Terrorisme sur le continent africain: Mise en garde contre l’arrivée de «combattants» étrangers au Sahel
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AFRIQUE :: Terrorisme sur le continent africain: Mise en garde contre l’arrivée de «combattants» étrangers au Sahel

Le commissaire africain pour la sécurité et la paix, Smaïl Chergui, a mis en garde hier contre la convergence de milliers de combattants étrangers, ayant fui l’Irak et la Syrie, vers la région du Sahel. Intervenant à l’ouverture des travaux du Centre africain d’étude et de recherche sur le terrorisme, il a exhorté les Etats à un renforcement des capacités de lutte contre le terrorisme, un fléau transnational qui a causé la mort de 14 860 personnes en 2016 à travers 1651 attaques,  pour la plupart commises en Afrique.

Pour sa première sortie publique, le nouveau directeur du Centre africain d’étude et de recherche sur le terrorisme (Caert), l’ancien coordinateur des services de renseignement ghanéen Larry Gbavlo Lartey, a présidé hier l’ouverture, à Alger, de la 10e réunion annuelle des points focaux (du Caert), qui durant trois jours devra permettre d’analyser la situation sur le continent et de prévoir une meilleure coordination en matière de lutte contre le terrorisme, qui frappe de plein fouet de nombreux pays de la région. «La gravité de l’impact du terrorisme et son caractère transnational nous obligent à renforcer notre coopération pour aller vers des actions pratiques ayant pour objectif la lutte contre les sources de la violence et de l’extrémisme.

Il est également important de disposer d’une architecture politique contre le terrorisme efficace et efficiente, afin d’apporter les réponses au terrorisme, avec l’implication de l’ensemble de la société dans la mise en œuvre des stratégies nationales de lutte contre cette menace qui nous préoccupe tous», a déclaré M. Gbavlo Lartey, qui met l’accent sur la contribution du Caert dans les efforts de lutte.

Pour lui, les travaux de cette réunion «sont une occasion pour s’entendre sur ce qui est nécessaire à faire ensemble, pour discuter du mandat du Caert s’il faut le revoir pour rendre cet instrument plus efficace, pour débattre de la violence et de l’extrémisme religieux qui frappent certains pays africains, ainsi que les racines de ce fléau qu’il faudra combattre».

Le directeur du Caert a rappelé les différents ateliers organisés dans ce sens au Ghana, en Côte d’Ivoire et au Kenya avec des financements espagnols. Il s’est dit «très préoccupé» par la situation en Libye et met en garde contre «un phénomène émergent, lié à la prolifération de milices armées qui ont fait le choix de prendre les armes pour se défendre».

Plus alarmiste, Smaïl Chergui, commissaire africain pour la sécurité et la paix, plaide pour une approche commune de lutte contre ce fléau à travers l’échange rapide de renseignements et la coopération, afin de faire face au terrorisme et à l’extrémisme. «Durant l’année en cours, il y a eu 1651 attentats dans le monde qui ont fait 14 860 victimes.

Si ceux de Nice et de Paris, en France, ont été les plus médiatisés, d’autres, plus nombreux et plus violents, ont frappé des Etats africains sans être médiatisés. Aujourd’hui, le terrorisme a atteint un niveau inquiétant. Il a adopté une nouvelle stratégie, en agissant en groupuscules autonomes, notamment depuis les frappes aériennes contre les membres de l’Etat islamique (EI), en Irak.»

Les experts avancent «un nombre de 2000 à 2500 combattants étrangers ayant fui la région. Certains sont déjà signalés au Yémen et en Somalie», lance M. Chergui, en précisant qu’il «est fort probable» que ces contingents «convergent vers la région du Sahel», où le trafic de cigarettes, d’armes, de drogue, d’humains ainsi que la contrebande et le blanchiment d’argent sont des commerces florissants.

Il a exhorté l’assistance à un renforcement des instruments juridiques contre le financement du terrorisme afin de faire avancer les agendas de lutte en Afrique. «Le terrorisme est une menace transnationale. Aucun pays ne peut le vaincre seul. Il est important de faciliter l’échange d’informations à travers les différents processus mis en œuvre, citant celui de Nouakchott, de faciliter l’utilisation du système de communication sécurisée et de maîtriser la lutte contre la cybercriminalité».

Le commissaire africain a annoncé «la mise en action prochaine d’Afripol, dont le siège est à Alger, et espère que les travaux de la réunion permettent de tirer les enseignements pour présenter des réponses efficaces de lutte» tout en rendant hommage au Niger «qui consent des efforts gigantesques pour sécuriser ses frontières mais aussi les nôtres», ainsi que celles du Mali.

Abondant dans le même sens, Amar Rabhi, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, estime que «la sécurité du Sahel est une partie intégrante de la sécurité régionale et internationale. Sa préservation interpelle les pays de la région qui doivent conjuguer leurs efforts dans le cadre du respect de la souveraineté, l’indépendance, l’unité et les choix librement exprimés des pays».

Ce responsable relève «l’importance» des efforts bilatéraux, régionaux et internationaux «visant à créer des plateformes de coopération judiciaire, de sécurité et d’échange d’expériences, d’informations et de bonnes pratiques dans la lutte contre ce fléau». Et de rappeler la «contribution» de l’Algérie qui, selon lui, «déploie d’importants efforts et mobilise d’énormes ressources pour sécuriser ses frontières et lutter contre les résidus du terrorisme sur son territoire, entretient des relations avec certains pays voisins et ne ménage aucun effort pour renforcer la coopération régionale contre la menace terroriste».

Pour M. Rabhi, l’Algérie «mesure l’importance des efforts, qui doivent continuer d’être consentis inlassablement à l’échelle internationale, régionale et nationale, en vue de s’adapter pour mieux combattre le phénomène de radicalisation, d’extrémisme violent ainsi que la menace des terroristes étrangers. La mise en place du mécanisme Caert par l’Union africaine atteste de l’urgence de renforcer la coopération régionale dans ce domaine et l’adoption de recommandations concrètes visant à lutter contre la menace terroriste».

A signaler enfin, que les travaux de cette réunion qui regroupe les représentants de l’ensemble des services de lutte contre le terrorisme du continent africain, permettront «de renforcer et d’améliorer la coordination en matière de lutte et de déterminer les voies à prendre pour faire progresser les objectifs de lutte contre cette menace. En plus des Africains, des experts internationaux sont invités part à ces travaux, dont les thèmes retenus ont trait à l’architecture de la sécurité nationale, du mécanisme antiterroriste» et la coopération antiterroriste, ainsi qu’à des solutions pour améliorer la coopération et la riposte contre le terrorisme.

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