Germaine AHIDJO : De l’exil au goût amer à l’amnésie inconsciente
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12/2016, le quotidien ‘’Le messager’’ a publié un entretien que Madame Germaine Ahidjo, veuve de l’ancien président Ahmadou Ahidjo, a accordé en 2014 à RFI Cet entretien charrie beaucoup d’émotion que l’on peut comprendre ; et même que sa peine mérite respect.

Mais, c’est aussi l’occasion, une occasion irrésistible, d’invoquer les peines de bien des familles, peines tout autant respectables, que feu son mari a infligées à certains de ses compatriotes dont le tort était d’avoir émis un autre son de cloche que le sien sur la conduite de l’Etat.

Quand Madame Germaine Ahidjo fait part de la dure épreuve de l’exil qu’elle subit, on se demande si elle a en même temps une pensée pour ceux de ses compatriotes à qui son feu mari a infligé la même épreuve ? Les familles de certains, morts à l’étranger et enterrés incognito, n’ont même aucun espoir de voir un jour les restes de leurs parents.

Lorsque Madame Germaine Ahidjo affirme que son mari a été condamné à la suite d’un ‘’procès fictif, une parodie de procès, un faux procès’’, ça peut faire sourire. Elle offre le spectacle d’un voleur qui, poursuivi par la clameur publique, crie au voleur en s’enfuyant. A-t-elle oublié que son feu mari a abondamment usé de telles manœuvres pour pourchasser, humilier, mutiler et même tuer ses adversaires politiques ?

Quand Madame Germaine Ahidjo parle des restes de son feu mari comme étant du ‘’patrimoine camerounais’’, on a envie de lui demander en quoi ces restes sont-ils plus ‘’patrimoine camerounais’’ que ceux de ses compatriotes qu’il a martyrisés, et dont la figure hante encore la mémoire collective. Le Cameroun n’a pas fait le deuil de son passé colonial, un passé douloureux dont les séquelles sont encore vivaces.

Faire le deuil de ce passé, c’est ouvrir franchement son histoire afin qu’on sache qui a fait quoi dans cette période, et qu’on comprenne ce qui se passe encore aujourd’hui, pourquoi on en est encore là. Dans le cadre de cette réhabilitation du passé, toutes les transitions politiques doivent être clarifiées. Depuis l’autonomie politique à l’indépendance, le Cameroun est passé de main en main, à la manière d’un  fonds de commerce.

Le passé colonial est la seule chose que les Camerounais partagent. C’est le patrimoine commun. A la lumière de cette clarification historique, les Camerounais décideront qui des figures marquantes de cette période coloniale mérite l’hommage de la nation reconnaissante.

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