Samuel Foyou : Le tailleur devenu milliardaire
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C’est l’histoire invraisemblable d’un homme qui est parti d’un salon de coiffure pour se bâtir un empire industriel.

De l’ambition, de la perspicacité et une bonne dose de flair. Ces qualités ont balisé le parcours surréaliste de Samuel Foyou dans le monde des affaires. De l’ambition d’abord. L’homme n’est qu’un modeste tailleur à la fin des années 1970 mais déjà il rêve grand. L’Afrique l’intéresse. Il jette un oeil à l’ex Zaïre, tâte le terrain en République Centrafricaine avant de se poser au Congo Brazzaville au début des années 1980. C’est le début d’une folle aventure.

Dans son nouveau pays d’adoption, l’homme prospecte, observe. Il sent le bon coup et se lance. « Il a pris conscience de l’énorme besoin du Congo en certains produits qui étaient fabriqués dans son pays », raconte l’un de ses proches au magazine Jeune Afrique en Aout 2014. Ainsi débute l’exportation massive vers le Congo de produits comme les spiritueux, les piles et les allumettes.

Très vite, le Congo s’avère trop étroit pour l’insatiable homme d’affaires. Cap sur l’Angola. Le pays est alors ravagé par la guerre civile. Et pour doper le moral des troupes qui s’étripent, Foyou a la bonne idée de leur servir du Whisky à profusion. Elémentaire mais il fallait y penser. Futé, l’homme d’affaires va trouver Victor Fotso son ainé dans le business et propriétaire de la société de spiritueux Fermencam.

Il sollicite et obtient l’exclusivité pour l’exportation des produits Fermencam vers l’Angola et le Congo. « Dans les années les plus florissantes, on pouvait annuellement acheminer 200 conteneurs de whisky, rien qu’à destination de l’Angola », raconte un cadre de Fermencam. S’étant constitué un important matelas financier dans le négoce, le self-made-man veut passer à l’étape suivante. L’industrie le tente et comme à son habitude, il ose.

En 2006 il rachète Fermencam et Unalor (allumettes et bougies) au groupe Fotso et va totalement requinquer ces deux entreprises qui battaient de l’aile. En 2001 déjà, il avait racheté la société Plasticam ((plastique et cartonnerie) au groupe Rossmann contre 7 milliards de Fcfa. L’’expansion de l’empire Foyou est inexorable.

« Il ne s’arrête jamais »

Rien n’arrête le milliardaire. Tous les secteurs l’intéressent pour autant qu’il puisse en dégager une plus-value. Dans la foulée, il crée Sotrasel (sel), Moore Paragon (imprimerie). En 2012, il lance la Biscuiterie Samuel Foyou (BSF) qui vient s’ajouter à ses nombreux avoirs à l’extérieur dont un hôtel au Cap, en Afrique du Sud.

On le croit alors au bout du rouleau. Que non ! Le 25 août 2014, il dépose auprès d’un notaire de la ville de Douala, les actes de création de First Industry Cosmetics (Fico Industry), une société anonyme dont il préside luimême le conseil d’administration, et qui a pour objet «la fabrication et la distribution des produits cosmétiques, l’import-export, le négoce et la représentation de marques». Et pour couronner le tout, pour bien montrer qu’il a fait du chemin, le milliardaire s’est offert un petit bijou à Akwa, au coeur de la ville de Douala.

Il a allongé 8 milliards de F CFA pour construire le premier cinq-étoiles de la toute nouvelle chaîne baptisée Krystal Palace. Le projet veut combler un vide dans le secteur de logement de luxes sécurisés pour les voyageurs d’affaires. Foyou avait déjà racheté et rénover un hôtel dans la région de Gordon Bays au Cap (Afrique du Sud). La chaine va très prochainement s’agrandir avec la construction de nouveaux hôtels 5 étoiles à Yaoundé et Kribi.

« Il veut toujours allez plus loin ; ce n’est plus l’argent qui l’intéresse mais le désir de réussir », résume un des cadres qui l’épaule au quotidien. Ambitieux, futé, Foyou s’avère aussi un homme d’affaires perspicace. A la limite de la témérité. Tout le monde sait la difficulté à faire prospérer une industrie brassicole au Cameroun le secteur étant vampirisé par les géants que sont la SABC et Guinness.

Ce challenge n’effraie pourtant pas Foyou. Le 10 juillet dernier 2014 il a créé société brassicole (Brasaf) au capital de 100 millions de francs Cfa. Il a ainsi annoncé qu’il a sollicité auprès de l’Etat camerounais, une superficie de 2000 hectares pour planter des arbres fruitiers, afin de produire du jus naturel destiné à l’exportation. Agé de 58 ans, Foyou trône à la tête d’un véritable empire dont certains disent qu’il n’a pas d’existence légale. C’est que l’homme rebute le formalisme administratif et préfère opérer sur le mode de la confiance.

Effacé à la limite de l’arrogance, il se dit qu’il a un jour snobé un ministre qu’il avait lui-même invité à visiter ses entreprises à Douala. « Il est resté scotché à son téléphone et supervisait tout à partir de son village Batié où il réside », raconte un proche. A partir de Batié. Là où tout a commencé. Signe que cet homme qui a atteint les cimes de l’industrie sait d’où il vient.

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