Cameroun, Mowha Franklin « Une manifestation de masse est prévue pour le 10 décembre 2016 à Bamenda »
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Cameroun, Mowha Franklin « Une Manifestation De Masse Est Prévue Pour Le 10 Décembre 2016 À Bamenda » :: Cameroon

Retourné à Bangangté alors que la tension sociale semble ne pas baisser d’un cran à Bamenda, Mowha Franklin qui a séjourné dans la ville de la création du Rdpc, depuis la veille des manifestations qui ont fragilisé les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, se livre sans faux-fuyant à Camer.be. Sans prétention de travestir la réalité des faits, fulmine-t-il, MF donne son opinion sur les causes directes des dites manifestations, fait des glauques révélations, non sans faire un retro sur ses propres manifestations de Bangangté. A la fin, l’activiste qu’on ne présente plus, plante le décor sur les imminentes actions du FFCI, là où son organisation pense que les droits de l’homme sont bafoués. Pour le 10 décembre 2016, date prévue pour une mobilisation sous fond de revendications à Bamenda, ville déjà réputée fantôme, d’éventuelles négociations de nature à empêcher qu’une autre manifestation ne se produise, seront-elles entreprises par des autorités compétentes ? On attend !

Vous avez vécu les manifestations de Bamenda entant qu’acteur ou spectateur ?

Etre spectateur face à cette situation, est une moquerie aux citoyens qui se sont levés pour dire non à la xénophobie, au tribalisme, au déséquilibre social dont-ils sont victimes depuis des lustres. En ma qualité de défenseur des doits de l’homme, je trouve ce déséquilibre social comme une violation flagrante des droits humains dans une démocratie comme la nôtre. Au cours de ces manifestations, des services corporels infligés gratuitement aux étudiants par les forces de maintien l’ordre sis dans leurs cités universitaires sont légions et nous déshonorent. Ce qui manifestement, témoigne à suffisance comment les autorités de maintien de l’ordre ont contribué à mettre l’huile dans le feu. Comme cela ne suffisait pas, les menaces par voie de communiqués médiatiques là où il fallait apaiser, a envenimé les manifestations et voila où nous en sommes aujourd’hui. La fin des exactions est loin d’être imaginée, les mandats de recherche et d’arrêts sont lancés contre nombre de manifestants.

Le FFCI demande à la communauté internationale de prendre des mesures urgentes pour une réparation immédiate de la situation dans le Nord-ouest et dans le Sud-ouest du Cameroun.

Racontez-nous exactement ce qui s’est passé et les différents dégâts induits ?

Les avocats ont lancé un appel à manifester et suivi d’une manifestation pacifique dans l’optique de stigmatiser la tendance du pouvoir public, à ne muter dans ces unités administratives, que des magistrats qui n’ont aucune maitrise de la langue anglaise mais qui sont appelés à juger des justifiables qui ne s’en sortent pas aussi en français. La conséquence directe étant des procès inéquitables. Pourtant, il apparait clairement dans le code de procédure pénale du Cameroun, que toute personne appelée à comparaitre devant une juridiction, doit se faire juger par une langue qu’elle maitrise le mieux.

Les enseignants sont descendus dans la rue pour mettre fin à la francophonisation du système anglophone. C'est-à-dire les responsables des différents établissements (proviseurs, directeurs …), non bilingues, sont d’expression francophones pourtant ils doivent tenir des enfants majoritairement anglophones.

Pour ce qui est des dégâts, il n’y a pas eu marche, mais ville morte. Certaines brebis galeuses, n’ont pas respecté les consignes prescrites par les acteurs qui ont voulu que les manifestations restent pacifiques. Notamment en proscrivant des casses et d’autres débordements. Nous avons tous déploré les traces de cendres dans plusieurs carrefours et artères de la ville. La presse a fait état d’un cas de mort et des personnes grièvement blessées. Je signe qu’il n’y a pas eu des dégâts matériels considérables. Les forces de maintien de l’ordre et de sécurités ont d’ailleurs miné le terrain des opérations.

Quel est votre avis sur l’origine des manifestations des instigateurs (enseignants, avocats) et la réaction des décideurs ?

Un bon citoyen camerounais conscient de la situation que traverse le pays tant dans le domaine éducatif que sanitaire et pis encore dans le système judiciaire, doit se sentir interpellé par le mouvement d’humeur de Bamenda. Vous avez connu des femmes qui ont donné naissance à l’entrée des hôpitaux sous le regard satisfaisant des « professionnels de la santé ». La sous scolarisation n’est plus une chose à démontrer. En commençant par la Région de l’Extrême Nord, en passant par l’Est du pays et des 2 Régions d’expression anglaises (Nord-ouest-Sud-ouest), l’Etat n’a dénié rien fait pour améliorer ces conditions et n’aspire qu’à des perspectives électoralistes pour davantage continuer à abrutir le peuple camerounais.

Dans des sorties médiatiques, certains proches de Paul Biya confessent que les enseignants camerounais en l’occurrence, sont logés dans la même enseigne. Croyiez-vous comme eux que la grève des enseignants d’expression anglaise est une manipulation ?

Le terme « logés dans la même enseigne », dont ils font allusion, colle comme un gang aux doigts. Mais, je puis vous dire que le silence des enseignants d’expression francophone est une bombe à retardement, mieux comme une montagne en activité qui peut vomir du magma à tout moment. Il y a des risques que la grève dans les régions anglophones soit généralisée dans tout le territoire camerounais. Nous ne souhaitons pas, mais nous prescrivons aux décideurs de ne pas déplacer le débat, d’être proactifs en regardant de près la situation qui a impacté négativement tous les aspects de la vie de notre pays depuis bientôt 2 semaines.

La manifestation intervient quelques jours seulement après celles que vous avez personnellement orchestrées à Bangangté, faisant suite à vos revendications de réparer l’axe routier Bafoussam-Yaoundé, éminemment dégradé au niveau de Bandiengseu à quelques encablures de la ville de Bangangté. Vous avez été mangé à quelle sauce, y a-t-il eu des retombées positives ?

La manifestation du 7 novembre dernier organisée par le FFCI, dont je préside aux destinées, exigeait la réhabilitation immédiate du tronçon au niveau de Bandiangseu par Bangangté sur la nationale No4, qui s’est trouvé dans un état de dégradation très avancée. Je me suis vu brutalement interpellé par les forces de l’ordre aux environs de 12 heures, au cours de la manifestation au niveau de l’esplanade de la mairie de la mairie de Bangangté, conduit à la police où j’ai été entendu ensuite déféré au parquet devant le procureur de la République du Ndé, libéré quelques heures après (17h30), mais instruit à y retourner.

Malgré la barbarie policière, j’ai constaté avec grand bonheur, que je jour suivant, les travaux de réhabilitation avaient effectivement démarrés. La déviation est presqu’entièrement livrée. Je continue de suivre de près les travaux.

Vos prochaines actions ?

L’axe Babadjou-Bamenda est la prochaine cible. La manifestation de grande masse visant à réhabiliter ce tronçon de la honte et sans délai, est prévue pour le 10 décembre 2016. Bien évidemment, notre stratégie sera dévoilée le moment venu. Faut-il le rappeler que le 10 décembre est la journée mondiale de la déclaration universelle des droits de l’homme ? Le FFCI entend se joindre à la communauté internationale pour commémorer cette journée de par cette mobilisation citoyenne.

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