Mama Abakaï : «Nos ravisseurs étaient des éléments de la branche Boko Haram d’Aboubakar Sidiki»
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CAMEROUN :: Mama Abakaï : «Nos ravisseurs étaient des éléments de la branche Boko Haram d’Aboubakar Sidiki» :: CAMEROON

Que ressentez-vous quelques jours après votre libération ?
Je voudrais d’abord en premier lieu rendre gloire à Allah le Très Miséricordieux qui nous protège, garantit notre vie, notre santé et qui nous a donné longévité jusqu’à notre libération. Et je voudrais exprimer au nom de mes compagnons exotages toute notre gratitude, rendre hommage au président de la République Paul Biya pour cette marque d’humanisme qu’on lui connait.

Lui qui n’a pas lésiné sur les moyens. Il a mis en place de gros moyens matériels, financiers et humains pour que nous puissions retrouver notre pays, le Cameroun. Nous pensons que ces efforts témoignent une fois de plus, le souci constant qu’a le président de la République par rapport à ses populations, par rapport à la liberté de ses populations, par rapport à la paix et à la stabilité de notre très cher et beau pays, le Cameroun. Je voudrais également dire merci aux éléments du général Abdoulaye Miskine en Centrafrique, le Front démocratique du peuple centrafricain, qui nous ont libérés le 08 juillet 2016 et qui se sont occupés de nous jusqu’à notre retour au pays.

Et enfin, je voudrais dire merci à ces âmes de bonne volonté et à tous ceux qui, de près et de loin, ont oeuvré moralement et spirituellement pour nous, en soutenant nos familles. Qu’Allah les comble de sa bénédiction.

Qui étaient vos ravisseurs et selon vous, que vous voulaient-ils ?
En fait, depuis le 19 mars 2015, nous avons été pris en otage. Il faut reconnaître que nos ravisseurs étaient des éléments de la branche Boko Haram d’Aboubakar Sidiki. Ils avaient posé comme conditions, la libération de leur chef Aboubakar Sidiki et de onze de ses éléments. Ils réclamaient une somme de cinq milliards de Fcfa de dommages et intérêts au gouvernement camerounais par rapport à tous ceux-là qui sont morts en détention dans les prisons. C’est ce qu’ils réclamaient.

Quelles étaient vos conditions de détention ?
Pendant les quinze mois et dix-neuf jours que nous avons passés en captivité, nous n’avons pas été torturés physiquement. Ils nous ont toujours donné des médicaments lorsque nous étions malades. Ils nous donnaient du bois de chauffe, de la nourriture. Mais il faut reconnaître que les conditions étaient effroyables parce que nous n’étions pas bien nourris, pas bien vêtis et nous vivions sous des tentes, à la merci du froid, malgré le bois de chauffe. On a eu les pieds attachés et les yeux bandés pendant huit mois. Nous ne mangions qu’une fois par jour et nous partagions un litre d’eau à deux toute une journée. Nous allions nous soulager avec nos chaînes.

Et dans la nuit, nous le faisions sur place dans des bouteilles, y compris les selles parce qu’il nous était interdit de sortir. Aux derniers moments, depuis le mois de juin, nous ne mangions qu’une seule fois par jour. C’était du couscous de manioc accompagné de haricot niébé sans autres condiments que le sel. Il n’y avait ni oignon, ni huile. Même si on nous laissait dans ces conditions, à force de ne plus avoir une alimentation normale, on devait finir petit à petit. On voyait déjà notre mort s’approcher.

Il y a en ce moment, des procès en cours à Garoua, contre certaines personnes considérées comme complices de votre enlèvement. Quel est votre point de vue là-dessus ?
C’était difficile pour moi de le savoir puisque je n’étais pas au pays. Je me suis toujours dit qu’en tant que croyant, tout vient de Dieu. Il peut avoir des causes de notre enlèvement, mais je me dis que c’est Dieu qui a écrit que je devais me retrouver dans cette situation. Le jour où notre séjour devait s’achever, Dieu nous a libérés. S’il y a des gens qui ont été complices de cette affaire, Dieu va les juger, eux aussi, à leur tour.  

Comment appréciez-vous votre prise en charge ici à l’hôpital ?
Déjà, je dis merci au chef de l’Etat pour les instructions qu’il a données au ministre de la Santé  publique, mesures répercutées au niveau de l’hôpital général de Yaoundé par le directeur général de l’hôpital dès notre arrivée pour notre prise en charge. Tous les médecins sont mobilisés, chacun dans sa spécialité, pour nous administrer des soins de qualité. Nous sommes servis à tout moment. Nous avons sur place tout ce dont nous avons besoin. Le matin, on nous donne le petit déjeuner; à midi, on nous donne à manger, ainsi que le soir. Toutes les heures, les infirmiers passent s’enquérir de l’évolution de notre état de santé. Nous sommes déjà à une quinzaine d’examens et de visites. Le personnel s’occupe bien de nous et nous sommes en train de recouvrer petit à petit notre santé. Il est normal que nous disions merci au directeur de l’hôpital et à tout son personnel, pour toutes ces marques d’hospitalité et d’encadrement dont nous bénéficions.  

Comment envisagez-vous le retour à Lagdo ?
Ça dépendra de l’état d’avancement des choses ici au niveau de l’hôpital. Nous sommes maintenant au Cameroun. Nous ne nous inquiétons pas. Nous avons passé quinze mois sans être à Lagdo, ce n’est pas faire un ou deux mois à Yaoundé, qui va nous inquiéter. On se dit qu’avec la volonté de Dieu, nous pourrons retrouver nos familles.

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