ces manifestations sont des revendications légitimes du retour au Fédéralisme de 1961 aboli par le coup d’Etat soi-disant « Référendum » du 20 Mai 1972 en violation flagrante des Accords de la Conférence de Foumban.
Condamnation sans réserve de la politique du régime Biya sur la politique nationale, caractérisée vis-à-vis des Anglophones par un mépris aggravé et un terrorisme d’Etat cautionné par quelques élites anglophones corrompues jusqu’à la moelle.
L’UPC dénonce les sécessionnistes anglophones, qui violent aussi brutalement le consensus de la Conférence de Foumban de 1961 qui fonda la République Fédérale du Cameroun que les dictateurs francophones : ils veulent livrer le Cameroun anglophone au néocolonialisme anglo-américain, en prônant la division de la patrie. Où étaient-ils quand Ahidjo lançait l’annexion en 1972 ? Où étaient-ils pendant la lutte de l’indépendance ? Ce ne sont ni des patriotes, ni des démocrates : ils veulent créer pour leurs intérêts personnels une nouvelle république bananière.

L’UPC dénonce avec force les groupes de partis politiques anglophones et francophones qui soutiennent la politique malsaine du régime au Cameroun Occidental sous le prétexte fallacieux e défendre l’unité du pays. Ceux qui inventent la théorie selon laquelle « l’UPC est contre le fédéralisme dans nos micro-Etats et pour le Fédéralisme dans l’Afrique Unie » cachent leur soutien à la politique du régime par un bricolage idéologique lourd d’incohérences et de contre-vérités. Le Cameroun n’était pas moins un « micro-Etat » en 1961 qu’aujourd’hui. Or l’UPC n’a jamais dénoncé la République Fédérale du Cameroun. Elle a au contraire contribué significativement à sa création et a dénoncé le coup d’Etat d’Ahidjo du 20 Mai 1972 qui l’abolissait.
L’UPC considère comme fallacieux l’argument de ceux qui disent que « la Fédération est trop chère » surtout lorsqu’un tel argument est avancé par ceux qui ont plongé le pays dans la corruption record dont ils n’arrivent pas à se sortir à cause de la non application de l’article 66 de la Constitution relatif à la Déclaration des biens, violé depuis vingt ans par le Chef de l’Etat lui-même contre qui nous avons porté plainte auprès de la Cour Suprême.
 
5-  Appel à la solidarité nationale !

La lutte de nos compatriotes anglophones pour le retour à la fédération est une partie intégrante de la lutte pour le changement démocratique dans notre pays. Elle mérite un vaste mouvement de solidarité qui doit s’exprimer avec force notamment :
Le 1er Janvier pour la célébration de la Fête Nationale à son jour véritable (1ère journée morte),
Le 15 Janvier pour un grand hommage au Héros National dont l’assassinat permit aux colonialistes français de pousser leurs hommes de mains à procéder à l’annexion du Cameroun Occidental,
Enfin le 20 mai, pour un boycott général de la forfaiture d’Ahidjo fêtée en lieu et place de la Fête Nationale.
 
Toutes les forces vives de la nation doivent exiger la solution démocratique et pacifique de la crise anglophone en réclamant avec force un REFERENDUM SUR LA QUESTION ANGLOPHONE ORGANISE PAR ELECAM ET L’ONU.
 Vive le Cameroun !
 Lolodorf, le 26 Décembre 2016

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