FACE à la Révolte Anglophone : Qui peut accepter la division du Cameroun ?
CAMEROUN :: POINT DE VUE

Face À La Révolte Anglophone : Qui Peut Accepter La Division Du Cameroun ? :: Cameroon

De plus en plus la tension est vive du côté de Bamenda où les Camerounais d’expression anglophone sont de plus en plus sur le chemin de la radicalisation. Des revendications certes légitimes des avocats et des enseignants sont désormais devenus politiques et récupérés par des quidams qui depuis ont toujours prôné la division du Cameroun. Un chemin suicidaire pour un pays qui a besoin de tous ses fils pour son développement, bien au-delà des différences linguistiques. Evocations  

« Mais finalement qu’est-ce qu’ils veulent nos frères anglophones ? » Voilà le genre de question assez pressente que nous avons surpris dans la bouche de quelques intellectuels camerounais d’expression francophone attablé dans la terrasse d’un café bien connu à la célèbre Avenue Kennedy à Yaoundé. Si elle peut paraître gênante, en ce sens qu’elle intègre en soi une grosse fibre de mauvaise foi, cette question aurait dû faire l’objet d’une préoccupation majeur non seulement de la part de tous ceux qui nous gouvernent, mais aussi de tout le peuple camerounais dans son entièreté, depuis bien longtemps, de manière à scruter avec la maximum d’honnêteté ce qui est appelé aujourd’hui soit « la question anglophone », soit « le problème anglophone ».

Les politiciens camerounais, qu’ils soient francophones, anglophones ou des deux cultures linguistiques peuvent chacun en fonction de leurs intérêts respectifs nier la réalité du « problème ou de la question anglophone », elle s’impose aujourd’hui de manière suffisamment violente à la conscience et la mémoire collectives. Le pouvoir de Yaoundé pour sa part a choisi de réprimer les manifestations des avocats et des enseignants anglophones. Une option autodestructrice, parce que face à ce qui se trame ces derniers jours à Bamenda, et dans une certaine mesure à Buèa, la répression pratiquement dictée à nos vaillantes forces de l’ordre et de sécurité ne saurait avoir une issue sereine, la violence appelant la violence par ricochet.

Ce dont on a besoin aujourd’hui, c’est une adhésion  totale du président Paul Biya aux revendications authentiques des avocats et enseignants d’expression anglophone pour renouer un dialogue constructif.

Solidarité

Il y a lieu de souligner à ce niveau que la médiation du Premier ministre actuel, Yang Philémon, quelle que soit sa bonne volonté ou sa dextérité, va toujours apparaitre suspecte, en ce sens que les manifestations qui ont désormais fait muter leurs revendications à un stade très douloureux, à savoir la possibilité du démantèlement de l’Etat du Cameroun dans sa forme actuelle, sera toujours suspecte.

« Ou tu es avec nous, en tant que anglophone, ou tu es avec ceux qui t’ont nommé, dans ce cas tu dégages », voilà ce que ceux qui contrôlent désormais « les revendications » des extrémistes anglophones semblent vouloir désormais dire au chef du gouvernement camerounais, parti à leur rencontre au début du week-end dernier. Les députés et sénateurs du Social démocratic front (Sdf), originaires principalement des régions anglophones qui ont dû eux-aussi, quitter ce même week-end dernier, la session actuelle du Parlement, pour aller évaluer la situation électrique de Bamenda, risquent eux aussi d’être traités de « traitres » de la cause anglophone.

Et la réaction musclée d’un ministre originaire du Nord-Ouest et de surcroît responsable politique à la base du parti au pouvoir, qui estime « que les anglophones ne sont marginalisés », et que « ceux qui s’agitent sont à la recherche de la notoriété », est justement le genre de pavé dans la mare dont on se serait passé volontiers. La réaction la plus lucide aurait été de prendre position comme certains leaders de l’opposition l’ont fait chez nos confrères de Le Jour vendredi, en rappelant notamment la nécessaire solidarité que tous les Camerounais doivent avoir vis-à-vis des avocats et des enseignants anglophones qui ont décidé de descendre dans la rue, avec comme finalité d’examiner ces revendications et exorciser les frustrations vécues dans l’histoire et le temps.

Consolider l’unité nationale

Ce qui est important à se dire est que le Cameroun doit continuer à exister dans sa forme actuelle. Rien, mais alors rien, même pas la pertinence des revendications soulevées par les avocats et enseignants d’expression anglophone ne doit tuer l’unité nationale de notre cher et beau pays. Le cher Professeur Bernard Fonlon, et grand homme politique et de culture camerounais, de très regretté mémoire, avait en son temps prôné un dialogue fraternelle permanent entre fils du Cameroun qu’ils soient anglophone ou francophone, qu’ils soient de la savane ou de la forêt.

Qui de manière véritable, qu’il soit anglophone ou francophone cautionnerait que des Camerounais se mettent à se battre parce que l’un est anglophone et que l’autre est francophone.

Ceux qui gouvernent le Cameroun de 1960 à ce jour, certainement ont fauté à un moment ou un autre, sur bien de choses, notamment en annihilant ce qui pouvait être considéré comme subtilité de la vie de notre nation, dans la construction de son unité ; précisément en faisant croire que parce que les anglophones ne sont présents que dans deux régions du Cameroun, qu’ils auraient droit à une certaine marginalisation, aussi bien dans l’exercice quotidienne du pouvoir que dans la mouvance de la virtualité des institutions.

Si tel serait le cas, ce fut une erreur que le président Paul Biya ne saurait questionner. On est d’abord Camerounais, fils du Cameroun, avant d’être francophone ou anglophone.

Ceux qui créent ce genre de frustrations entre fils d’un même pays sur la base des appartenances linguistiques essentiellement héritées de la colonisation doivent se ressaisir en ayant en tête ce que disait ce membre du Congrès américain dont les origines sont liées au peuple tikar du Cameroun que « we can not leave languages divise us », traduction « ne laissons pas les langues nous diviser ». Conséquence : uni nous avons trouvé le Cameroun, uni il doit rester après nous.

Lire aussi dans la rubrique POINT DE VUE

Les + récents

partenaire

canal de vie

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo