Cameroun: Ce que font les automobilistes Camerounais quand ils sont au volant
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Cameroun: Ce que font les automobilistes Camerounais quand ils sont au volant :: CAMEROON

Les statistiques sont effroyables. Les Nations Unis classent les accidents de la routes comme deuxième cause des décès en Afrique. Les dernières statistiques les plus récentes en la matière sont contenues dans le quotidien Mutations du 12 novembre 2016 et ont été rendues publique le 10 novembre 2015 à Douala à l’occasion de la première journée de communication sur l’engagement du secteur privé dans l’amélioration de la sécurité routière. En fait, l’État a décidé d’associer la société civile vue la montée exponentielle des chiffres. Cette société civile a donc fait sa première sortie pour rendre public ses chiffres qui font état de ce que 12 personnes meurent chaque jour par accidents routiers. Cela fait donc en moyenne presque 4700 personnes décédées chaque année au Cameroun. Mais, la grande tueuse, c’est ce qu’on appelle vulgairement « l’axe de la mort » ou encore « le triangle de la mort ». Il est constitué des routes qui rallient les trois plus importantes villes du sud : Douala, Yaoundé et Bafoussam. Ce triangle de la mort avale plus de 60 % de personnes à lui seul. Pour ce qui concerne les pertes financières alors, n’en parlons plus : les documents de stratégies nationales de sécurité routière (2009-20014) révèlent que le Cameroun perd plus de 100 milliards de FCFA par an.

La question lancinante cependant est celle de savoir la ou mieux, les causes de tous ces accidents routiers qui coûtent ainsi tant de vie, d’argent et de matériels au Cameroun. Pourquoi tant ces carnages, ces hécatombes qui sont, pourtant évitables. Oui, ces catastrophes sont évitables parce qu’elles sont l’œuvre des hommes, des comportements des uns et des autres qui sont le fait des négligences assez criardes tout de même. Tenez, par exemple, plusieurs études en sciences sociales ont démontré que les accidents routiers sont à 80-95 % dus aux comportements des automobilistes. Cela, bien entendu, n’exclut pas les facteurs exogènes comme le mauvais état des routes, la piètre qualité des véhicules importé et le climat. Ce sont ces trois facteurs qui doivent déterminer le comportement d’un automobiliste au volant. Il faut tout de même signaler ici que malgré la présence des nids de poule, c’est la vigilance qui est seule capable de sauver des vie. Mais, que remarque-t-on pourtant ? Une sorte d’irresponsabilité doublé d’un état d’inconscience délibéré et avéré. Voici quelques portraits de ces automobilistes qui foutent le bordel sur nos routes.

Les automobilistes sont fiers de faire le rallye sur des pistes aux nids de poule

Ça arrive souvent de constater que sur la route qu’on appelle pompeusement « axe-lourd » (Douala-Yaoundé-Douala) les conducteurs roulent à plus de 120 voire 160 km/h. Cet axe a la réputation d’être dépassé aujourd’hui pour une route qui doit desservir deux grandes capitales du pays, l’une politique et l’autre économique de plus de 3 millions d’habitants chacune. Le trafic sur cet axe est telle que si on le ferme, c’est comme si on a coupé le pays en deux. Même comme le chiffre exacte n’est pas disponible sur la circulation sur cet axe, on estime à plus de 1000 véhicules qui passent par là par jour, excusez du peu ! Des petits aux gros calibres se font le plaisir de montrer leur robustesse et leur puissance à la manière de K 2000 de Michael Knight. Qu’importe la qualité de la route ni la puissance de la voiture, chacun roule comme s’il se faisait une concurrence pour gagner une médaille olympique. L’amour, la passion de la vitesse gagne tout conducteur qui ne supportent pas de se voir adouber par une Toyota Yaris alors qu’il a une Mercedes. Lorsqu’une idée pareille se loge dans la ciboule, on oublie l’objectif principal pour se focaliser dans le dépassement, j’allais dire, dans la concurrence en superman : « il veut même montrer quoi ? ». Voilà ! C’est le début de la folie et la suite, vous pouvez l’imaginer vous-même.

Les automobilistes boivent et mangent beaucoup parce que, demain, on ne sait jamais…

Ne soyez pas surpris qu’à une invitation vous voyez un Camerounais qui a choisi d’aller à une cérémonie festive sans son véhicule. Beaucoup ont déjà compris la leçon pour avoir vécu des expériences épouvantables. Les automobilistes ont ceci de pathétique qu’ils se sont habitués à ne pas seulement ingurgiter beaucoup d’alcool, mais à remplir la panse comme s’ils avalaient les aliments pour les conserver dans la panse afin de ruminer après le voyage, oubliant qu’un ventre qui reçoit du mélange, réagit aussitôt. Du coup, ils se retrouvent au volant étant pressé d’arriver à destination. Il y en a qui ont le courage de s’arrêter pendant le parcours et de s’excuser pour aller déféquer en brousse. Oui, il faut avoir du courage, parce que les moqueries venant des passagers les insupportent : « mon frère, le mélange n’est pas bien hein ». Ce genre de situation arrive généralement sur la route de l’Ouest vers Douala ou vers Yaoundé de retour des funérailles et des obsèques où des occasions de grandes bouffes ne manquent pas. Quand la bière commence à faire ses effets sur le cerveau, c’est le sommeil et la fatigue qui sont au volant. Les automobilistes les plus expérimentés savent camoufler cet état de fatigue à tel point que les passagers ne s’en rendent compte que lorsque le pire survient. Trop tard pour faire quoi que ce soit !

Le téléphone et les femmes : s’ils n’existaient pas, on les aurait créer

Parfois, ça a l’air de ne rien dire à personne, mais ça arrive, ça devient très sérieux. Lorsque vous apercevez un automobile en plein axe-lourd au téléphone, vous allez d’abord penser qu’il est en train de résoudre un problème familial ou un business qu’il a lancé. C’est lorsque vous constatez qu’il devient de plus en plus nerveux que vous vous ravisez sur vos fausses illusions. Les automobilistes ont l’habitude de ne pas traiter des choses sérieuses au téléphone. Ces conducteurs prennent bien soin de laisser leur famille et leur business au chaud avant de prendre le volant d’une voiture, hein. Je disais donc, quand un conducteur décroche le téléphone à plusieurs reprises, jetez juste un coup d’œil sur sa figure, il devient de plus en plus nerveux. Ne cherchez pas loin : ces gars ont l’habitude de prendre la poudre d’escampette après avoir nourri leur amante de promesses pompeuses. Lorsqu’elle se rend compte de la duperie, elle menace son cher amant au téléphone en l’affabulant de tous les noms d’oiseaux au point de faire un AVC. La nervosité d’un « deuxième bureau » c’est quelque chose hein. C’est ça qui rend nos pauvres chauffeurs tendus à tel enseigne où on se demande comment peuvent-ils oser faire un dépassement monstrueux comme ça là ? N’essayez même pas d’aller plus loin dans les recherches pour savoir ce qui les arrivent, sinon ce sera à votre tour d’avoir des migraines.

Les automobilistes adorent le pointages : surcharge de passagers et de marchandises

Il existe, chez tous les automobilistes transporteurs, un phénomène pour le moins bizarre : c’est le bâchage. Que ça soit dans un taxi, une moto, un car de transport, il est devenu une habitude voire une règle incontournable. Pour les transports urbains comme les taxis et moto-taxis (ben-skin), les études montrent bien que les usagers sont parfois les principaux demandeurs à cause de la rareté des transport aux heures de pointe. En cas de bâchage, les femmes sont toujours assises au milieu entre le ben-skineur et le deuxième passager. Pour l’élégance, on dit que c’est pour la sécurité de la femme. Mais, sérieusement, les seins qui égratignent le dos du ben-skineur peuvent le distraire, hein.

Pour un taxi de cinq places, dont trois derrière et deux devant (y compris celle du taximan), un sixième passager peut venir se faufiler devant et s’asseoir entre le conducteur et le cinquième passager. Cela n’est pas sans conséquence sur le confort du taximan qui est obligé de manipuler le frein à main et sa vitesse en frôlant les cuisses de la cinquième passagère. Ne soyez pas naïf, je vous prie, les taximans adorent avoir une belle femme assise là. C’est une belle occasion de manipuler et changer la vitesse à temps et à contre-temps. Quel homme normal peut être insensible à une sublime beauté ? Seulement, le pire est vite arrivé lorsque le gars perd la tête et ne loupe pas une occasionne d’égratigner sa voiture dans l’un des carrefours embouteillés de Douala. Si un taximan a la malchance d’avoir frôler un ben-skineur, ce sont des échanges d’injures les plus sophistiquées que vous allez entendre.

Pour ce qui concerne les cars de transport, le vrai pointage du conducteur, ce sont les bâchages de passager en cours de route, des surcharges de marchandises au point d’embourber le car sur des routes non praticables. Ne me demandez pas s’il n’y a pas de contrôle en route. Vous ne savez pas que les policiers et les gendarmes n’attendent que ça pour arrondir leur fins de mois ? Du coup, les surcharges sont alors permis. Ça devient un cafouillage total et bonjour les accidents. Qui vous a même dit que les assureurs ne sont pas contents lorsqu’ils constatent que le véhicules accidenté était en surcharge ?

Le défaut de casques tue, mais ça fait quoi à qui même si on ne l’a pas ?

Le phénomène de défaut de casque est devenu comme une gangrène qui tue à petit feu. Il a finit par ne plus être considéré comme une habitude : c’est désormais la règle absolue. Porter un casque lorsqu’on est sur une moto est désormais perçu comme une curiosité. Sur tout le territoire camerounais, le constat est le même. Il ne faudrait surtout pas penser que Douala et Yaoundé sont des villes récalcitrantes. Qu’on soit en pleine circulation urbaine, en campagne ou sur l’axe appelé « triangle de la mort », il est courant de voir un conducteur de moto, avec un passager derrière lui, rouler de 70 à 100 km/h sans avoir mis un casque. J’en ai fais la douloureuse expérience en prenant une moto pour la ville d’Edéa situé à plus de 40 km à partir de la sortie Est de Douala. Le gars roulait à 85 km/h sans casque, lui et moi. Ça ressemblait un peu à une vie de film de science fiction en pleine réalité.

Je me souviens avoir vécu une scène qui avait failli devenir une émeute. Les autorités de la ville de Douala tentaient de convaincre les moto-taximans (ben-skineurs) d’adopter le port de casque en vain. Pour être sérieux, cette histoire de refus de port de casque avait été l’œuvre des femmes qui tentent de se justifier en prétextant la santé de leur cheveux. Elles disent que les casques que les ben-skineurs réservent aux clients sont pleines de saletés et pas adaptés pour leur brésilienne achetée à prix d’or. En fait, disent-elles, lorsque ces casques vont de tête en tête, ils sont susceptibles de transporter des microbes dangereux pour leurs cheveux et leur peaux. Mais, la vérité est que les femmes n’aiment pas détériorer leur belle et délicate brésilienne avec le port de ce casque. Leur cause a fini par devenir celle des hommes qui, par mimétisme et par paresse, ont tout de suite estimer que le casque est dangereux pour la santé. Il fallait donc faire le choix : entre mourir en plein choc du crâne sur le bitume et mourir de chiques et de teignes. De toutes les façons, la mort c’est la mort, il y a quoi même ?

Pourquoi les ceintures de sécurité et des siège pour enfants sont-ils négligés ?

Contrairement aux casques pour les conducteurs de moto qui refusent systématiquement de les acheter au moment d’achat de leur moto, la ceinture de sécurité ne s’achète pas. Elle fait partie des équipements de sécurité du véhicule. Le défaut de ceinture de sécurité est une petite négligence qui a pourtant des conséquence incommensurables. Au départ du véhicule, les automobilistes prennent bien le soin de mettre leur ceinture. Ils sont même à féliciter pour ça. Mais, le hic, c’est que lorsque le véhicule arrive à destination, il est difficile de trouver la ceinture bien attachée. Que s’est-il passé entre-temps pour que cette ceinture ne soit pas à sa place ? Ce sont des multiples arrêts, soit obligatoires, soit volontaires. Le temps d’obtempérer aux multiples interpellations policières, le gars s’empresse de mettre le pieds sur l’accélérateur en oubliant sa ceinture. C’est juste une question de temps. Les conducteurs qui ne sortent pas de leur véhicule arrivent à destination sans souci, mais qu’en est-il des passagers ? C’est sans commentaires ! En faisant un petit tour dans les gars routières ou en visitant quelques agences de voyages, les sièges pour passagers n’ont pas de ceinture de sécurité, sauf les cars appelés dans leur langage « cars VIP ». Dieu seul sait combien de vie on peut sauver si tous les passagers mettaient systématiquement leur ceinture de sécurité. Pour ce qui concerne les siège pour bébé, je ne sais même pas si les automobilistes Camerounais savent que cette affaire-là existe. Par curiosité, j’ai interrogé un syndicaliste qui m’a révélé que sur dix véhicules qui conduisent avec un enfants à bord, un seulement possède un siège pour bébé qui est pourtant obligatoire sous d’autres Cieux. Il poursuit en disant que tous les véhicules ayant un enfants de moins de 10 ans à bord doivent être dotés d’un siège pour bébé. Allez donc voir ce qui se passe sur nos routes où les voitures et les cars de transport en commun ayant des enfants de moins de 5 ans sont calmement assis sans ceinture, roulent tranquillement ! Les chocs frontaux sont alors inévitables.

Les jeunes de plus en plus nombreux au volant des voitures de luxe

Plusieurs fois de suite, oui, je dis bien plusieurs fois, il m’est arrivé de constaté, au réveil, qu’une voiture a fini sa course pour échouer devant le portail de la maison familiale. Ce sont des cas d’accident récurrents où les causes ne sont plus à chercher très loin : l’excès d’alcool. Le conducteur a donc passé toute sa soirée à boire et a pris le risque de conduire. Lorsque le propriétaire, généralement âgé, arrive pour dégager sa bagnole, nous en profitons pour nous enquérir sur ce qui s’est réellement passé. C’est donc son fils qui a eu le toupet d’aller à une surprise-partie accompagné de ses copains. Si l’on peut s’interroger sur le taux d’alcool ingurgité par les conducteurs, il ne faut pas cependant oublier que l’âge est un facteur très important. Autant il ne faut pas confier le volant à une personne trop jeune, autant les personnes de troisième âge conduire de moins en moins.

Les injures crasses pour vilipender les manœuvres maladroites et gauches

Je m’en voudrais de ne pas mettre en exergue ici des comportements vils d’un autre genre : celui des insultes qui sont même devenues le sport le plus pratiqué des automobilistes. Comment ces insultes influencent-elles les accidents de la route, se demandent certains ? Le lien entre les insultes et les accidents est loin d’être direct, mais c’est surtout son aspect hystérique qu’il convient de souligner ici si on prend en compte l’état d’esprit des automobilistes au volant. En ce sens, l’état colérique peut avoir une influence sur la conduite. Les études formelles qui le démontrent sont vraiment rares, mais ce qui est par contre intéressant c’est la revue, non exhaustive, des formules verbales explosives et des moyens d’expression des conducteurs. Ces injures sont proférées dans des situations d’attentes doublé d’impatience lorsqu’on est engouffré dans l’un de nombreux embouteillages des grandes villes. La richesse du vocabulaire est immense dans ce domaine. Ainsi, il suffit d’un énervement pour s’entendre dire qu’on n’a pas de « couilles » en lançant tout de go « tes noyaux ». Les plus courageux vont même jusqu’à proférer des injures en s’attaquant à votre mère : « le Q de ta mère ». Il faut le préciser tout de même, les ben-skineurs sont des champions de ces invectives de bassesse les plus loufoques. Peu importe le coupable. Ces ben-skineurs ont toujours raison. Ils ont la priorité. Même au feu rouge où l’arrêt est interdit, ils ne se gênent pas et passent sans inquiétude. Malheur à celui qui s’évertuera à leur donner de leçons de conduite. D’ailleurs, un usager à bord d’un Land Cruiser 4X4 conduit par une femme a été traité de « gigolo » par ces maître de la route. Il existe même une liste d’injures des automobilistes Français qui pourra vous donner une idée de l’état d’esprit des conducteurs.

Puis-je continuer ? Non, je m’arrête-là. La liste des types de comportements des automobilistes Camerounais est très longue, trop longue même. Ce qu’il faut retenir ici, c’est que l’état psychologique et physique des automobilistes est l’un des facteurs, sinon, le facteur important dans la cause des accidents routiers. Un conducteur occupé à regarder une belle femme sur le trottoir, à toucher les cuisses d’une passagère, à causer au téléphone, est plus dangereux que son collègue qui ne respecte pas le code de la route. Ce genre de comportement est le fait que ces conducteurs vivent un fantasme qui les place au dessus des autres. Ils se vantent en croyant permis de tout faire. Il y a même un courageux qui s’est permis de draguer ma copine en ma présence. Tout ça, à cause du carburant ! Malchance !

Je m’arrête-là, sinon…

« Ce billet est ma contribution dans le cadre de la campagne #StopAuxAccidentsRoutiers »

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