Bafoussam : Ruiné par des souris
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Les rongeurs contraignent un négociant à changer d’activité en détruisant malicieusement les marchandises qu’il stocke dans sa boutique.

Au carrefour Madelon, à Bafoussam, le container de M.L. brille par sa propreté et sa bonne tenue. Malgré un environnement globalement peu propre, ce modeste lieu de commerce a de quoi attirer. Quelques chaises entreposées sur le prolongement de la véranda permettent aux assoiffés de s’y rafraîchir avant de continuer la route. Le tenancier est gentil et ce n’est pas rien dans notre contexte. Là, c’est la face visible. Ce qu’on ignore, c’est que depuis son installation à cet endroit il y a moins d’un an, ce commerçant a déjà failli fermer à plusieurs reprises.

La faute aux rongeurs qui prennent du service chaque nuit, après la fermeture. « A l’approche des fêtes de fin d’année, j’avais stocké de la farine et du riz. Les souris ont tellement percé les sacs que je n’ai pas eu le courage de renouveler la commande, malgré la demande des clients ». Le riz et la farine abandonnés, il jette son dévolu sur le vin rouge. « C’est là que j’ai compris que ces souris m’en veulent particulièrement ». En effet, explique le commerçant, les souris qu’il ne voit pas en journée ont pris l’habitude de ronger jusqu’à ce qu’elles se percent « 4 briques » de vin rouge chaque nuit, quel que soit le carton d’emballage.

« Les souris ne boivent pas le vin. Lorsque le liquide se met à couler, elles abandonnent la brique pour attaquer une autre. Le matin parfois, tout le contenu est à terre. Comme elles ne peuvent pas percer les bouteilles, elles rongent les étiquettes. Or il s’agit de marques qu’on doit remarquer avant d’acheter. J’ai cessé d’acheter les vins de luxe parce que personne ne peut acheter sur la seule base de mon témoignage ».

« Ce ne sont pas des souris normales »

S’il continue à tenir, c’est parce que chaque soir désormais, il ferme les briques de vin invendues dans un seau plastique, qu’il pose dans le congélateur avant de fermer. Il a été contraint à réduire la quantité. « Ce ne sont pas des souris normales », jure le commerçant. Et ses convictions mystiques ne manquent pas de fondement. « J’ai acheté la colle à souris, elles l’ont savamment esquivée pendant des semaines. C’est mon chat qui y est tombé. Un matin, je suis venu trouver une grappe de poils sur le piège que j’ai tendu. Ces souris sont téléguidées ».

Des propos corroborés par son voisin, qui tient une miniquincaillerie. « L’autre jour, j’ai laissé de l’argent dans la caisse. Une de ces souris sorcières a emporté 30.000F. A mon arrivée, elle a fui pour se réfugier sur le rebord de la charpente. En me regardant, deux billets sont tombés. Le lendemain, j’ai retrouvé un billet de 10.000F déchiqueté comme si on devait l’utiliser pour faire de la décoration », assure ce dernier. Il y a un mois et alors qu’il ne lui en avait pas soufflé un mot, un notable de la proche chefferie Bafoussam lui a demandé pourquoi il pense qu’il doit faire de bonnes affaires alors qu’il ne s’est pas encore présenté à son groupe, qui boit généralement du vin rouge non loin de là.

Une brique de vin avait suffi pour calmer la soif du patriarche mais il est revenu par la suite, cette fois avec ses amis. « Je n’ai pas ouvert la boutique pour partager le vin. Quand c’était le riz, je pouvais coudre le sac et reconditionner le produit pour vendre. Quand elles percent les briques maintenant, je bois moi-même le reste », se console le négociant qui dit injecter dans ce lieu de commerce destiné à l’occupation de sa femme l’essentiel des économies tirées de son travail de commercial dans une société de distribution de produits alimentaires.

Au marché central de la ville, on entend souvent des histoires de souris voleuses d’argent. On y a même parlé de l’arrestation d’un chat voleur, pour lequel le propriétaire avait déboursé la somme de 3.000.000F.

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