Plein feu sur l’actualité politique camerounaise avec le macro économiste Thierry Amougou
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Plein feu sur l’actualité politique camerounaise avec le macro économiste Thierry Amougou :: CAMEROON

Camer.be et Afrikactuelle.com ont rencontré et posé leurs questions à Thierry Amougou, macro économiste hétérodoxe à l’université catholique de Louvain, évaluateur certifié des politiques public, écrivain, fondateur et animateur du CRESPOL. Cet esprit libre et inspiré partage ci-dessous son regard sur le Cameroun.Lisez plutôt.

Bonjour Thierry Amougou. Vous êtes devenu silencieux depuis quelques temps alors que l'actualité est brûlante au Cameroun...

Bonjour à tous et à toutes. Bonnes fêtes de fin d’année 2016 par anticipation. Je ne pense pas être silencieux. J’ai réagi par un texte éclairant les contours philosophiques, politiques et sociaux de l’actualité brûlante dont vous parlez à Buéa et à Bamenda. Je donne mon avis quand l’actualité l’exige et surtout quand un sujet mérite une réaction, ce qui n’est pas toujours le cas tellement la médiocrité des actes de nos régimes suffit comme peine à leurs auteurs. Par conséquent, la relative absence que vous évoquez peut tenir au fait que la culture de l’évènement qui nous baigne remplace parfois la réflexion lente et profonde qui me caractérise en tant que professeur d’université et chercheur. Je suis actuellement en pleine rédaction d’ouvrages sur des thèmes multiples et variés, occupation qui exige qu’on sorte de la frivolité et de la volatilité de l’événementiel ambiant afin de saisir les tendances lourdes liées aux structures sous-jacentes qui portent les évènements. Je suis donc là, en surface quand il le faut, mais surtout derrière les évènements pour saisir leurs ressorts cachés au grand public de peur qu’on ne devienne tous des génies de surface.

Le débat qui enflamme actuellement l'actualité au Cameroun, c'est le retour de la partie anglophone du pays au fédéralisme. D'autres langues, les plus dures parlent d'une sécession. Qu'en pensez-vous ?

Cette question nécessite un long développement car mon avis nécessite d’être éclairé.

En dehors de ce que vous appelez « la partie anglophone du pays », ceux des compatriotes qu’on appelle « Anglophones » par abus de langage, sont des Camerounais présents dans toutes les zones du Cameroun où ils travaillent et vivent avec femmes et enfants. En termes de mode d’expression et de communication, l’anglais populaire, c'est-à-dire « le pidgin », peut être considéré comme la première langue officielle camerounaise car tous les Camerounais le causent dans nos villes, nos villages et nos marchés populaires. Cela fait de l’anglais un patrimoine national car c’est cette langue qui irrigue abondamment « le pidgin », un lien indéfectible entre tous les Camerounais. Cela est un atout économique fondamental car un tel mode de communication fait réseau et permet une réduction des coûts de transactions et des asymétries d’informations en affaires et dans les échanges économiques. Le « pidgin » joue aussi un rôle d’intégration nationale car un mode d’expression intègre et coud des liens entre ceux qui l’utilisent. Vous constatez dès lors que ce que vous appelez « la partie anglophone » et ce qu’on peut appeler en suivant la même logique « la partie francophone » du pays n’ont pas de sens l’une sans l’autre. Non seulement une partie fait sens grâce à l’autre, mais aussi elles font finalement une seule partie dans la mesure où elles sont interpénétrées et interconnectées par des hommes, des femmes, des modes d’expression conjoints et des pratiques économiques partagées. 

Les limites sociales, géographiques, politiques et langagières de « la région anglophone » et « la région francophone » ne sont donc pas tangibles parce que entremêlées au moins depuis la réunification du pays. Le terme réunification signale déjà que l’unification du peuple appelé aujourd’hui Camerounais a préexistée avant la division coloniale et que la réunification n’est qu’un retour à la norme des choses.

Il va sans dire que le Français et l’Anglais, langues coloniales, ne sont qu’un aspect de l’identité de Camerounais et de Camerounaise, étant donné le caractère complexe, composite et dynamique de nos identités où des dimensions précoloniales, coloniales et postcoloniales se superposent, s’entrecroisent et entrent parfois en hybridation. Une identité est toujours quelque chose qui est en devenir malgré sa mémoire du passé et son vécu du présent. Ceux qui évoquent les différences non conciliables entre « l’homme anglophone » d’un côté et « l’homme francophone » de l’autre, se trompent de débat car il s’agit d’un enrobement identitaire d’un problème politique. C’est sur celui-ci qu’il faut se focaliser car les identités grondent et redeviennent des recours pour certains de nos compatriotes lorsque le projet politique commun a fait faillite et ne satisfait plus tout le monde.

Cela dit, construire non un simple vivre ensemble, mais un vivre ensemble harmonieux entre tous les Camerounais, exige une nouvelle éthique politique. Celle-ci ne peut être le fédéralisme qui à mon sens est une régression politique et un signal négatif dans la construction de la nation, ni la sécession car elle signifie toujours la guerre ouverte aucun Etat au monde n’acceptant une sécession sans que ceux qui la revendiquent ne la conquièrent eux-mêmes par la force des armes. Le fédéralisme brandit comme sésame par certains est en plus un terme bateau car il y a plusieurs formes de fédéralismes aux implications différentes.

Je pense pour finir que revendiquer un meilleur service public, revendiquer de meilleures universités, de meilleures écoles, de meilleures routes, de meilleurs chemins de fer, de meilleures postes et banques et de meilleurs hôpitaux est une préoccupation rencontrées chez tous les Camerounais. Les satisfaire est la seule façon de faire disparaître le raidissement identitaire comme solution à des carences dont souffrent tous les Camerounais. Dans l’un des ses multiples discours, Paul Biya avait dit que « le Cameroun sera uni ou ne le sera pas ». S’il pense que le Cameroun sera uni et doit l’être pour toujours, alors il doit éviter d’arriver à Bamenda et à Buéa comme l’Anglais Hewett personnage historique connu à Douala sous le nom ironique de « too late consul ». Les Camerounais ne lui pardonneront jamais d’être le too late président !

La violence observée sur le terrain laisse penser que les plaies sont profondes ?

L’Etat comme organisation de la vie en société est un instrument de gestion de la violence car l’homme est un animal violent. Or l’Etat est une construction politique, c'est-à-dire, comme toutes les constructions politiques, une recherche des voies et moyens de gérer la violence des rapports humains. Les pays dits développés évacuent cette violence à la fois via le débat démocratique où elle prend une autre forme, et dans la concurrence économique où des intérêts communs diminuent l’attrait pour la guerre : c’est le cas de la construction des grands ensembles comme l’UE. Autrement dit, un Etat doit apaiser ses citoyens, il ne doit pas leur faire peur. Quand nous sommes en danger et que nous voyons arriver un militaire, un policier, ou un gendarme camerounais, nous devons retrouver le sourire et la sérénité. Cela n’est le cas ni à Bamenda ni à Buéa où de jeunes Camerounais prennent leurs jambes à leur cou dès l’apparition d’une force de l’ordre. Cela marque une rupture de confiance totale et très grave entre l’Etat, ses représentants et les populations camerounaises : l’Etat devient la Némésis des populations.

Je ne pense donc pas qu’on observe de la violence parce que les plaies sont profondes mais parce que le régime a depuis toujours choisi la répression violente comme seule réponse aux revendications des Camerounais. 

Alors que des forces de l’ordre devraient encadrer ceux qui manifestent et, le cas échéant, neutraliser par de multiples moyens modernes ceux des manifestants qui semblent dangereux, elles tirent à balles réelles sur les Camerounais et les Camerounaises. Cela a déjà été le cas en février 2008 où ceux qui manifestaient contre la modification de la Constitution ont été purement et simplement abattus et expédiés en prison pour les plus chanceux. Laisser les forces de l’ordre camerounaises tirer à balles réelles sur d’autres Camerounais, laisser des forces de l’ordre rouler dans des eaux usées d’autres Camerounais et laisser se rependre l’humiliation des citoyens par des pratiques abjects et ignobles, a au moins trois conséquences.

D’abord une rupture de confiance entre nos hommes en tenue et les populations camerounaises au moment où le pays est face à Boko Haram et doit compter sur un soutien sans faille de toutes ses populations.

Ensuite, un épaississement des griefs brandis contre le régime.

Enfin, une transformation des Camerounais bastonnés et humiliés en « vaincus radicaux ». C'est-à-dire en Camerounais prêts à intégrer des mouvements intégristes et radicaux comme Boko Haram pour se venger. La violence qu’a choisie le Renouveau National comme réponse aux revendications politiques des Camerounais met le Cameroun dans une position délicate où il est pris en tenaille entre Boko Haram d’un côté et les sécessionnistes anglophones de l’autre avec la sombre hypothèse plausible que ces deux mouvements fassent cause commune et tâche d’huile dans le pays.

Pensez-vous que le pouvoir en place a pêché dans la résolution de ces revendications qui ne datent pas d'aujourd'hui ?

Construire une nation n’est pas facile. Cela exige de l’excellence politique en permanence car c’est une œuvre difficile et sans repos. Une dictature politique y arrive moins facilement qu’une démocratie car c’est une tâche qui demande de la souplesse, de la concertation et du débat afin d’aboutir aux meilleures solutions qu’on ne peut trouver tout seul dans sa tour d’ivoire. Ce que vous désignez par « plaies profondes » ou « revendications anglophones » n’a jamais bénéficié d’un traitement d’inspiration démocratique mais toujours d’inspiration dictatoriale depuis 1960. Les problèmes sont donc restés intacts parce que les pouvoirs ont travaillé pour leur stabilité et non pour résoudre les problèmes des Camerounais.

Cela dit, en dehors de l’exercice de la violence légitime comme seule réponse dont nous constatons les limites, d’autres solutions, les unes aussi médiocres et politiciennes que les autres ont été utilisées depuis toujours. Une d’elles a consisté à distribuer des postes gouvernementaux et à confier des hautes responsabilités à des Camerounais d’expression anglaise en considérant ces élites anglophones comme des têtes de pont qui vont assurer l’étouffement des revendications de leurs régions d’origine. C’est la stratégie Ahidjo-John Ngu Foncha.

Une autre pseudo-solution a consisté à confier d’office un poste stratégique à un Camerounais dit anglophone. Cela a été le cas de l’Assemblée Nationale camerounaise devenue la Chasse gardée des Anglophones. C’est la stratégie Biya/Salomon Tandem Muna.

Enfin la dernière stratégie qui a laissé les problèmes intacts comme les premières revient à se partager le pouvoir politique en faisant du premier ministre un « Anglophone ». C’est la stratégie du « politic na njangui » entre Biya et Simon Achidi Achu.

Toutes ces stratégies clientélistes n’ont jamais été orientées vers la résolution politique des revendications collectives des compatriotes d’expression anglaise mais vers leur endiguement par des montages opportunistes et conjoncturels entre le chef de l’Etat et certaines élites anglophones invitées à la mangeoire du « pays organisateur ». Conséquence, des individus et leurs familles ont tiré leur épingle du jeu mais les populations anglophones sont restées au bord de la rue.

Comment pensez vous qu'on puisse sortir de cette crise ?

Je vous l’ai signalé, le fédéralisme est non seulement un mot fourre-tout, mais aussi une régression dans l’évolution politique du pays. Le SDF qui fait échos à cette revendication est irresponsable car il veut juste récupérer le mouvement en versant dans le populisme. La sécession quant à elle ne peut passer que par la guerre car il est de l’ADN d’un Etat de ne céder une partie de son territoire que via une guerre qui l’y contraint. Fédéralisme et sécession ne sont donc pas des solutions à envisager car elles sont sans avenir. Je pense par ailleurs qu’un micro-Etat anglophone ne sera d’aucune viabilité et risque une absorbation par le Nigéria si cela n’est pas déjà un projet caché par ceux qui veulent la sécession. Le pays doit donc se doter d’une armée digne de ce nom car les sécessionnistes peuvent faire alliances avec un Etat externe pour défendre leur cause.

Outre cette dimension qui consiste à renforcer la force de défense de l’intégrité territoriale, je pense que régler ce qu’on appelle « la question anglophone » trouvera sa solution dans une évolution globale des institutions camerounaises vers plus de décentralisation. Je parle d’une décentralisation à la fois démocratique, solidaire et compétitive.

L’expression libre de la richesse des multiples identités particulières qui constituent l’anthologie de la culture camerounaise et leur transformation en patrimoine national ne peuvent se faire que via une démocratie profonde s’enracinant localement dans les régions camerounaises. Raison pour laquelle la décentralisation doit être démocratique afin qu’elle soit le rapport réelle entre des identités, des expériences de vie, des subjectivités et des institutions. Elle doit être solidaire parce que des solidarités dans tous les domaines et notamment celui de la répartition des ressources économiques et de la sécurité doivent être garanties entre toutes les régions camerounaises. Enfin, cette décentralisation doit être compétitive afin de créer une émulation positive entre les régions à travers une architecture institutionnelle encourageant le mieux disant économiquement, socialement et politiquement dans les régions.

A travers une telle décentralisation les problèmes de normes et de langues évoquées par certains compatriotes anglophones vont disparaître immédiatement car la décentralisation doit donner le pouvoir aux régions de s’organiser de façon particulière dans le cadre d’une loi nationale adaptée à cette flexibilité organisationnelle. Les pouvoirs centraux qui se succèdent au Cameroun sont inefficaces parce qu’ils ont tous les pouvoirs et aucun compte à rendre. La décentralisation compétitive, démocratique et solidaire va diminuer ces pouvoirs centraux en donnant plus de responsabilités aux régions. En plus elles rendront des comptes aux populations via la démocratie. Le pouvoir ne peut s’améliorer dans sa gouvernance au Cameroun que s’il devient une patate chaude pour quiconque l’exerce sans tenir compte des aspirations des populations.

C’est également cette décentralisation démocratique, solidaire et compétitive la meilleure arme de long terme contre Boko Haram à l’extrême Nord car ces zones-là ont besoin d’un développement économique et social dont l’absence alimente le discours de Boko Haram. Il faut donner le pouvoir aux régions afin qu’elle organise le développement de celles-ci et ainsi celui du Cameroun tout entier.

Dans votre livre, Le BIYAÏSME, le Cameroun au piège de la médiocrité politique, de la libido accumulative et de la (dé)civilisation des mœurs, vous évoquez des scènes de laxisme du pouvoir de Monsieur Biya face aux revendications sociales au Cameroun. Quelle est l’ampleur de la responsabilité du chef de l'Etat camerounais ?

Nous avons un régime présidentiel à la française où le président de la République a un pouvoir total. Sa responsabilité est donc aussi totale en bien comme en mal dans tous les domaines de la vie camerounaise depuis 1982. Je pense qu’un Cameroun démocratique nécessite une diminution de ce pouvoir présidentiel au profit des régions, cela rendra ce pouvoir plus utile aux populations au lieu de le laisser entre des mains qui en tombent tellement il est grand. Je suis donc pour une réforme de ce régime présidentiel pour protéger à la fois le Président de la République des abus de pouvoir et les Camerounais des conséquences néfastes de ceux-ci.

Cependant, une lecture attentive de mon livre montre que « le Biyaïsme » est un système de gouvernance qui se décline de plusieurs manières dont la dimension historique intègre aussi le premier régime camerounais et ses ramifications externes. Il s’agit d’une critique radicale et constructive du Renouveau National. Radicale car elle prend le mal à la racine et constructive parce qu’elle fait une trentaine de propositions après le diagnostic. La critique, criminalisée au Cameroun, participe à la construction d’un pays car elle montre ses travers et propose des alternatives. C’est dans cette optique que je me situe car écouter toutes idées mène aux meilleures solutions.

Si donc « le Biyaïsme » est un système de gouvernance alors les responsabilités sont aussi collectives parce que c’est un ensemble d’hommes, de femmes, d’institutions et leurs dynamiques qui font ce système. Le système ne dédouane personne de sa responsabilité individuelle. C’est pourquoi je pense que Paul Biya est, dans mes analyses responsables fondamentalement de ce qui suit :

Premièrement la défaite morale et éthique dans laquelle est inscrite la nation camerounaise alors que son régime avait promis une rigueur dans la gestion et une moralisation des comportements. Le pays fait l’expérience de tout le contraire de cela après 34 ans de Renouveau National. C’est un héritage dont il sera très difficile de sortir car l’Etat et ses biens sont plus que jamais les meilleurs canaux d’enrichissement personnel.

Deuxièmement le déni de réalité de l’échec de son projet pour le libéralisme communautaire. Nous sommes des hommes, donc pas obligés de réussir. C’est important de reconnaître qu’on a pas su ou pu faire ce qu’on voulait faire après plus d’un quart de siècle au pouvoir. Cela n’est pas le cas du régime qui semble être dans une séance de rattrapage via des condamnations tous azimuts sans que la défaite morale et éthique ne prenne fin car les détournements continuent de plus belle.

Troisièmement, une fois la défaite morale et éthique consommée et le déni de réalité érigé en mode comportemental, conserver le pouvoir exécutif à vie est désormais le seul projet pour le pays. D’où un pays immobilisé dans une drôle de gouvernance où aucune innovation ne pointe le bout du nez en matière de projet politique parce qu’on observe ce que « le Boss » va faire.

Quatrièmement le régime se caractérise par le mépris que le chef de l’Etat a de la douleur des populations camerounaises. Aucun hommage ni aux soldats tombés au front contre Boko Haram, ni aux Camerounais morts dernièrement dans le déraillement du train à Eséka. Ailleurs, des présidents et des premiers ministres se rendent en bottes dans les quartiers inondés ou ayant subi un tremblement de terre. Ces visites ne mettent fin ni aux souffrances et ni aux accidents. Elles témoignent cependant de leaders politiques qui veulent soutenir moralement leurs populations dans les moments difficiles. Au Cameroun rien de pareille, ce sont des choses indignes d’un chef d’Etat. On dirait que le chef de l’Etat camerounais considère la mort et la souffrance du peuple camerounais comme des maladies transmissibles à fuir comme la peste.

Cinquièmement, les crimes des forces de l’ordre camerounaises. En tant que chefs des armées, le fait que les forces de l’ordre du pays tuent d’autres Camerounais et ne soient jamais traduites en justice, montre aussi le mépris que le Renouveau a pour la vie des populations camerounaises. En février 2008 des centaines de jeunes camerounais ont été tués et personne n’a été traduit en justice pour répondre de ces morts. D’où une « Bokoharamisation de l’Etat camerounais » au sens où ce n’est plus un Etat protecteur des Camerounais mais propagateur, à l’instar de Boko Haram, de peur, de terreur et de mort au sein des populations camerounaises.

Où va le Renouveau National ? Où va le Cameroun actuellement ?

Le pays est dans un temps mort politique en termes d’innovations, de renouvellement de la classe politique et de propositions alternatives. Ce sont les annonces des séjours du président à l’étranger, les annonces de ses retours au Cameroun, les annonces de nouvelles arrestations dans le cadre de l’opération épervier ou encore des évènements catastrophes comme le récent accident de train à Eséka qui meublent cet espace politique vide. Nul ne sait de quoi demain sera fait car le champ politique camerounais n’est pas tourné vers l’avenir mais vers la gestion des déficits de gouvernance de 34 ans de pouvoir du régime en place (détournements de deniers publics, privatisation mal ficelées, Boko Haram, problème anglophone…).

Le besoin stratégique de continuer à faire illusion d’une dynamique nationale de développement a consisté à lancer un projet d’émergence du Cameroun en 2035 alors que les Camerounais de Yaoundé, de Douala et de l’extrême nord ont à peine accès à l’électricité et l’eau potable de manière continue. Avec dans nos grandes villes des routes aux crevasses aussi profondes qu’une tombe l’émergence en question est une usine à gaz supplémentaire du Renouveau National.

Une autre façon d’occuper le vide est d’ergoter et de gloser sur la banalité de l’actualité politique du Cameroun. C’est le cas du désormais « Chantalisme » suite au doctoral honoris causa attribué à la première dame sans savoir si un doctorat honoris causa fait une doctrine politique. C’est l’obséquiosité des salutations à la culbute de Bidoung MKpatt comme marque d’asservissement volontaire. Telle est la nature du pouvoir de Yaoundé, un pouvoir où les individus sont prêts à servir de paillasson à Paul Biya pour leurs intérêts personnels au détriment des objectifs collectifs. Ceux qui se mettent à genoux pour saluer leur président rêvent aussi d’un peuple camerounais à genoux devant eux. Celui-ci l’a compris et le refuse comme en témoigne la risée que Bidoung MKpatt est devenu dans les réseaux sociaux à travers le monde.

 

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