Pourquoi cache-t-on l’information ?
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Des rapports de plusieurs organismes internationaux classent le Cameroun parmi les pays où l’accès à l’Infomatin reste difficile. Un plaidoyer est en cours pour l’adoption d’une loi sur le sujet.

Depuis hier, se déroule à Yaoundé un séminaire de formation des personnels de l’Etat en charge de l’accueil et de l’information des usagers. L’initiative est du programme national de gouvernance (Png) logé dans les services du Premier ministre. Les organisateurs de ce séminaire expliquent qu’il est urgent de sortir le Cameroun du rang des pays où l’accès à l’information reste difficile à la fois pour les citoyens ordinaires, mais aussi pour les journalistes. Pour justifier cet état des lieux, le Png s’appuie sur un certain nombre des rapports. C’est le cas de celui de l’Ong Global integrity, mais aussi de celui du Reporter sans frontières publié cette année. En fait Rsf classe le Cameroun à la 126éme place sur les 180 pays ayant fait l’objet d’une évaluation. Il en ressort qu’il est difficile d’accéder à l’information chez nous.

Pour qui connaît l’administration camerounaise, il est certain qu’il y a très souvent de la rétention sans objet de l’information par les agents de l’Etat. A écouter les expériences des uns et des autres, on est souvent surpris par le comportement de certains fonctionnaires. « Je suis allé demander un texte signé la veille par un ministre. L’agent en question me dit que ce document relève de secret défense et il ne peut pas me le donner. Or, le document a été lu à la radio », raconte ce journaliste. Effectivement, les journalistes sont les premiers concernés par ce problème. Pour avoir une information venant de certains services publics, il faut jouer des coudes. Or, il existe un dispositif législatif en la matière.

La loi n°90/02 du 19 décembre 1990 précise que l’accès aux documents administratifs est libre, sauf dispositions législatives ou réglementaires contraires. Ce libre accès concerne tous dossiers, rapports, études, comptes rendus, procès-verbaux, statistiques, directives, instructions, circulaires, notes, ou tout document relevant des actes de droit positif. Cette loi garantit et reconnaît aux journalistes et assimilés la protection des sources d’information. Ladite protection ne peut être levée que devant le juge et à huis clos. Entre le texte et le contexte, il y a un fossé qui est grand. Les sources officielles sont frileuses. Elles demandent chaque fois aux journalistes de se référer à la fameuse « hiérarchie » qui, en réalité, est une manière courtoise de refuser l’information. Conséquence, les journalistes les plus sérieux se ruent vers les sources anonymes, avec ses corollaires.

Les moins sérieux se contentent des ragots qu’ils amplifient en fonction de leurs fantasmes. Et le public paie les frais parce que mal-informés. En sus des journalistes, les citoyens lambda rencontrent le même problème. Et pourtant, selon la norme tout citoyen a en principe libre accès aux archives par exemple. Par ailleurs, « le refus opposé à une demande de communication de document doit être motivé ».

Pour ce qui est des employés, que ce soit ceux du secteur public ou ceux du secteur privé, ils ont droit à la transparence de leurs situations professionnelles ainsi que l’accès aux informations y relatives. Quand on voit des personnes qui quittent Kousseri pour venir à Yaoundé « suivre leurs dossiers », on peut conclure qu’il y a encore problème. C’est justement pour venir à bout de ce problème que le programme national de gouvernance a organisé ce séminaire qui s’achève ce jour. Il a été question de préparer les participants à porter partout le plaidoyer sur la nécessité de l’adoption au Cameroun d’une loi sur l’accès à l’information. Mais il faut avouer que même si c’est une étape importante, l’arsenal juridique n’a aucune importance tant que les mentalités n’auront pas évolué. Le culte du secret doit disparaître pour laisser place à la transparence. Et pour y arriver, il faut forcement que ceux qui donnent les informations ne se reprochent de rien.

« Certains d’entre nous ne donnent pas des informations parce que nous ne sommes pas certains de l’utilisation qu’on veut en faire. Et puis, pour donner une information, il faut que ce soit le chef. Et vous savez que vous pouvez donner une information, elle retourne contre vous », explique ce fonctionnaire qui évoque souvent le secret professionnel, et la discrétion. Des terminologies qu’il faut bien comprendre pour qu’elles cessent de constituer un justificatif à la rétention de l’information.

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