Cameroun, Livre: Le carnet politique de Ruben Um Nyobè.
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Cameroun, Livre: Le carnet politique de Ruben Um Nyobè. :: CAMEROON

Ruben Um Nyobè, en fait, s’inspire de l’expérience de Hô Chi Minh, en Indochine, qui a abouti à l’indépendance de ce pays. Il le fait sur deux plans : d’une part, sur le plan administratif, d’autre part, sur le plan militaire. 
     
Sur le plan militaire, il crée, au cours d’une réunion de responsables  de  l’UPC  tenue  du  2  au  3  décembre  1956,  le Comité National d’Organisation, CNO. Le chef de la force militaire de l’UPC est aussitôt désigné, en la personne d’Isaac Nyobè Pandjok. Celui-ci, ancien combattant de la seconde guerre mondiale, est un militaire aguerri. Il est déjà à l’œuvre depuis un an.  Il a, en effet, créé des ateliers de fabrication d’armes à travers le pays bassaa. Il en existe ainsi trois : un premier dans la forêt d’Eséka, un second dans celle d’Edéa, et un troisième dans celle de Ngambé. Par ailleurs, il structure, convenablement, en militaire expérimenté qu’il est, la force militaire de l’UPC. Au sommet, se trouve dans chacune des trois sections que sont Eséka, Edéa et Ngambé, une compagnie. En dessous  de  celles-ci,  plusieurs  bataillons, puis  des  régiments,  et,  enfin,  des  brigades.  En plus, Isaac Nyobè Pandjock dote la force militaire de l’UPC d’un service de renseignements. De nombreux villageois en font partie, et informent, quotidiennement, le « général » Isaac Nyobè Pandjock, des moindres faits et gestes de la soldatesque coloniale.  
     
Le programme de formation des soldats de l’armée de l’UPC, que nous avons retrouvé dans les archives de l’armée française, se présentait comme suit : 
 
« Sauts en longueur, hauteur, de grenouille, de mouton, à jambes distendues ; 
- course à circuit, à piste kilométrique, au renard, à flanc, à pointes raides, dans l’eau rapide, à l’embuscade, à saut ; 
- lancement de poids, de disques, de javelots ; 
- soulever poids de 55 à 105 kg, courir avec ce poids ; 
- maniement du fusil, de la machette, de l’épée ; 
- visées justes ; 
- nage à courant rapide, à courant stagnant, à plongeon, subaquatique, pagayage ; 
- affût à l’ennemi, embuscades, attaques, attrapes ; (1)
 
Le « général » Isaac Nyobè  Pandjok  installe  les camps d’entraînement loin de ceux des  maquis, de toute  piste locale,  de  tout  contact  humain,  et ne doit être connu que des membres de l’armée de l’UPC.  
     
Enfin, le « général » Isaac Nyobè Pandjok avait installé le commandement militaire de l’UPC au Nord de Makak entre la voie ferrée et la route Douala-Yaoundé.  
 
Sur le plan administratif, Ruben Um Nyobè entreprend de mettre, en place, une véritable administration parallèle à celle des colons au Cameroun. Celle-ci est composée, tout comme l’armée de l’UPC, de trois sections : Eséka, Edéa et Ngambé. La section correspond à chacun des trois arrondissements qui composent la région (département) de la Sanaga Maritime. L’administration mise en place par Ruben Um Nyobè a une structure pyramidale. A la base, plusieurs villages regroupés forment un Comité de base. Ensuite, plusieurs Comités de base forment un Comité central. Celui-ci correspond, ainsi, sur le plan géographique, à un canton. Plusieurs Comités centraux, forment, enfin, une Section.  
     
Au sommet de l’armée et de l’administration créée par Ruben Um Nyobè, se trouve un Secrétariat Administratif/Bureau de liaison central. C’était, en clair, son état-major, son gouvernement. Par ailleurs, il considérait la Sanaga-Maritime comme une « zone libérée », c’est-à-dire, une région qui ne se trouvait plus, ni sous l’autorité, ni sous le contrôle de l’administration coloniale. C’était, dans son esprit, le commencement de l’indépendance.  Ruben Um Nyobè visait, ainsi, à mettre les Nations Unies et la France sur le fait accompli,  c’est-à-dire,  face  à  une  administration  et  un « pays », qui fonctionnent déjà de manière autonome, voire, tout simplement, indépendante.   
     
L’administration mise en place par Ruben Um Nyobè, avait entrepris d’établir des actes officiels : actes de naissances, actes de mariages, cartes d’identités « kamerunaises », titres fonciers, etc. A partir de la Sanaga Maritime, Ruben Um Nyobè projetait d’étendre son administration à travers les régions voisines, à défaut de l’ensemble du Cameroun. Tout ceci visait une chose, faire, à la communauté internationale, la démonstration de l’emprise de l’UPC sur une partie du territoire et de la population qui s’y trouve. Ce qui lui donnerait la possibilité de proclamer, en cas de besoin, unilatéralement l’indépendance, la déchéance de l’administration coloniale française.   

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Lire un autre article sur Enoh Meyomesse sur ce lien  http://www.camer.be/53440/2:6/cameroun-livre-de-enoh-meyomesse-quand-frauda-le-sous-prefet-cameroon.html

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