Cameroun,Crises multiples : Monsieur le président, il est temps de partir !
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Cameroun,Crises multiples : Monsieur le président, il est temps de partir ! :: CAMEROON

Adversaires et supporters de Paul Biya doivent s’unir pour lui faire comprendre qu’il est temps d’organiser son départ de la tête d’un pays qui lui a tout donné et dont il met l’avenir grandement en danger. Un homme que la collectivité a pris en charge pendant plus de cinquante années comme un nourrisson, a le devoir de tout faire pour que le pays ne sombre dans le désordre et la misère
On peut dire ce que l’on veut de l’artiste camerounais à succès « Petit Pays », mais personne ne peut nier que sous ses airs de « fou », cet homme sait envoyer des messages qui frappent les esprits. Lorsque dans son dernier album il parle d’un individu qu’il veut imaginaire, rappelant que ce dernier a « castré » tout le monde, il est difficile de ne pas voir une allusion à Paul Biya, le président de la République du Cameroun.

Des vérités bonnes à dire

Cette allusion à l’apathie des Camerounais face aux dérives d’un homme dépassé par les événements, aurait dû faire prendre conscience de la gravité de la situation dans laquelle le pays se trouve. Au lieu de quoi, certains rivalisent d’imagination pour se tromper eux-mêmes en croyant tromper le peuple et la communauté internationale.

Sur ce plan, « l’escroquerie » autour la Can féminine qu’on a voulu utiliser pour magnifier cet homme en fin de parcours est lamentable. Inviter des « corps constitués » pour venir crier leur « amour », privant ainsi aux autres camerounais la possibilité d’assister à cette finale historique est tellement grossier que n’importe quel citoyen devrait en avoir honte.

Mais cela ne changera rien à la réalité des choses. Réalité qui veut que le pays va mal ; que depuis plus de deux semaines, les enfants ne vont pas à l’école dans la Région du Nord-ouest, comme d’ailleurs dans une grande partie de l’Extrême-nord ; que les tribunaux dans le même Nord-ouest sont bloqués tandis que le Sud-ouest du pays s’apprête à vivre une semaine sous haute tension.
A Douala, principale ville du pays, l’état des routes pousse chaque jour les populations dans une colère qui risque d’exploser un jour, causant de très nombreux dégâts.

En clair, au risque de se répéter, le pays va mal ; très mal. L’incertitude autour de la succession de Paul Biya plombe davantage toute perspective heureuse pour ce pays. L’administration est bloquée, tout gestionnaire de budget se bat pour se remplir les poches, « avant qu’il ne soit trop tard ». L’opposition, victime des coups bas du système et surtout de sa propre turpitude, n’est plus que l’ombre d’elle-même.

Comme c’est souvent le cas, notamment avec la « tribalisation » extrême du pays, voulue par Paul Biya, les replis identitaires se font de plus en plus présents au point où lors de la dernière Can féminine par exemple, il ne s’agissait plus de soutenir l’équipe nationale, mais de prendre fait et cause pour la joueuse de sa Région.

Pendant ce temps, tel un ectoplasme, le président de la République regarde sans voir ; ne prend aucune mesure adéquate et s’en tient aux méthodes surannées consistant à rouler dans la boue après usage du fouet, à laisser violer et violenter des jeunes compatriotes aux comportements plus dignes que ceux de sa propre progéniture.

Dans cet environnement incertain, le pire est qu’il existe de nombreux Camerounais pour défendre un homme qui fait perdurer un tel système ; un homme qui aura plus de 85 ans lors de la prochaine présidentielle et qui a tout fait pour instaurer le vide autour de lui. Personne ou presque ne s’inquiète du fait qu’en cas de décès brutal, ce qui ne surprendrait guerre au vu de son âge très avancé, le président du Senat Marcel Niat Njifenji, encore plus mal en point que lui, ne pourrait s’asseoir plus d’une semaine sur le fauteuil présidentiel, même à titre intérimaire. Que les très nombreuses chapelles présidentielles, dirigées par des hommes enrichis de manière démesurées suite à trente années de gabegie, sont dans l’ombre, prêtes à mettre ce pays à feu et à sang pour assouvir une terrible soif du pouvoir et ce n’est pas un personnage plus près de la fin que du début comme le président du Sénat qui pourra se mettre au travers de leur chemin.

Paul Biya doit enfin rendre au pays ce qu’il lui a donné

Jamais, de mémoire d’observateur politique, nous n’avons vu un homme politique de part le monde aussi « chanceux » que le fils de Mvondo. Plus de 50 années à être entretenu, comme un nourrisson, par les caisses de l’Etat, c’est-à-dire le fruit du travail collectif des Camerounais ?

Et par une espèce d’égoïsme maladif, il ne veut pas nous rendre ce que nous lui avons donné. Quel irresponsable peut, à près de 90 années passées, détruire tous ceux qui dans son camp pouvaient essayer de prendre la relève ; détruire à coups de corruption tout opposant présentant quelques aptitudes d’homme d’Etat, et se complaire dans une paresse de lion attendant le fruit du travail des lionnes ? Aujourd’hui, le pays est suspendu à sa respiration et même ses plus fidèles supporters savent que la fin n’est plus si éloignée que cela.
Il est indispensable qu’il revienne à la raison ne serait-ce qu’afin de sauver ce qui peut encore l’être. Il nous parait nécessaire de procéder à quelques reformes constitutionnelles indispensables : retour d’un mandat présidentiel à 5 années renouvelable une fois ; délai de trois mois pour organiser une élection présidentielle anticipée ; démission du Rdpc ou encore nomination d’un vice-président de ce parti pour assurer la gestion quotidienne et assurer l’intérim, mettre en place la Constitution de 1996, le Conseil régional, une véritable commission électorale indépendante…
Les problèmes s’accumulant, il faut impérativement réunir toutes les composantes de la société afin de mettre tous les problèmes sur la table et à défaut, de trouver des solutions, du moins s’entendre sur des désaccords à régler par des élections impartiales.

Paul Biya a tout fait pour instaurer le vide autour de lui. Nous, pauvres Camerounais, nous inclinons devant un tel « talent ». A lui maintenant d’agir, pour une fois positivement dans sa vie, en évitant qu’après sa disparition politique ou physique, le pays ne sombre dans une guerre civile dont les conséquences à long terme n’épargneront pas sa jeune famille.
Connaissant assez le personnage, nous ne voyons pas par quelle magie il tiendra compte de l’intérêt général, lui qui réduit tout à sa personne. Pauvre Cameroun ; pauvres Camerounais dirigés avec autant de médiocrité.

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