Cameroun-RCA : Enquête sur la mafia qui entoure les prises d’otage
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Cameroun-Rca : Enquête Sur La Mafia Qui Entoure Les Prises D’otage :: Cameroon

Depuis 2012, le nombre élevé des Camerounais enlevés et libérés après des négociations (financières), démontrent que le réseau de cette entreprise criminelle est bien huilé.

Le 17 juillet 2016, le président de la  République, Paul Biya, par le biais de son secrétaire général, Ferdinand Ngoh Ngoh a annoncé la libération du maire de Lagdo dans le Nord, Mama Abakaiet 10 de ses compagnes de fortune détenue par des rebelles centrafricains depuis le mois de mars 2015. À cette occasion, le chef de l’état avait remercié les forces de défense, de sécurité et tous ceux qui ont ouvré pour cet heureux dénouement.

Paul Biya a, en même temps annoncé que les auteurs de cet acte ne resteront pas impunis. Dans sa première sortie médiatique, Mama Abakaia fait comprendre que pendant 16 mois de captivité, ils ont été conduits dans 7 campements dans différentes localités sur le territoire centrafricain par leurs ravisseurs qui leur infligeaient par ailleurs, un traitement inhumain (un litre d’eau et un repas par jour : ndlr). Cette déclaration de Mama Abakai démontre tout au moins que le réseau de preneurs d’otage est solidement implanté en RCA.

Parmi les 16 otages enlevés dans la nuit du19 au vendredi 20 mars 2015 à Yoko Siré, à une dizaine de km à l'entrée sud de Garoua-Boulai, ville frontalière entre les deux pays, seuls 11 ont regagné le territoire camerounais. Sur les circonstances de leur libération, rien n’a été mentionné. Cependant, des indiscrétions laissent entendre qu’il y aurait eu des altercations entre la première bande armée qui détenait les victimes et des rebelles qui ont débouté la première bande. C’est ainsi qu’ils ont récupéré les otages pour présenter aux autorités camerounaises comme «butin de guerre».

Par la suite les vainqueurs vont faire intervenir la Minusca (mission des Nations unies pour la sécurisation de la Centrafrique) pour engager des négociations avec les autorités camerounaises dans le plus grand secret. Il faut relever que Yoko Siré où cet enlèvement avait eu lieu est réputé pour des actes de criminalité victorieux du même genre. En septembre 2012, un fonctionnaire des impôts, Emmanuel Mandjomi Moloh  et Jean Paul alim, un jeune villageois avaient été abattus dans un poste de contrôle mixte proche de Yoko Siré tandis que 4 villageois avaient été pris en otage.

Le 02 mai 2014, 18 Camerounais sont pris en otage et amenés en RCA dans la même zone. Par ailleurs au cours des mois d’octobre et de septembre 2014 plusieurs enlèvements avaient eu lieu dans le même endroit. Au cours de ces deux enlèvements, les ravisseurs se réclamaient des fidèles du Front démocratique du peuple centrafricain (Fdpc), groupe armé en RCA. Ils revendiquaient alors, «la libération de Abdoulaye Miskine en détention à l’époque au Cameroun». Et ils ont certainement eu gain de cause car par la suite, ce chef rebelle avait été libéré après des négociations dont certaines sources parlent de la libération des Camerounais détenaient à cet époque en RCA.

Négociations

En termes des fortes négociations pour la libération des otages, le cas du prêtre polonais, Mateusz Dziedzic, enlevé le 12 octobre 2014 à Baboua dans l'ouest de la Centrafrique est assez édifiant. Après sa libération en novembre 2014, Paul Biya avait salué «tout particulièrement à cet égard la contribution» de son homologue congolais Denis sassou Nguesso, médiateur à l’époque dans la crise centrafricaine. Même si le communiqué officiel du Cameroun ne précisait pas dans quelles circonstances exactes cette libération avait eu lieu, le gouvernement polonais pour sa part, et par la voix de Marcin Wojciechowski, porte-parole du ministère des affaires étrangères avait évoqué «une action complexe de négociations impliquant plusieurs pays, pays de la région et organisations internationales».

Avant de souligner en particulier «le rôle de la France», l'ancienne puissance coloniale qui dispose d'une force militaire en Centrafrique. D’après l’AFP qui rapportait ces faits, le «Lieutenant» Léonard Kamdika avait évoqué des négociations impliquant les autorités Centrafricaines et Camerounaises, ainsi que la médiation congolaise. «Nous avons contacté l’ancien ministre centrafricain, Karim Meckassoua pour servir d’interface entre les autorités de transition à Bangui, le médiateur, Denis Sassou Nguesso et les autorités Camerounaises», avait expliqué le rebelle.

Notons enfin, qu’en dehors des cas d’enlèvements spectaculaires ou  concernant des personnalités publiques, souvent portés à l’attention du grand public, il existe des multitudes de cas de prise d’otage des personnes inconnues sur la longue et poreuse frontière entre le Cameroun et la RCA et qui débouchent sur des transactions (paiement des fortes rançons) entre les victimes et les ravisseurs. en effet, d’après Aladi Ahmadou, l’un des 10 éleveurs bororos enlevés respectivement à Kwélé, situé à 30 km de Batouri, et à Nyabi, localité situé à 60 km de Batouri sur la route de Kentzou dans la nuit du 07 au 08 mai 2014 par des terroristes, «ces ravisseurs m’avaient exigé une somme de 20 millions de Frs avant d’arracher finalement la somme de 6 millions de Frs en ma possession, fruits des ventes de mes bétails pendant plusieurs mois. Aux autres victimes, des sommes allant de 3 à 5 millions avaient été exigées et chacun versait selon ses disponibilités», avait-il déclaré à l’esplanade de la compagnie de gendarmerie de Batouri, chef-lieu du département de la Kadey le 12 mai 2014 après quatre jours de captivité. Pendant la présentation de ces otages, Emmanuel Halfa, préfet de la Kadey avait demandé aux populations de collaborer avec les forces de sécurité et de ne plus verser des rançons aux ravisseurs.

Des dates et des enlèvements

  • Septembre 2012, 4 villageois enlevés à Yoko Siré
  • Avril 2013, un policier enlevé à Kentzou mai 2014, 18 Camerounais enlevés à Yoko Siré
  • Mai 2014, 10 éleveurs enlevés à Kwélé, 30 km de Batouri
  • Septembre et octobre 2014, plusieurs enlèvements à Yoko Siré
  • Septembre 2014, 08 personnes enlevées à garoua-Boulaï
  • Octobre 2014, le prêtre polonais, mateusz Dziedzic enlevé à la frontière avec la RCA
  • Mars 2015, le maire de Lagdo et 15 personnes enlevés à Yoko Siré
  • Octobre 2016, l’ex-maire de Ouli et 03 personnes enlevées à Toktoyo

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