Relance de la Camair-Co : Ernest Dikoum à l’épreuve de Boeing business plan
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Herculéenne s’annonce la mission du nouveau directeur général de la compagnie nationale de navigation aérienne, qui devra s’appuyer sur le business plan de son partenaire Boeing, sous le feu de critiques nourries après son approbation par le chef de l’Etat.

En rendant publiques les recommandations de Boeing business plan pour la relance de la Camair-Co, le ministre des Transports avait clairement indiqué que l’approbation par la très haute hiérarchie de plan du partenaire américain de la Camair-Co vaut engagement pour le gouvernement d’implémenter ses recommandations. C’est dire si le nouveau team management de la Camair-Co, entré en fonction la semaine dernière, trouve dans ce document de stratégie la boussole qui devra guider son action managériale. 

Suffisant pour remettre au goût du jour le débat sur les chances de réussite d’Ernest Dikoum et de son équipe, tant le business plan proposé par la compagnie Boeing essuie de nombreuses et virulentes critiques. Des analystes lui reprochent son coût excessif qui pourrait grever les finances publiques, des dépenses a priori prohibitives pour l’Etat du Cameroun au regard de la conjoncture économique. Ce plan prévoit notamment que l’Etat devra injecter la bagatelle de 60 milliards de FCFA , restructurer une dette évaluée à environ 35 milliards de FCFA et acquérir 09 nouveaux aéronefs afin de porter la flotte de la compagnie à 13 pour pouvoir desservir de nouvelles destinations. 

Des recommandations pour la mise en œuvre desquelles le commun des camerounais se veut dubitatif. Dans une interview à nous accorder dans notre édition N°172 du 4 août dernier, Bernard Ouandji, fin économiste et prévisionniste n’y voit que du bluff. « C’est le fond qui manque le plus. Les priorités sont multiples et tout est urgent. Il n y’a pas que Camair-co. Le trésor public connait des fins de mois difficiles pour assurer les charges de fonctionnement qui sont prioritaires, notamment les salaires, carburants et autres. 

L’épargne publique est quasiment nulle et il faut emprunter, mais les robinets sont fermés depuis l’an passé», s’écrit-il, comme pour dire l’incapacité du trésor public à dégager 60 milliards de FCFA au profit de la seule Camair- Co. une inquiétude qu’il relève également à propos de la restructuration de la dette de la Camair-Co. « Voici plus d’un an que le ministre des Finances a reçu instructions fermes de restructurer les dettes de la Sonara, mais à ce jour, il n’a pas réussi. 

Au mois de mai  2016 dans sa énième tentative de refinancer les dettes de la Sonara, le ministre des Finances a proposé aux banques locales de reprendre un paquet de 70 milliards de FCFA. Au final, l’opération n’a récolté que 36 milliards de FCFA… ». Autant se demander quelle banque pourrait accepter de racheter la dette toxique d’une entreprise reconnue budgétivore comme la Camair-co, lorsque les banques, ne parviennent pas à reprendre celles d’une entreprise pétrolière, donc potentiellement porteuse comme la Sonara. 

Cohabitation difficile

A ces impossibilités virtuelles, l’économiste ajoute le déficit de rentabilité du principal avion de la Camair-co, le Dja, qui pour lui doit sortir du ciel camerounais. « Voilà un avion qui pointe bientôt 30 ans d’âge, dont la disponibilité a été inférieure à 15 % au cours des 12 derniers mois. Bref, un avion pas fiable du tout et dont l’exploitation génère un cash-flow négatif ». 

Pour ailleurs, pour nombre d’analystes, le statut juridique de la Camair-Co ne prête pas le flanc à une véritable compétitivité. « Il faut se résoudre à admettre que la modalité d’une compagnie 100 % étatique ne réussit pas. L’Etat devra avoir plus de parts sociales que chacun des partenaires, mais moins que les partenaires réunis », soutient-il. Une approche partenariale avec le secteur privé que beaucoup d’observateurs appellent de tous leurs vœux, comme étant la clé de succès de la nouvelle Camair-Co. 

Sur  le plateau de 1/7 sur Canal 2 international la semaine dernière, Joseph Eloundou - un acteur proactif de la société civile, soutenait que pour réussir sa mission, Ernest Dikoum devra arrimer sa gestion à celle privée des entreprises, dont le but essentiel est la recherche de gains financiers. Mais la nouvelle direction peut-elle donner une telle orientation managériale à la compagnie de navigation aérienne, dans un pays où le chef de l’Etat et les membres du gouvernement préfèrent emprunter les compagnies étrangères pour leurs déplacements ? Pas si sûr au regard de la tutelle politique qui lui est flanquée, avec pour Pca - le Président du conseil d’administration, le ministre délégué auprès du ministre des Transports - Mefiro Oumarou, en plus de sa tutelle technique - le ministère éponyme, et sa tutelle financière - le ministère des Finances. 

D’ailleurs, au cas où il envisagerait injecter les modes de gestion privée axée sur les résultats à la compagnie nationale, ceux-là qui ont fait la réputation d’Emirates où il officiait jusque-là, beaucoup d’observateurs prédisent au nouveau directeur général une cohabitation difficile avec sa tutelle, ce qui ouvrirait une nouvelle crise de gestion, pas indiquée pour induire les performances souhaitées. Malgré son background séduisant dans le secteur de la gestion aéronautique, que peut bien Ernest Dikoum face à une équation à autant d’inconnues ? Question de conscience qui atteste de la délicatesse de la mission de la nouvelle direction de la Camair-Co, pourtant appelée à sauver une compagnie au bord du gouffre. 

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