Morsures de serpents : le sérum antivenimeux se fait rare
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Principale explication : le produit coûte cher et se périme vite.

La semaine dernière, Christian E. a vécu de grands moments de frayeur après une morsure de serpent au pied. Le garrot placé, il a été très vite conduit dans un hôpital de la place pour les soins appropriés. Le parcours du combattant venait de commencer pour lui. D’abord dans cette formation sanitaire, comme dans toutes les autres qui vont suivre. Rien non plus dans les pharmacies de la capitale. Une « pierre noire » est tout de même placée sur la morsure  pour capitaliser les chances d’absorption du venin, après saignée du malade. Une alerte quasi-nationale est lancée pour le sérum antivenimeux. C’est finalement à Sangmélima, où le produit est trouvé, que le patient sera rapidement conduit.

Le reporter de CT refait le tour des officines de Yaoundé quelques jours après. Toujours pas de sérum antivenimeux. Au centre international de vaccination, la réponse est formelle : « Le vaccin contre le venin n’existe pas. Et du coup, cela n’entre pas dans notre protocole. Nous n’avons jamais administré ce sérum ici non plus. Rendez-vous dans les hôpitaux et les pharmacies ».  Cap sur une pharmacie au quartier Briqueterie. Une vendeuse propose le « Venimex » comme substitution provisoire, en précisant toutefois que le produit est efficace seulement quand le patient vient d’être mordu. En même temps, la dame se bat pour retrouver dans son répertoire, la pharmacie qui dispose du sérum recherché. « Ça y est, vous en trouverez à Sap, situé derrière Les Brasseries», renseigne-t-elle, un sourire aux lèvres. « Il faut prévoir 50 975 F », précise cependant la dame.

Sur les causes de cette pénurie, un pharmacien avoue que le sérum antivenimeux se périme très vite (douze mois après la fabrication) et la demande n’est pas forte. En considérant le prix, l’argument peut se justifier. Sauf qu’une pharmacie n’est pas un commerce ordinaire où le gain est l’objectif primordial. Le Centre Pasteur du Cameroun dispose du sérum antivenimeux. Mais ici aussi, le prix de l’unité n’est pas à la portée du grand nombre : 72 300 F ! L’Etat subventionne néanmoins ce produit. D’où la baisse des coûts dans certaines pharmacies.


Dr. Christophe Ampoam: «  Les coûts sont assez élevés »

Les explications du vice-président de l’Ordre des pharmaciens du Cameroun.

Des sources expliquent que le sérum antivenimeux est très peu demandé, coûteux et  périssable. Est-ce pour cela que les pharmaciens n’en proposent pas aux clients ?
Le pharmacien, qu’il soit fabricant, distributeur ou dispensateur, a essentiellement une obligation de moyens. Il est donc tenu par son code de déontologie à faire tout ce qui est en son pouvoir pour rendre disponibles les médicaments et les autres produits de santé.

En dépit du pouvoir économique et des contraintes de gestion, certains produits essentiels doivent être mis en place quel que soit leur coût à partir du moment où ils peuvent sauver une vie. Il ne s’agit donc pas pour le pharmacien d’officine, notamment, de ne pas détenir un produit parce qu’il coûte cher ou qu’il est très périssable, mais  parce qu’il fait partie des protocoles de soins

Pourquoi ce produit coûte-t-il si cher?
Il faudrait comprendre que la recherche le développement et la formulation d’un produit pharmaceutique nécessitent des moyens très important. En ce qui concerne le sérum antivenimeux, il faut souligner qu’il y a une variété de venins de serpent différents et que chaque sérum devrait être spécifique à ces différents venins ce qui fait que chaque sérum est quasiment un produit spécifique et non une copie générique. Les coûts sont donc assez élevés. Si vous y ajoutez les contraintes liées à la préservation de la chaîne de froid, vous arrivez à des investissements importants.

Entre le moment de la morsure, l'arrivée dans un hôpital agréé et l'évaluation du cas par le médecin, le malade n'a-t-il pas le temps de mourir?
Il faut savoir que toutes les morsures de serpent ne sont pas venimeuses, le venin étant un outil de chasse pour les serpents et autres reptiles qui ne l’utilisent qu’en cas de nécessité. Les venins tuent en moyenne en 24h donc le personnel sanitaire a le temps de réagir. Cela dépend beaucoup du vecteur et du type de venin. Il y a des gestes qui sont faits dans l’attente de l’administration d’un antidote. Dans ce temps d’attente, la mise au calme du patient est nécessaire.  

Car l’augmentation du débit sanguin lié au stress favorise la diffusion du venin dans l’organisme. Il faut le référer vers le centre le plus proche et le plus performant. Dans nos officines de pharmacie, il existe maintenant depuis quelques mois, un système connecté et lorsqu’il y a un cas d’urgence, toutes les officines reçoivent en même temps la demande ainsi formulée et l’officine la plus proche du patient communique la disponibilité du produit ainsi que la localisation de l’officine.

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