Accords de libre-échange : Les négociations à deux vitesses de l’Union européenne
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L’Ue accentue la pression sur ses partenaires africains en se montrant très prudente dans les négociations avec le Canada et les Etats-Unis.

Déjà une semaine jour pour jour qu’est entré en vigueur au Cameroun l'Accord d’étape vers l’Accord de partenariat économique (Ape) entre la Communauté européenne et ses Etats membres d’une part et la partie Afrique centrale d’autre part. Le Cameroun assume définitivement son choix de faire cavalier seul alors que les pourparlers entre la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) dont il est membre et l’Ue se poursuivent et tardent à se conclure.

La partie européenne maintient malgré tout fermement la pression pour que les autres pays de la Cemac emboitent vite le pas au Cameroun. A l’observation, le vieux continent ne fait pas systématiquement montre de la même ardeur dans les discussions d’accords économiques et commerciaux.

On le voit bien dans la véritable course d’obstacles qu’est la finalisation de l'Accord économique et commercial global (Aecg) ou Ceta pour Comprehensive Economic and Trade Agreement, traité négocié entre l'UE et le Canada. Signé dans une première version en septembre 2014, l’accord qui va notamment supprimer tous les droits de douane sur les produits industriels avait déjà été remis sur la table des négociations pour parer aux critiques d’une opinion publique européenne circonspecte.

Certes en juillet 2016, la Commission européenne a adopté les textes suivants et les a formellement proposés au Conseil de l'Ue : la signature de l'accord, la conclusion de l'accord et l'application provisoire. Mais le 27 avril 2016, le Parlement de Wallonie en Belgique s’est opposé à cet accord, en demandant au gouvernement régional de ne pas accorder les pleins pouvoirs au gouvernement fédéral belge pour l’approuver.

Aux Pays Bas et en France, des députés émettent de sérieuses réserves sur certains aspects de l’accord. Le cadre pour la résolution de tout désaccord pouvant survenir à l'avenir entre l'Ue et le Canada concernant l'accord cristallise les débats. L’entrée en vigueur pleine et entière de l’accord sera subordonnée à sa conclusion par l'Ue, qui prendra la forme d'une décision du Conseil, après approbation du Parlement européen ainsi que de tous les États membres, conformément à leurs procédures nationales de ratification.

Opposition grandissante

La perspective d’un Traité de libre-échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis, Tafta, pour TransAtlantic Free Trade Agreement, en cours de négociation et qui vise à supprimer les barrières commerciales et règlementaires entre l’Ue et les Etats-Unis pour créer une vaste zone de libre-échange semble plus qu’improbable avec une opposition grandissante en Europe.

Sans s’encombrer de précaution diplomatique, le Premier ministre français, Manuel Valls affirmait en juin dernier qu’il ne peut y avoir d’accord de traité transatlantique : « Dorénavant, aucun accord de libreéchange ne doit être conclu s’il ne respecte pas les intérêts de l’Union. L’Europe doit être ferme. La France y veillera. Et moi, je vous le dis franchement, il ne peut pas y avoir d’accord de traité transatlantique », martelait-il.

La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne est l’obstacle supplémentaire à ce traité, le pays représente à lui seul 25 % des exportations des Etats-Unis vers l’Union européenne. Sa sortie de l’espace européen soulève de nombreuses questions. D’un côté donc la réticence de l’Europe à conclure des accords de libre-échange avec des espaces économiques comme le Canada et les Etats-Unis et de l’autre la pression à laquelle elle soumet les pays en développement à le faire.

Que comprendre ? Le spécialiste en stratégie diplomatique, Elvis Ngolle Ngolle rappelle un principe bien connu et qui a ici tout son sens : « Dans les relations internationales et notamment sur le plan économique ou non économique, tout est une question d’intérêts. Chaque partie ou chaque acteur doit définir ses intérêts et en fonction de leur définition, les échanges peuvent s’effectuer. »

La réticence de l’Union européenne à conclure des accords économiques avec les Etats-Unis et le Canada et la pression à laquelle le vieux continent soumet les pays en développement à le faire, derrière une apparente incohérence, a un trait commun, une ligne force : la défense de ses intérêts.

Avons-nous bien défini les nôtres ? Les défendonsnous efficacement ?

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