Un membre du comité de vigilance abattu à KOLOFATA
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Son compagnon d’infortune égorgé se trouve sous soins intensifs dans une structure hospitalière.

Haram ont fait irruption dans la ville de Kolofata dans la nuit du 17 au 18 août 2016. Plusieurs dizaines d’hommes armés constitués en petits groupes ont encerclé la partie nord de la ville. Des commerces et concessions d’habitation sont fouillés et pillés. Bilan : un mort du côté du comité de vigilance et plusieurs millions de Fcfa emportés.

«Nous étions en patrouille comme d’habitude. Chemin faisant, Gazawa Alphonse et moi avons été accostés par un groupe d’individus armés sur la rive de la rigole située au nord de la ville. Ils nous ont demandé d’aller à leur rencontre. Ils se sont adressé à nous premièrement en haoussa disant : venez, venez ! Ils étaient vêtus de l’uniforme de l’armée camerounaise. Le fait qu’ils s’exprimaient en haoussa nous a fait prendre conscience de ce que ce ne sont pas les soldats de notre pays.

Ils ont su que nous les avons reconnus. Ils ont repris la même phrase en français : venez, venez. Ne craignez pas. Intuitivement, Gazawa et moi avons compris que nous étions en danger. Il fallait s’échapper. Nous nous sommes donc mis à courir dans tous les sens. Ils ont ouvert le feu sur nous», relate Ramata Gigla, membre du comité de vigilance de Kolofata et compagnon de service du feu Gazawa Alphonse le soir du 17 au 18 août 2016.

Les éléments de Boko Haram étaient repartis en plusieurs groupes. Ils étaient planqués contre les arbustes pour ne pas se faire voir. Ils ont encerclé toute une partie de la ville et attendaient le moment opportun pour agir. «C’est en courant que j’ai compris qu’ils avaient formé plusieurs groupes. Les coups de feu venaient de partout. Je n’ai pas pensé que je m’en sortirai vivant. Dans ma course folle, je me suis retrouvé du côté de la tribune.

Je cherchais à me cacher. J’ai retrouvé là des hommes en tenue. Je leur ai expliqué que je venais de m’échapper des mailles des éléments de Boko Haram, mais ils ne m’ont pas cru. Ils se sont plutôt rués sur moi et m’ont bien molesté. Au moment où ils me torturaient, est arrivé le petit frère de feu Gazawa Alphonse qui fuyait aussi un groupe d’hommes armés qui s’étaient infiltrés chez eux.

Il devait être 1 h 40. Ils l’ont également bastonné et lui ont demandé de présenter sa CNI. Ils l’ont fait coucher à côté de moi et nous piétinaient tous deux avec leurs chaussures. Après un temps, ils ont suivi des coups de feu tirés dans leur direction. Ils se sont allongés par terre à côté de nous et nous ont intimé l’ordre de ne pas nous lever. Ils ont tiré sur nous pendant une dizaine de minutes avant de se retirer», ajoute Ramata Gigla.

Gazawa Alphonse a été abattu dans sa fuite, Moussa, un autre membre du comité de vigilance a été égorgé et plusieurs commerces et concessions d’habitation pillés.

«Ce n’est qu’au petit matin du 18 août que nous nous sommes rendus compte des dégâts causés par ces terroristes. Gazawa, avec qui j’étais, a été abattu aux abords de la rigole où nous nous trouvions. Moussa, un des nôtres aussi, a été surpris dans sa concession. Ils l’ont égorgé devant sa femme et ses deux enfants en commençant par derrière.

Ils l’ont abandonné croyant l’avoir tué. Mais Dieu merci, il survit encore à ses blessures. Il a été conduit par les éléments du BIR à l’hôpital de Mora où il est placé sous soins intensifs», ajoute Ramata Gigla. Gazawa Alphonse, né en 1992, laisse deux veuves et quatre enfants. 

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