Patrick Mboma : “ Je recherche une structure professionnelle ”
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De passage au Cameroun, l’ex-goléador des Lions Indomptables parle de l’équipe nationale et de sa carrière.

Le Cameroun a disputé dimanche face à l’Algérie son premier match dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde 2018. Comment avez-vous trouvé cette équipe des  Lions Indomptables ?
Avant toute chose, je voudrais dire que j’étais content déjà du résultat. Je tablais sur un résultat positif sachant qu’il est très difficile de gagner à Blida, même impossible statistiquement. C’est une bonne performance de nos Lions qui sont revenus au score. Maintenant, je n’ai pas été séduit par le contenu, mais par ce qui s’est passé au bout des 90 minutes. C’est-ç-On a réussi à retirer un point qui frustre les Algériens et qui est de bon augure pour la suite, même si on a pour l’instant deux points de retard. Je pense que le favori de cette poule est l’Algérie. Il était bon de prendre des points là-bas.  

Vous parlez du contenu qui n’était pas totalement satisfaisant. A quel niveau pensez-vous  qu’il faut faire des aménagements encore ?
Je pense déjà, il faut le dire, qu’il y a des bonnes choses qui ont été vues, qui ont été déployées par nos Lions sur ce match. La première des choses c’est qu’on a encore une fois montré aux Algériens qu’on était bien supérieurs dans l’impact physique. Néanmoins j’ai trouvé qu’on a, notamment sur des ballons au sol, perdu trop de duels. Ce qui a fait que les Algériens ont même pris confiance, parce qu’ils avaient la faveur des duels à leur endroit. Il faut constater quand même que pour Mahrez qui était le poison principal, c’était beaucoup plus fluide. Et c’était l’arme la plus redoutable côté algérien.

Je vais quand même parler du côté algérien qui a eu un jeu qui manquait complètement de fluidité par rapport à ce qu’ils sont capables de déployer. On aurait pu aussi être meilleurs dans les transitions défensives - offensives, on récupère le ballon, on ne va pas assez vite vers l’avant, ou quand on va vers l’avant on se précipite un peu. Donc il y a eu des déchets à ce niveau. Et pour conclure sur ces aspects je dirais qu’il y a eu au niveau des replacements défensifs collectifs un peu des errances qui n’ont pas été toujours nécessairement palpables pour le commun des spectateurs, mais ce sont des choses sur lesquelles les Lions doivent travailler.

Il y a quelques années déjà qu’on se plaint de cette façon de jouer des Lions qui manque de fluidité. Est-ce une politique ? A quoi cela peut-il être dû ?
Moi je ne m’en plains pas pour une bonne et simple raison, c’est qu’au départ on n’a pas une politique sportive donnée. Quand Hugo Broos ou son prédécesseur ont été nommés, on ne leur a pas dit : on veut jouer de telle ou telle façon. Donc à chaque entraîneur une méthode différente. Et comme les entraîneurs ne font pas long feu, on ne peut pas instaurer un style de jeu. Ensuite, pour comparer avec des périodes plus fleuries en termes de qualité de joueurs, je pense que nous n’avons pas la meilleure des générations de footballeurs camerounais, mais nous avons de bons joueurs qui sont capables d’un rendement meilleur. Je pense donc qu’il faut arrêter de dire « il faut donner du temps à cette équipe en construction », il faut surtout décider comment on veut que nos Lions jouent et pas compter sur la providence pour avoir un jeu léché.

Du côté des sélections jeunes, on a vu les cadets qui se sont qualifiés pour la coupe d’Afrique des nations de leur catégorie, les juniors aussi ont une équipe intéressante. Est-ce une promesse de lendemains meilleurs pour notre équipe nationale fanion?
En théorie oui. Je pense que c’est très important. Pendant toutes ces années où on a eu à obtenir au niveau de l’équipe fanion des résultats, il y a eu une belle disette au niveau des équipes de jeunes. Or les jeunes sont là pour assurer le lendemain. C’est pour ça que je n’ai pas souvent compris comment on ne misait pas sur ces jeunes. Il faut donc, là encore, ne pas forcément attendre que les résultats arrivent, il faut travailler pour que ces résultats arrivent et que ça soit positif pour l’avenir. Donc, oui effectivement nos jeunes joueurs sont les joueurs de demain. On peut prendre l’exemple des Ghanéens qui avec les 20 ans avaient gagné une coupe du monde et derrière ont permis aux Black Stars d’avoir une continuité qui a duré de nombreuses années.

En tant qu’ancien Lion Indomptable, quels sont les rapports que vous entretenez avec l’équipe nationale en ce moment ? Etes- vous consultés de temps en temps ?
Non, je ne suis pas consulté, je ne cherche pas à l’être. Je ne cherche plus à l’être. Je pense que de toutes les façons les footballeurs ne sont pas assez impliqués dans le déroulement du football, donc ça ne m’étonne pas de ne pas être appelé à contribution. J’ai souvent dit que je le ferai avec plaisir, mais encore faut-il que je sois appelé par les bonnes personnes. C’est vrai que la vox populi peut avoir son opinion, mais ce n’est pas elle qui au final décide.  

Parlant justement de consultation, il y a quelque temps que vous êtes consultant sur la chaîne Canal+. Comment est-ce que c’est arrivé ?
C’est ma cinquième saison, je ne me pose plus les questions de comment c’est arrivé. Je dirais que la toute première fois que je me suis retrouvé derrière une chaise pour commenter un match remonte à 2006. Ma carrière a vraiment démarré à l’Euro 2012 où j’ai eu la chance de commenter jusqu’à la finale cette compétition avec Canal+ et derrière, je dirais séduit par ma prestation d’ensemble, j’ai eu la chance d’être reconduit jusqu’à en devenir un consultant vedette. Ça c’est une chance, mais c’est arrivé par le fait de savoir exprimer rapidement ce que l’on ressent d’une situation de jeu donnée, d’une situation globale de football, parce qu’on parle aussi de la saison d’un joueur, de la saison d’un club. Donc il faut savoir discuter de cela, voir beaucoup de matchsa Il n’y a pas véritablement un secret, ça prend ou ça ne prend pas et en ce qui me concerne, d’après ce que j’entends, ce que je fais n’est pas catastrophique.

On s’attendait à voir partager votre expérience, peut-être sur un banc de touche. Est-ce que vous y pensez encore ?
J’y pense, d’autant plus que j’ai obtenu encore un diplôme au mois de mai. Donc mon ambition effectivement c’était d’arriver au niveau professionnel. Aujourd’hui c’est ce que je recherche, une situation dans une structure professionnelle. C’est très large, il n’y a pas beaucoup de restriction à cela. J’anticipe déjà la prochaine question qui pourrait être « Et sia et sia ». Si ça ressemble ç une structure professionnelle, il y a des chances que ça puisse me séduire.  

Ça veut dire que si les Lions Indomptables sont organisés en structure professionnelle,vous ne direz pas non
(Rires). J’ai déjà répondu à la question.

Le Cameroun accueille bientôt deux compétions. Déjà la coupe d’Afrique de football féminine cette année et en 2019 la Can masculine. L’organisation de ces compétitions peut-elle être une aubaine pour notre football ?
Ça peut être une aubaine pour le football camerounais, mais d’après ce que j’en entends ça va difficilement être une aubaine pour la chanson camerounaise, parce que l’hymne est plutôt critiquable, pourtant nous avons des talents qu’on aurait pu associer ou alors qu’on a associé, parce que Charlotte Dipanda ce n’est pas le dernier de nos talents, loin s’en faut. Ça c’est une démonstration de ce que l’on peut faire de mauvais au Cameroun. C’est très facile d’être critique me direz-vous, mais il y a quand même du temps entre le moment où on est désigné pour accueillir une compétition et la compétition elle-même. Donc la préparation doit se faire de la meilleure des façons. La Can féminine n’est malheureusement pas une compétition en miniature qui permettrait de définir si on est prêts pour la Can 2019.

Je ne veux pas parler en oiseau de mauvais augure, mais j’ai peine à croire que l’on sera capable d’accueillir dans les meilleures conditions cette compétition dans deux ans. Je fais mes comptes, nous sommes effectivement en 2016, si je rajoute deux ans, nous sommes en octobre 2018, donc à trois mois de la compétition. Donc à deux ans et trois mois de cette compétition, vu le peu de choses que nous avons réalisées, étant donné que nous ne sommes pas les Etats-Unis, nous ne pouvons pas nous vanter d’avoir à profusion des hôtels, des routes ou autoroutes et aéroports, je pense qu’on est complètement en retard. J’ai vraiment peine à croire, même si c’est tout le mal que je souhaite à notre pays, que nous soyons prêt pour accueillir cette compétition.

L’état de santé de Rigobert Song, un de vos ancien coéquipiers en sélection nationale, a beaucoup fait parler ces derniers. Avez-vous eu de ses nouvelles ?
Oui, j’ai eu de ses nouvelles. Ce qui est triste c’est que Rigobert a eu cet accident vasculaire cérébral, comme on le sait tous, pour qu’il y ait des chances d’avoir la meilleure des santés possibles derrière, en terme de récupération, il faut prendre en charge au plus vite cet accident. A mon sens ça a été long. Long parce qu’on a voulu à tout prix le transférer vers la France, ce qui n’était pas à mon sens nécessairement la meilleure des solutions. Mais enlevons ce débat-là et disons simplement que je suis triste parce que Rigobert Song camer.be est une jeune personne, une personne qui paraissait en bonne santé, qui ne rappelle que de bons souvenirs, qui était un homme joyeux, souriant et qui a eu, il y a une semaine un accident grave.

Espérons qu’il puisse à l’avenir récupérer au mieux, mais pour l’instant on va patienter que la science fasse son travail et nous ramène un Rigobert le moins atteint possible. Derrière il y aura certainement une phase de récupération, de rééducation longue. Donc il faudra être très patient pour savoir Rigo aura réagi à cela. J’insisterai sur le fait qu’il faut arrêter d’utiliser à mauvais escient les réseaux sociaux, de colporter des rumeurs sur une prétendue morta les gens savent tout de comment il a été opéré, avec qui il était. Les gens croient tout savoir, au final on voit la différence entre un individu traité au Cameroun pendant 72 heures, on raconte beaucoup de choses et une fois qu’il atterri sur le sol français on garde d’abord le secret médical et la pudeur qu’il y a face à un malade. Aujourd’hui je dirai prions et patientons pour avoir un Rigobert Song qui soit le premier à témoigner de sa dure épreuve.

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