Le Cameroun accusé de favoriser le commerce illicite des diamants de conflit centrafricains
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Le Cameroun Accusé De Favoriser Le Commerce Illicite Des Diamants De Conflit Centrafricains :: Cameroon

Le commerce illicite des diamants de conflit centrafricains se poursuit par l'entremise du Cameroun, dénonce une ONG, alors que ce pays est pourtant placé sous observation depuis l'embargo imposé suite à la suspension de la République centrafricaine (RCA) du Processus de Kimberley en raison de la guerre civile.

Le Processus de Kimberley est un système international de certification des diamants bruts établi en 2003 par les Nations Unies afin de mettre fin au commerce des diamants de conflit, aussi appelés "diamants de sang".

Pays voisins et membres de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), le Cameroun et la RCA partagent une frontière d'environ 900 km connue pour être poreuse. Par le biais de la contrebande, des diamants de conflit centrafricains la traversent et se retrouvent sur le territoire camerounais, à partir duquel ils pénètrent les marchés internationaux, accuse Partenariat Afrique Canada (PAC), une ONG internationale basée à Ottawa au Canada, dans un rapport publié vendredi.

Selon ce document intitulé "Du conflit à l'illégalité : cartographier le commerce des diamants de la République centrafricaine au Cameroun", des négociants camerounais se rendent en RCA pour se procurer des diamants qu'ils apportent ensuite aux bureaux d'achat de la région camerounaise de l'Est.

Pour l'ONG canadienne, ce trafic est favorisé par "la corruption parmi les fonctionnaires chargés de vérifier l'origine des diamants" et engendre des "importations/expéditions de diamants de conflit sous embargo qui passent par les carrefours de transit du Cameroun sans être déclarées".

Ces diamants, dit-elle, sont "auto-déclarés" comme provenant du Cameroun et des certificats du Processus de Kimberley sont émis, attestant leur statut de diamants libres de conflit, ce qui permet leur exportation vers les marchés internationaux.

Pays pauvre et enclavé, la RCA est un important producteur de diamants bruts. En 2013, elle a basculé dans la guerre civile après le renversement du régime de François Bozizé par l'ex-coalition rebelle de la Séléka.

Avant cette crise, elle fournissait sur le marché international entre 400.000 et 500.000 carats en moyenne annuelle, constituant la principale source de devises de l'Etat.

Pour éviter le financement des groupes armés par l'exploitation illégale de cette ressource, le Processus de Kimberley avait décidé d'imposer un embargo international sur ces exportations après avoir suspendu l'admission de la RCA en son sein.

Début 2016, une levée partielle de cet embargo a été annoncée dans quelques régions centrafricaines jugées conformes et libres de conflit (Berbérati, Carnot, Nola et Boda). Cette décision a été confirmée en octobre, au grand bonheur du président Faustin-Archange Touadéra, soucieux de relancer une économie nationale rendue exsangue par la crise.

En visite à Yaoundé en octobre dernier, le ministre centrafricain des Mines, Léopold Mboli Fatran, s'était félicité, dans un entretien avec Xinhua, de la réhabilitation de son pays par le Processus de Kimberley et avait annoncé la reprise des exportations pour un stock d'une valeur de plus de 5 milliards de francs CFA (10 millions de dollars) avec l'approbation d'experts internationaux.

Le rapport de PAC parvenu à Xinhua note cependant la poursuite du commerce illicite des diamants de conflit centrafricains.

Selon Joanne Lebert, la directrice générale de l'ONG, "bien que le tollé international soulevé par le financement de la guerre au moyen des 'diamants du sang' en République centrafricaine a entraîné l'adoption de mesures pour arrêter le commerce, on n'a pas porté la même attention aux voisins de la RCA".

"Notre examen, poursuit-elle, montre la réalité sur le terrain et la façon dont les diamants de conflit provenant de la RCA ont conservé des points d'entrée sur les marchés internationaux par l'entremise du Cameroun".

Doté également d'un sous-sol riche en ressources minières et minérales, le Cameroun est de son côté un producteur modeste de diamants bruts officiellement depuis fin 2010, grâce au début de l'exploitation d'un gisement à Mobilong (est) par la société sud-coréenne C&K Mining. Le pays a été admis deux ans plus tard, après plusieurs tentatives, au Processus de Kimberley.

L'ONG nominée pour le Prix Nobel de la paix en 2003 suggère d'imposer des mesures spéciales, "exigeant un resserrement des contrôles internes dans un délai de trois mois, période durant laquelle aucun diamant ne quitterait le Cameroun sans une surveillance par des experts externes".

Elle préconise par ailleurs une coopération régionale intégrant d'autres pays d'Afrique centrale tels que l'Angola et la République démocratique du Congo (RDC), en vue de lutter efficacement contre ce fléau.

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