Comment les médias contournent les sanctions du CNC
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Des directeurs de publication prennent l’option de changer le nom de leur publication.

Nathan Amougou, journaliste à la chaîne de télévision Vision 4, reprendra du service le 22 août prochain, après une suspension de six mois infligée par le Conseil national de la communication (CNC). L’émission «Sans Tabou» qu’il présente a écopé, en mars dernier, d’une suspension de six mois. Il était reproché au présentateur la tenue, dans son édition du 25 février 2016, «de propos non fondés de nature à porter atteinte à la religion musulmane, à son livre sacré qu’est le Coran, ainsi qu’à la communauté musulmane nationale toute entière».

à  l’issue de sa sixième session extraordinaire le 14 juillet dernier, le CNC a encore suspendu des médias et journalistes, parmi lesquels le journaliste Roger Kiyek, ancien présentateur de l’émission «On refait l’actu» sur Royal Fm. actuellement en service à Radio soleil, le journaliste est suspendu pour une durée d’un mois pour diffusion de déclarations non justifiées de nature à porter atteinte à l’intégrité morale du plaignant, martial Valery Zang, administrateur civil principal.

Depuis la notification de sa suspension, Roger Kiyek a fermé son micro. Si certains journalistes et médias se plient à la sanction prise par l’organe de régulation du secteur de la communication au Cameroun, d’autres ont trouvé la parade pour contourner cette mesure. Parmi les dix décisions rendues par le CNC en juillet dernier, le journal L’Épervier a été suspendu à deux reprises.

Dans une première affaire l’opposant à René Eletana Ayinda, intendant adjoint à la présidence de la République, l’hebdomadaire de Léopold Clovis Noudjio est suspendu de publication pour trois mois. Le directeur de publication (Dp) de ce journal est également suspendu pour la même période. Dans la deuxième affaire dans laquelle l’hebdomadaire est face à l’ancien ministre Essimi Menye, le conseil suspend pour une durée de six mois la parution de l’organe.

Le directeur de publication est également suspendu pour la même période. Calcul fait, ce journal n’a pas le droit de paraitre pendant neuf mois. Mais depuis le 10 août dernier, un nouveau périodique a fait son apparition dans les kiosques : L’épervier Plus.

Venin

Ce journal présente des similitudes avec L’épervier, même si au bas de la Une figure le nom d’un directeur de publication délégué. Ce cas n’est pas isolé. Le 28 avril dernier, le CNC convoquait des directeurs de publication, question pour ceux-ci de «présenter les récépissés de déclaration du journal La Météo (suspendu) et du journal La Météo Plus (disponible en kiosque depuis la suspension de La Météo)», avait confié Dieudonné Mveng, directeur de publication des deux organes.

Le chef d’entreprise avait confié posséder les deux récépissés. Les Dp  des journaux aurore plus (devenu aurore) et L’indépendant (devenu L’indépendant Plus) avait également été convoqués. Tobie Hond, secrétaire général du CNC, est clair sur la question : «Même si ces journaux font une mue, ils ne perdent pas de leur venin». Ce spécialiste en droit des médias relève tout de même que la question est plus complexe qu’elle peut en avoir l’air. «Le CNC est une autorité publique.

Lorsqu’elle prend une décision, il revient à la puissance publique de poursuivre l’application de cette décision. Le problème est celui de l’accompagnement, du concours des autres acteurs, notamment des autorités administratives qui sont statutairement compétentes pour faire respecter les décisions», explique le sg.  

Salubrité

Il poursuit : «Quand la décision est prise, pendant que nous la transmettons au concerné, nous la transmettons aussi au gouverneur territorialement compétent. Lorsqu’un ministre prend un arrêté, il ne descend pas dans la rue pour le faire appliquer. Lorsque le juge prend une décision de justice, il ne descend pas dans les quartiers. C’est au bras séculier de l’État de poursuivre l’application de cette mesure. Il faut tout de même relever que dans certains cas, les autorités nous accompagnent».

Certains journalistes dénoncent également l’attitude de cette «presse» qui devrait se soumettre aux sanctions. «Il en va du regard que les autres portent sur notre métier. Quand nous-mêmes nous contestons le travail fait par l’autorité de régulation, qui va croire en elle ?

Il y a un moyen d’éviter tout ça : c’est de faire son travail de manière professionnelle, recouper l’information, équilibrer les sources. Si on s’entoure de ces précautions, je suis sûr qu’on aurait moins de sanctions», dénonce un journaliste qui a requis l’anonymat.

Au CNC, on rassure quant au suivi des sanctions prises. «Nous suivons nos décisions.  Seuls quelques mécréants ne s’y soumettent pas. Nous avons une structure qui assure le suivi de nos décisions et cette structure permet, en concertation quasi quotidienne avec notre conseil juridique, de savoir où nous en sommes, de savoir quels actes poser. Nous sommes dans une œuvre de salubrité», affirme Tobie Hond.

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