France: Affaibli par une impopularité record et contesté dans son propre camp, François Hollande jette l'éponge pour les présidentielles 2017
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France: Affaibli par une impopularité record et contesté dans son propre camp, François Hollande jette l'éponge pour les présidentielles 2017

La nouvelle est tombée hier soir, 1er décembre 2016. Contre toute attente, le 24ème Président  français de la 5ème République venait d'annoncer depuis l’Elysée qu’il ne se représenterait ni à la prochaine présidentielle, ni à la primaire de la gauche. 

« Aujourd’hui, je suis conscient des risques que ferait courir une démarche, la mienne qui ne rassemblerait pas largement autour d’elle. Aussi, j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle », a déclaré M. Hollande en direct à la télévision depuis l’Elysée.

Toutefois, a-t-il indiqué, « dans les mois qui viennent, mon seul devoir, sera de continuer à diriger le pays, celui que vous m’avez confié en 2012».

« L’engagement que j’avais pris était de faire baisser le chômage mais les résultats restent encore trop élevés », a-t-il concédé, soulignant n’avoir qu’"un seul regret, celui d’avoir proposé la déchéance de nationalité".

C’est la première fois qu’un président, après un seul mandat, renonce à briguer sa propre succession.

La décision du chef de l’Etat français ouvre une grande période d’incertitude à gauche, où le premier ministre Manuel Valls est pressenti pour prendre la relève. 

Pendant les quelques minutes qu’a duré son discours, il a entretenu le suspens. Il a notamment estimé avoir rempli son principal engagement, celui sur l’emploi – « depuis le début de l’année, le chômage diminue » – tout en concédant avoir remporté cette bataille trop tard. Il a aussi mis en avant la lutte contre le terrorisme : « Nous avons tenu bon, et j’ai pris les mesures nécessaires, sans jamais remettre en cause nos libertés. » Il s’est en revanche livré à un mea culpa sur la question de la déchéance de nationalité, qui devait lui permettre de préserver « la cohésion nationale », mais qui a surtout divisé son camp.

« Pour ma part, je ne suis animé que par l'intérêt supérieur du pays », a soufflé le président. « Je suis conscient des risques que ferait courir une démarche qui ne rassemblerait pas largement. J'ai décidé de ne pas être candidat au renouvellement de mon mandat. » a-t-il dit

En décidant de ne pas se soumettre de nouveau au suffrage des citoyens, François Hollande fait le choix de ne pas s’entêter alors qu’il restera notamment – mais pas seulement – comme le président le plus impopulaire de la Ve République. Face au péril de l’extrême droite et au risque de casse sociale incarné par François Fillon, le chef de l’Etat sortant revendique donc un autre sens des responsabilités. Non pas celui qui consiste à se représenter coûte que coûte devant les électeurs, mais celui qui libère potentiellement l’espace en faveur d’une figure plus à même de qualifier la gauche au second tour. François Hollande va en tout cas achever son quinquennat dans une configuration on ne peut plus singulière, restant une figure majeure sur le plan institutionnel mais devenant un personnage secondaire car démonétisé pour l’avenir de la gauche. Le choix a de quoi surprendre, il a aussi une part de noblesse.

Un coup d'œil au sort d'un autre ancien président, Nicolas Sarkozy, à la primaire de son camp, et aux sondages qui ne redécollaient toujours pas, ont certainement achevé de convaincre François Hollande de ses retirer.

Si François Hollande a tenu à défendre son bilan, ne concédant qu'un "regret" sur la déchéance de nationalité, il a néanmoins reconnu que les résultats, notamment en termes d'emploi, avaient tardé à se faire sentir. Un début d'aveu d'échec qui vient clôturer un quinquennat en effet très tumultueux.

François Hollande, n'a  pas permis malgré quelques réussites mineures, à donner au PS la capacité de mettre en oeuvre de véritables changements susceptibles de satisfaire les exigences de son électorat. 

Hollande se mettant lui-même out, le jeu s’ouvre pour la primaire de la Belle alliance populaire qui se tiendra fin janvier. 

Outre Manuel Valls, qui a fait savoir ces dernières semaines qu’il serait candidat «à la minute» où Hollande ne le serait pas - et qui a tout fait pour que cela advienne -, on peut imaginer que d’autres candidats sortent du bois en l’absence du président sortant. 

En premier lieu pour faire barrage à ce Premier ministre: de Najat Vallaud-Belkacem à Christiane Taubira en passant par Mathias Fekl, des noms circulent. Difficile de savoir toutefois qui aura l’envie et le courage de se lancer pour troubler un scrutin qui, désormais, s’annonce d’abord comme un duel, à l’issue très incertaine, entre Manuel Valls et Arnaud Montebourg.

Avec son retrait douloureux, le président de la République française achève un chemin de croix. L'heure du véritable bilan désastreux.

En tout cas, François Hollande, un président africain n’aurait pas fait ça. Qui dit mieux?

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