Cemac, une coquille vide ?
AFRIQUE :: POINT DE VUE

AFRIQUE :: Cemac, une coquille vide ? :: AFRICA

Projets communautaires en panne, Ape, entraves à l’intégration sous-régionale… Jamais l’institution phare d’Afrique centrale n’est apparue aussi peu crédible.

La convocation le 30 juillet dernier par le président équato-guinéen Theodoro Obiang Nguema Mbasogo, d’une «session extraordinaire de la conférence des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale (Cemac)», était déjà en soi un signe. Celui d’un profond malaise au sein de la sous-région relativement à l’attitude communautaire vis-à-vis des Accords de partenariat économique (Ape) avec l’Union européenne.

Ce conclave «extraordinaire» convoqué cinq jours seulement avant l’entrée en vigueur de l’accord d’étape ratifié en solo par le Cameroun le 22 juillet 2014, n’a pas endigué la bravade de Yaoundé. De fait, le 03 août dernier, le président camerounais, Paul Biya – qui a boudé comme son homologue tchadien Idriss Déby Itno, la rencontre avec ses pairs – prend un décret qui déclenche le processus de démantèlement des barrières douanières objet des Ape.

Pour la Cemac, la pilule est d’autant plus amère qu’elle entretenait l’espoir de voir à l’issue de la conférence susmentionnée, le Cameroun mettre en veilleuse ses engagements. Du moins le temps qu’une approche sous régionale des Ape soit affinée. A preuve, le communiqué final de cette réunion sous régionale au sommet précise que «la Conférence a exhorté le parrain des négociations, S.E. Ali Bongo Ondimba à entreprendre les démarches nécessaires auprès des autorités du Cameroun, de concert avec la partie européenne, en vue de poursuivre les négociations dans un esprit de solidarité  entre les Etats».

L’épisode fâcheux des Ape n’est à la vérité qu’un appendice des maux chroniques dont souffre la Cemac depuis qu’elle a été portée sur les fonds baptismaux en mars 1994, et son avènement effectif en juin 1999. Depuis lors, la Cemac clopine. Certes, des institutions sous régionales ont entre-temps vu le jour, à l’instar de la Commission de la Cemac basée à Bangui. Certes, une zone de libre-échange, ainsi qu’un tarif commun ont été institués, et des règles communes adoptées en matière d’investissement et de concurrence.

Mais force est de constater à l’heure du bilan, que la volonté d’intégration sous régionale officiellement professée est au mieux mise à rude épreuve. En témoigne ces sempiternelles entraves à une libre-circulation des personnes et des biens déployées par la Guinée équatoriale et le Gabon, au motif aussi curieux que spécieux, de prémunir leur pays contre un déferlement nocif de migrants étrangers.

A  l’image du fameux «passeport Cemac», d’autres projets communautaires sont en panne. C’est le cas d’Air Cemac, du nom de l’invisible compagnie aérienne sous régionale toujours clouée au sol. C’est aussi l’apanage de cette fusion toujours attendue entre la Douala stock exchange (Dsx) et la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (Bvmac) basée à Libreville. Manque de volonté politique ?

Probablement, si l’on s’en tient au fait qu’en dépit de l’existence d’un cadre réglementaire, les dispositions communautaires font l’objet d’une application sélective par les états membres, lorsqu’elles ne sont pas tout simplement ignorées. Réformes institutionnelles A titre d’illustration, le Cameroun n’a toujours pas mis en place la Cour des comptes pourtant prévue par des directives Cemac.

Jaloux de leur agenda politique respectif, et de leur souveraineté, les pays de la Cemac brillent aussi par leur solidarité déficiente sur le terrain diplomatique. L’échec le 18 juillet dernier, du président équatoguinéen, Theodoro Nguema Obiang à fédérer ses pairs autour de la candidature d’Agapito Mba Mokuy pour le poste de président de la Commission de l’Union africaine est une parfaite illustration.

Si le communiqué final qui sanctionne le dernier conclave des leaders sous régionaux indique l’intention de la Cemac de présenter une candidature unique aux postes de directeur général de l’Asecna et de directeur Afrique centrale du Fmi, la crédibilité de la Cemac est aujourd’hui plus qu’entamée.

D’autant que dans le syndicat des chefs d’état de l’Afrique centrale, l’on semble peu pressé de voir les choses changer. Le communiqué cité plus haut nous apprend d’ailleurs «qu’en ce qui concerne la finalisation du programme des réformes institutionnelles de la Cemac, la conférence a décidé de reporter son examen à sa prochaine session».

Lire aussi dans la rubrique POINT DE VUE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo