Ali Bongo : « Mon bilan répond à mes opposants »
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Gabon :: Ali Bongo : « Mon Bilan Répond À Mes Opposants »

Entre les résultats provisoires de l’élection présidentielle gabonaise le 31 août et sa confirmation par la Cour constitutionnelle le 23 septembre, Ali Bongo, alors président provisoirement réélu, a accordé une longue interview à AFRIMAG.

    « Mon bilan répond à mes opposants »

Il y aborde les accusations de son principal opposant, son bilan économique et social à la tête du Gabon, ses rapports avec la France et les médias de l’Hexagone, mais aussi son ouverture au dialogue.

C’est un homme serein qui parle du contexte et se projette déjà dans le dialogue auquel il a fini par appeler tous les Gabonais dès la confirmation de sa réélection par la Cour Constitutionnelle le 23 septembre 2016. Il est finalement vainqueur avec 50,66% des voix, contre 47,24% pour son principal rival. Un score serré qui le pousse à réfléchir aux raisons pour lesquelles près de la moitié des Gabonais n’ont pas voté pour lui.

Très loin du portrait qu’en dressent les médias occidentaux, c’est un homme qui a une vision pour son pays. Vision qui se concrétise d’abord par la main tendue à l’opposition dans son premier discours en tant que président confirmé. Ensuite, sa vision est perceptible dans la politique économique et sociale qu’il mène. Entretien.

Jean Ping a affirmé dans une interview accordée à Le Monde que vous avez gagné les élections parce que 52000 étrangers ont voté pour vous. Comment percevez-vous ces déclarations ?
Traiter ses compatriotes de tous les noms est la marque de fabrique des opposants au Gabon. Le vote est un droit dont jouissent tous les Gabonais en âge de voter. A la demande de tous et afin de s’assurer que les élections qui constituent un gage de la démocratie, soient toujours organisées dans  les conditions de transparence optimale et de sincérité, une opération d’enrôlement a été lancée en 2013 par le ministère de l’Intérieur. En application des dispositions de l’article 37 de la loi n°7/96 du 12 mars 1996 portant dispositions communes à toutes les élections politiques. Tout ceci,  afin d’établir un fichier électoral fiable ainsi que l’élaboration de la liste électorale biométrique.

Est-ce que tout a été fait pour éviter que le fichier électoral soit corrompu ?
Ce travail a été réalisé avec une attention particulaire. Il a exigé des moyens de vérification sûrs des documents présentés par chaque compatriote. C’est sur la base de ce travail qu’un fichier électoral a pu être établi. Sur ce, des cartes d’électeurs, outils indispensables pour voter, ont été délivrées aux électeurs. Monsieur Ping ne peut donc pas parler de vote d’étrangers parce qu’une partie des Gabonaises et des Gabonais ne partagent pas sa vision du Gabon de demain qui est dépassée et qui appartient à une époque révolue.

Pourquoi le candidat Jean Ping se plaint-il alors ?
Le candidat malheureux à l’élection a mené une campagne fondée sur la xénophobie, sur le repli identitaire en tenant des propos injurieux à l’égard de plusieurs de nos compatriotes. Plutôt que rejeter la faute sur l’autre, il devrait d’abord s’interroger sur le faible taux de participation dans sa province d’origine.  

Durant toute la période électorale, avant le scrutin, mais également après le 27 août, les médias africains ont senti un parti pris de leurs homologues français dans leur façon de traiter les élections au Gabon. Qu’avez-vous fait à la France ? Et quel est votre sentiment par rapport à ce constat ?

Nous constatons effectivement un acharnement voire une condescendance de certains médias français depuis quelque temps déjà et cela n’a, à mon avis, rien à voir avec l’élection présidentielle qui nous a préoccupés pendant ces longues semaines mais pour beaucoup avec mon nom de famille.

Alors que dites-vous à cette presse condescendante?
Je dirai simplement que le Gabon change et les Gabonais aussi. Nous le constatons depuis le moment où nous avons commencé à prendre des décisions difficiles qui privilégient les intérêts de notre pays et du peuple gabonais en particulier. Je peux comprendre qu’une certaine presse française regarde le Gabon de la même façon qu’il y a 20 ans et n’intègre pas que notre pays s’est diversifié, que la France après avoir été longtemps le partenaire privilégié du Gabon n’est pas le seul partenaire. Toujours est-il qu’elle reste, et c’est notre souhait, une nation alliée et notre principale partenaire.

On vous reproche votre bilan sur le plan économique et social. Avez-vous réellement fait quelque chose pour le Gabon et les Gabonais au cours de ces 7 dernières années ?
Lors de mon septennat, nous avons surtout mis en place les fondamentaux. Nous avons connu des avancées extraordinaires, comme rarement dans le passé.

En sept ans, nous avons construit plus de routes que dans les vingt dernières années et avons réussi à étendre l’assurance maladie obligatoire (CNAMGS) à plus de 1 million de Gabonais – permettant ainsi à ces derniers d’avoir accès à des soins de qualité, à moindre coût.

La Santé est importante, mais qu’avez-vous fait réellement dans les autres domaines, car les critiques sont nombreuses ?
J’en viens justement… Des efforts notoires ont également été fournis dans le secteur de l’habitat qui enregistre la construction de 3.762 logements pour les sept dernières années, un chiffre sept fois plus élevé que le nombre de logements construits, au Gabon, entre 2004 et 2009. Même constat dans le secteur de l’éducation avec la construction de 300 nouvelles salles de classe au bénéfice de 13.500 élèves du primaire et du secondaire et la réhabilitation de 23 collèges et lycées afin d’améliorer les conditions d’apprentissage de quelque 23.000 élèves.

Et au niveau économique proprement dit. Vos opposants disent que le Gabon ne se porte pas comme il devrait. Quel est donc votre bilan en matière de croissance et de répartition des richesses ?
Si ce sont les opposants qui le disent je le comprends parfaitement. Car, l’économie gabonaise a pris le chemin d’une économie basée sur la transformation locale des ressources naturelles. Les recettes générées par le secteur minier ont ainsi fait un bond en avant avec la construction d’un nouveau complexe industriel permettant de transformer le manganèse minerai en manganèse métal dans la ville de Moanda. La Z.E.R.P de Nkok, installée à une trentaine de kilomètres de Libreville, contribue elle aussi à donner l’élan voulu avec l’arrivée d’investisseurs et l’implantation de nouvelles usines de transformation, notamment de la ressource bois. Au total, sur l’ensemble du mandat, l’investissement public a été plus important que sur toute la période 1970-2009. En 2009, le taux de croissance était au-dessous de 1 %. En 2015, il avoisinait 6 %.

A l’image d’autres pays africains, vous avez adopté une nouvelle vision stratégique qui est le fondement de toutes les politiques économiques du pays. Que pouvez-vous nous dire à propos du Plan stratégique Gabon émergent ?
Avec la mise en œuvre du Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) nous avons observé un taux de croissance en hausse ces cinq dernières années, avec une moyenne annuelle de 5.7% contre 1.3 % entre 2005 et 2009, fruits de la politique de diversification de l’économie que j’ai impulsée au profit des populations,  60.000 emplois supplémentaires ont ainsi été créés entre 2010 et 2014, soit quatre fois plus qu’entre 2005 et 2009,

Nous avons aussi réduit de manière significative la part du pétrole dans notre économie – il ne représente plus que 23 % du PIB, contre 45 % lorsque j’ai pris mes fonctions. Cela nous a permis de faire face sans trop de casse à la chute des cours des hydrocarbures. Maintenant, dans certains secteurs, les choses ne sont pas allées assez vite, je le reconnais.

Vu la situation, êtes-vous réellement ouvert au dialogue ?
Je suis et je serai toujours ouvert au dialogue. Je voudrais rappeler que notre culture et  l’héritage légués par nos prédécesseurs sont le dialogue, la tolérance et la paix. Cependant il est difficile de dialoguer avec des personnes qui ne reconnaissent pas nos institutions et qui veulent plonger notre pays dans le chaos. Le Gabon a toujours été reconnu par le monde comme étant un havre de paix. La paix et l’unité sont également les moteurs de mon engagement. Les Gabonais aiment la paix et veulent la paix donc je vais bien évidemment travailler à la leur garantir. Je m’engage à faire en sorte que chacun puisse continuer à vivre et à évoluer dans un pays en paix. Et cet engagement je le tiendrai avec détermination. Je suis et je reste persuadé que seul le dialogue, seule la non-violence peuvent nous permettre de retrouver nos valeurs et unir toutes les filles et les fils de la Nation.

Dans cet esprit de dialogue, j’ai demandé que soit réhabilité le Conseil national de la démocratie qui est l’organe qui doit permettre aux différents participants de notre vie démocratique de s’exprimer. La suite vous la connaissez, des casseurs sont venus le jour de la proclamation des résultats pour commettre des actes de vandalisme. Par le passé, jamais le Gabon n’avait connu tant de violence. Qu’il s’agisse de feu Pierre Mamboundou ou d’un autre candidat, jamais nous n’avons vu un participant à l’élection présidentielle autoriser que l’on s’en prenne aux institutions de la sorte.

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