Les mille et une casseroles d’Adjidja Alim
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Gestion scabreuse des fonds C2D qui met le Contrôle supérieur de l’Etat à ses trousses, défi à l’autorité administrative sur fond d’un fanatisme islamique de mauvais aloi, indolence politique qui plombe l’image du Rdpc dans la Bénoué, incompétence notoire dans la contractualisation des maîtres des parents, incapacité dans la viabilisation des zones d’éducation prioritaire… La coupe des malveillances de Mme la ministre de l’Education de base est pleine à déborder le vase.

La révélation par le journal La Météo de la découverte d’un trou de 3 milliards de Fcfa dans la gestion des fonds C2D dévolus à son département ministériel la met désormais sur la sellette. Des sources introduites confirment des conclusions assez sévères des deux missions du Consupe - le Contrôle supérieur de l’Etat, déployées au Minedub - le Ministère de l’Education de base depuis l’année dernière.

En cause, l’absence des pièces justificatives liées à certaines dépenses effectuées par ce département ministériel dans l’enveloppe des C2D à lui alloués. Difficile pour nous d’entrer plus en profondeur dans les méandres des conclusions des fins limiers du Consupe, qui, selon des sources introduites, devraient être transmises au Tcs - le Tribunal criminel spécial, pour implémentation de la  procédure judicaire.

Proches du dossier, quelques fuites évoquent, en plus des dépenses sans pièces justificatives, des décaissements effectués en violation des règles de procédure, assez rigides lorsqu’il s’agit des fonds C2D. Selon toute vraisemblance, c’est la forte probabilité de cette mise en route de l’action publique à la suite de ces enquêtes, qui a convaincu Mbarga An’nour - le directeur des ressources financières et du matériel du Minedub et bras séculier de Mme Youssouf Adjidja Alim dans la gestion des ressources financières, de prendre la poudre d’escampette depuis quelques semaines déjà.

Toutefois, dans les coulisses du Minedub, personne n’imagine que Mme la ministre pourrait être épargnée au cas où des poursuites judiciaires venaient à être engagées au sujet de ces indélicatesses présumées, tant les deux responsables détenaient seuls les codes des dépenses financières du ministère. Dans certains milieux autorisés, des indiscrétions font état de quelques manoeuvres entreprises auprès de certains services de renseignement pour éviter d’ébruiter la disparition du Drfm du Minedub, aujourd’hui analysée par tous les observateurs comme une fuite des poursuites judiciaires, comme si les responsables du ministère sentaient venir le danger.

Incompétence

Mais pour certaines coulisses au Minedub, ce gangstérisme présumé au sujet de certaines lignes des dépenses C2D tranchent avec le peu d’empressement de Mme Youssouf Adjidja Alim à mettre en oeuvre d’autres projets relevant de ces fonds de compensation. Ainsi en est-il de la construction et de la réhabilitation des infrastructures scolaires dans les zones dites d’éducation prioritaire. Il s’agit des zones à fort taux de sous scolarisation pour lesquelles près de 25 milliards de Fcfa avaient été approvisionnés en vue de la construction et de la réhabilitation des infrastructures dans le cadre du 2ème fonds C2D.

En faisant courant mai le bilan de ce 2ème programme de financement des projets par les fonds C2D, les responsables camerounais et français à travers l’Afd - l’Agence française de développement, n’avaient pas manqué de relever les manquements dans la réalisation de ces infrastructures comme bémol au bilan globalement positif des deux premiers  programmes C2D.

Et pour cause, à la différence des autres secteurs tels que la santé, la voirie urbaine ou la foresterie villageoise, ces infrastructures n’ont jamais vu le jour dans les zones ciblées, à savoir l’Extrême-nord, le Nord, l’Adamaoua, l’Est, et quelques zones des régions du Centre et du Littoral. Des marchés afférents à ces infrastructures n’ont jamais démarré depuis 2011, année de leur lancement initial, malgré les multiples réajustements qui sont intervenus pour permettre leur faisabilité. Notamment la procédure de gré à gré dans laquelle ces marchés ont été mutés à l’initiative du ministre des Marchés publics, après constatation de la forclusion des premiers appels d’offres.

S’il est récurrent de lier ces blocages aux conditionnalités jugées rigides de la passation et de l’exécution de ces marchés, et notamment à l’obtention de l’avis de non objection du cabinet Louis Berger, la pièce déterminante du dossier de soumission, beaucoup d’autres analystes expliquent cette défaillance par le manque de pugnacité du ministre de l’Education de base qui n’a jamais réussi à convaincre les partenaires de la pertinence de la réalisation de ces marchés dans son domaine de compétence, comme l’ont fait ses collègues dans d’autres secteurs. Incompétence ?

D’aucuns ne se voilent plus la face sur la capacité de Youssouf Adjidja Alim à manager un ministère aussi important que celui de l’Education de base. Ces relents d’incompétence sont également perçus à propos de la contractualisation des maîtres des parents, dont la 2ème cuvée était sensée entrer en fonction depuis la rentrée scolaire 2015. Malgré les moyens dégagés à cet effet, c’est toujours l’attentisme au Minedub, alors que de sources bien introduites, les commissions régionales de suivi et d’évaluation des dossiers de candidature avaient rendu leurs copies sur le sujet depuis le premier semestre de l’année en cours. Rendu pratiquement à la fin du premier trimestre de l’année 2016, les listes des maîtres des parents à contractualiser dans le cadre du 2ème programme ne sont toujours pas publiées.

un retard qui impactera incontestablement sur la candidature de certains postulants, dont l’âge de 40 ans limite, retenu pour l’opération, s’en trouvera dépassé le jour où le gouvernement décidera de donner suite à cette opération. Acculé par la presse sur le sujet au début de l’année scolaire en cours, Mme la ministre avait laissé entendre que la publication de ces listes devrait intervenir ce mois de novembre 2016 qui tire déjà sa révérence, sans aucune visibilité.

Fanatisme islamique

Ce n’est pas seulement sur le plan du management des affaires publiques que Youssouf Adjidja Alim aligne des impairs. Avec une audience politique diluée par son impopularité et ses accointances présumées avec l’ancien ministre Marafa Hamidou Yaya, les rapports qui écument certaines hautes instances de la république sur la décrépitude du Rdpc dans la Bénoué, où elle fait office de chef de la délégation départementale permanente ne l’épargnent pas.

Au contraire, selon ces rapports alarmistes, son manque de clairvoyance, que d’aucuns ont assimilé à un jeu trouble, avait favorisé l’élection, du reste contestée, des personnalités impopulaires à la tête des structures de base du Rdpc, à l’issue du processus de renouvellement des bureaux des organes de base en novembre-décembre 2015.

Et les  résultats de ces déconvenues ne se sont pas fait attendre. Le 6 novembre dernier, la commémoration du 34ème anniversaire du Renouveau à Garoua s’est traduite par une faible mobilisation des plus mémorables, notamment à Garoua 1er où elle est sensée tenir sa base politique, avec à peine 500 militants seulement. Toutefois à l’occasion de cette commémoration, Youssouf Adjidja Alim a suffisamment baissé la culotte pour dévoiler le versant indécent de sa personnalité. Quelques clichés tranchent avec la notoriété de la personnalité politique qu’elle est sensée incarner.

A Garoua, alors qu’elle prononçait solennellement son discours, elle a décidé de l’interrompre illico presto pour écouter le muezzin, dès l’appel à la prière du soir, et ce devant le gouverneur de la région - Jean Abaté Edi, visiblement stupéfait. Au grand étonnement de l’assistance, qui se demandait si l’on est encore dans un Etat laïc tel que consacré par la Constitution, où l’Etat prime sur les religions.

un acte qualifié de fanatisme islamique de mauvais aloi, beaucoup d’autres musulmans au sein de l’assistance se demandant à quel moment elle avait sacrifié aux rituels des prières du matin et de midi pour se montrer aussi pieuse. Le 2ème cliché de cette outrecuidance s’est déclinée à Bibémi où la délégation permanente départementale s’était rendue pour l’installation des responsables nouvellement élus des bureaux des organes de base, en marge de la célébration de ce 34è anniversaire du Renouveau. Contrairement aux habitudes consacrées, Mme le chef de la délégation permanente n’a pas cru devoir faire escale préalable comme il est de coutume chez le lamido, qui manifestement l’attendait.

Conséquence, l’autorité traditionnelle est arrivée sur le lieu bien après le début de la cérémonie. Et comme si cela ne suffisait pas, Mme Youssouf s’est lancée dans une opération publique de « farotage » dans laquelle militants et autorités administratives étaient confondues, recevant sous les regards interrogateurs des billets de banque, comme si elle était en quête de cette popularité qu’on lui réfute tant.

Comble de ridicule, les souspréfets et autres autorités publiques présentes n’ont pas apprécié, même si par respect des règles de protocole, ils étaient tenus de se laisser ainsi « arroser » par la chef politique du Rdpc dans la Bénoué. Pourtant, en outre, malgré ces velléités, on lui reproche de n’avoir pas organisé les réunions préparatoires à la l’arrivée des membres de la Fondation Chantal Biya à Garoua jeudi dernier, comme on le voit sous d’autres cieux.

Conséquence, la mobilisation des élites et des militants Rdpc était également au rabais à l’occasion de cette autre cérémonie. Des incartades à n’en plus finir qui amènent certains esprits à se demander quel héritage Youssouf Adjidja Alim laissera de son passage à la tête du ministère de l’Education de base et de sa position de chef politique du Rdpc dans la Bénoué.

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