Violences de Bamenda : Quand Tchiroma félicite Fru Ndi
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Selon le ministre de la Communication, le Chairman du Sdf est un homme d’Etat qui travaille pour le retour au calme.

Le Sdf et le pouvoir de Yaoundé travaillent-ils main dans la main en ces temps de revendications anglophones marquées par des scènes de violences dont le paroxysme a été atteint à Bamenda jeudi dernier, 8 décembre 2016. Au lendemain de cette triste journée, le ministre de la Communication, au cours d’une conférence de presse, a déclaré : « le Chairman du Sdf est un homme d’Etat. Il ne peut pas envoyer ses militants dans la rue. »

Issa Tchiroma Bakary a d’abord rassuré que le calme revient progressivement à Bamenda car, « il y a des hommes politiques qui sont des hommes d’Etat, qui travaillent pour calmer la situation ». A bien le comprendre, Ni John Fru Ndi fait partie de ces « hommes d’Etat » sur qui le pouvoir de Yaoundé peut compter pour gérer la crise dans les deux régions anglophones.

A bien comprendre également le porte-parole du gouvernement, le Chairman du Sdf n’a rien à voir avec ceux qu’il appelle les « pêcheurs en eaux troubles, réfractaires au dialogue et à la concertation, tapis dans l’ombre, qui manipulent allègrement les populations et notamment les jeunes, pour des desseins inavoués. » Tenir ainsi l’encensoir pousse à se demander les bases sur lesquelles le gouvernement et John Fru Ndi pourraient travailler pour un retour au calme. La question mérite d’être posée, sachant que le Sdf et le pouvoir de Yaoundé ont jusqu’ici affiché des points de divergence.

En  effet, depuis le déclenchement de la crise, le Sdf de Fru Ndi a ressorti l’un des points clés de son programme politique, à savoir l’instauration du fédéralisme au Cameroun. Or le sujet a été déclaré tabou par le gouvernement. Et Issa Tchiroma Bakary a réitéré cette position au cours de sa conférence de presse du 10 décembre dernier, expliquant que la revendication portant sur le retour au fédéralisme est « en total déphasage avec le principe fondateur de notre République qu’est notre unité nationale. »

Par ailleurs, alors que le même ministre Tchiroma et d’autres membres du gouvernement ont déclaré qu’il n’existe pas de problème anglophone, John Fru Ndi a affirmé le contraire. « Le problème anglophone  est réel au Cameroun », a-t-il déclaré au lendemain des premiers affrontements à Bamenda, le 21 novembre dernier. Et selon le Sdf, la montée de violence est le fait de la répression orchestrée par les forces du maintien de l’ordre envoyée à Bamenda par le pouvoir de Yaoundé. Le chairman s’est d’ailleurs plaint d’avoir reçu chez lui, à Ntarikon, des gaz lacrymogènes lancés par les forces de sécurité. Le gouverneur de la région du Nord-Ouest, Adolphe Lele Lafrique, a dû venir personnellement présenter des excuses.

Au-delà des apparences

Dans cet acte du gouverneur, il n’était pas exclu de voir le présage que le gouvernement et le Sdf puissent travailler ensemble au-delà de leurs divergences de principe. L’objectif étant de canaliser la contestation afin de que celles-ci ne dégénèrent pas. Allez donc savoir pourquoi le Sdf a tenu un meeting à Bamenda puis un autre à Buea, avec l’accompagnement des forces de sécurité, en plus des autorisations délivrées par une administration réputée pour ses interdictions sous le prétexte de la menace à l’ordre public.

Chacun des deux meetings du Sdf a d’ailleurs été suivi par une réunion de travail avec les autorités administratives. Au-delà du fait que le porteparole du gouvernement adresse des félicitations au chairman du Sdf, il y a la question sous-jacente sur les enjeux des transactions politiques qui pourraient exister entre le pouvoir de Yaoundé et le principal parti d’opposition qui est aussi une force politique indéniable dans les régions anglophones du pays. « Tout est question de marchandage politique. Si le Sdf doit aider le pouvoir à canaliser la colère des Anglophones, c’est aussi l’occasion pour ce parti d’obtenir plus de ce pouvoir », explique le socio-politiste Mathias Eric Owona Nguini.

Pour l’heure, il n’y a ni rapprochement ni discussion avec le pouvoir sur la crise en cours dans les régions anglophones, confie le premier vice-président du Sdf, Joshua Osih. Il précise que le Sdf est partout où il y a des injustices. « Nous sommes sur le terrain à Bamenda car, il manque un leadership politique. Nous sommes une force de l’opposition et ne feront pas le travail du gouvernement à sa place. Ce travail c’est le retour au calme. Or le pouvoir de Yaoundé ne travaille pas dans ce sens », explique ce haut cadre du Sdf. Toutefois, il n’exclut pas que le Sdf puisse apporter une expertise en cas de sollicitation. « Le gouvernement peut consulter notre programme politique et s’il ne comprend pas, nous pourrons toujours lui apporter des éclairages », soutient Joshua Osih. Il termine en se félicitant de ce que « le ministre Tchiroma, un ancien opposant, voit en Fru Ndi un homme d’Etat. »

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