La singulière « souveraineté » des Etats africains face à l’Occident : une arme contre leurs peuples
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Afrique :: La Singulière « Souveraineté » Des Etats Africains Face À L’occident : Une Arme Contre Leurs Peuples

Comme c’est étrange en Afrique actuellement, de constater que les dictateurs, dès lors qu’ils sont critiqués sur la violence qu’ils infligent à leurs peuples, ou alors qu’ils ont triché aux élections, ou bien qu’ils désirent s’éterniser au pouvoir, se cabrent aussitôt sur la « souveraineté » de leurs pays !!!! Ils réveillent alors immédiatement l’instinct anti-Occident de la population, et une partie de celle-ci prend automatiquement leur défense. Elle se met à fermer les yeux sur le caractère barbare de leurs régimes, sur la brutalité qu’ils infligent à ceux qui les contestent; bien mieux, elle les transforme en « panafricanistes », le terme révolutionnaire à la mode actuellement dans de nombreux pays au sud du Sahara. Bref, leurs « essuie-pieds » deviennent leurs chiens de garde prêts à mordre avec rage « les ennemis de l’Afrique ». 
Et pourtant !

     Et pourtant, ces « grands patriotes » écraseurs de leurs peuples, sont de grands exportateurs de capitaux volés dans leurs pays, vers le même Occident. Ils y détiennent tous ainsi d’impressionnants parcs immobiliers, tout comme des actions dans de grosses multinationales qui pillent en même temps et de manière éhontée les richesses de leurs propres pays. Au moindre mal de dent ou de tête, ils y accourent. Pour changer de lunettes, de paires de chaussures, de vêtements, etc., même chose. Ils y passent leurs vacances, plusieurs fois par an. Leurs épouses y font leurs courses, pour ne pas dire leur marché. Leurs gosses y sont inscrits dans les lycées, parfois même dans des écoles primaires. Ils y sont gardés par des bataillons entiers de leurs gardes présidentielles. Dans le même temps, les gosses de ce peuple qui prend aveuglément leur défense face à l’abominable Occident, eux, vont en classe … en plein air !!! Sous le soleil, sous la pluie. Les bavards de la société Elf ont fini par nous révéler que dans tous les pays où la France exploite le pétrole en Afrique, le Président de la République perçoit une commission de 1 US dollar par baril extrait du sous-sol. (Alors, le Cameroun qui exporte du pétrole depuis la fin des années 1970 … imaginez la fortune de ses deux présidents, à raison simplement de  50.000 barils par jour par exemple …) En tout cas, là, il n’y a pas de souveraineté. Il n’y a pas « immixtion », « intrusion grossière » dans les affaires intérieures d’un Etat « indépendant ».      

De même, lorsque Boko Haram et autres sectes islamiques mettent à mal les armées nationales parce que celles-ci ont été avant tout formées pour mâter le peuple, et que l’Occident est sollicité, la « communauté internationale » est appelée au secours, il n’y a pas de souveraineté. Lorsque tous les ports africains, en tout cas, ceux de l’Océan Atlantique, sont contrôlés par Bolloré, c’est-à-dire un Français, il n’y a pas de souveraineté. 

La décolonisation mentale des Africains.

     Cet étrange comportement dénote fondamentalement une chose : les Africains ne sont toujours pas mentalement décolonisés. Ils continuent à accuser l’Occident de tous leurs maux, le rendre responsable de leurs propres insuffisances, leurs propres échecs. En clair, ils se déresponsabilisent. Dans un pays tel que le Cameroun, le carburant des voitures de l’Etat, à lui seul, coûte 40 milliards de francs au budget national. Avec cet argent, l’université pourrait devenir gratuite, car cela correspond à 800.000 inscriptions à 50.000 francs cfa, car qu’il n’existe que 300.000 étudiants dans nos campus. Les députés à l’Assemblée Nationale et les Sénateurs se retrouvent avec des dotations budgétaires scandaleuses, les membres du gouvernement, les officiers supérieurs de l’armée, etc., etc., etc. Le Cameroun est ainsi la République du gaspillage scandaleux et normal de l’argent public ; ça, les Camerounais ne le voient pas, c’est l’Occident qu’ils accusent. Nous avons dans notre pays, toutes sortes d’ingénieurs, toutes sortes de diplômes glanés dans toutes les plus prestigieuses universités du monde, mais que sous-emploie l’Etat ; ça, les Camerounais ne le voient pas, c’est l’Occident qu’ils accusent ; actuellement, le dada, c’est la sortie de la zone franc. Les gens s’y font des gorges chaudes. Ne pas en parler, est être « antipatriote ». Mais, à quoi servirait une monnaie africaine, si l’esprit actuel ne change pas. Celle-ci retournerait immédiatement par containers entiers à Paris, Genève, New-York, Washington, Singapour, Hong-Kong, etc., comme le francs cfa actuellement. Elle ferait de nouveau le bonheur des paradis fiscaux. Et nous continueront à en accuser l’Occident, comme aujourd’hui.

Le patriotisme nouveau.

     Il faut bien le comprendre, être patriote actuellement, ce n’est plus, comme pendant les années 1950, où il fallait sortir du joug colonial. Cette époque est révolue. Ce n’est plus comme tout au long des années 1960, 1970, 1980, 1990, où le néocolonialisme était triomphant. Cette époque est également révolue. La fin de la guerre froide est venue bouleverser le monde, et a fortement accru l’autonomie des dirigeants africains, au point où ceux-ci disposent désormais d’une plus grande capacité de résistance face à Paris et en usent avec aplomb. Ils lui font même du chantage, en brandissant la Chine comme partenaire économique de rechange. Mais, en s’autonomisant par rapport à la France, ce n’est nullement au bénéfice de leurs peuples, pas du tout. Ils s‘autonomisent pour eux-mêmes, pour leur pouvoir, pour leur gloire. Ils s’autonomisent pour mâter en paix, en silence, leurs peuples, les martyriser au nom prétendument de la « souveraineté» de leurs Etats et de leurs pays. Des individus qui étaient totalement indifférents au combat pour l’indépendance hier, quand ils étaient jeunes et étudiants, sont métamorphosés à présent en grands « souverainistes », avec le consentement irréfléchi d’une partie de la population.      

En conséquence, le patriotisme du 21ème siècle en Afrique, consiste désormais à combattre avant tout ces personnes au pouvoir qui usent de mille ruses, de mille astuces et de mille arguments pour s’y maintenir à vie, et le léguer, en partant, à leurs fils, ou à défaut, à leurs protégés. Tel devrait être le combat de tout authentique patriote africain actuellement. Ne pas succomber à leurs arguments fallacieux. 

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