Louis Paul Motaze : «Une fille bien éduquée contribue à notre croissance économique»
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Pourquoi doit-on investir sur la jeune fille ?
Les statistiques ont été données. Notre population est majoritairement jeune. Mais pour les adolescentes dont la tranche d’âge va de 15 à 19 ans, elle a une sexualité extrêmement active. Ainsi, cette jeunesse est exposée, surtout lorsqu’elle n’est pas protégée par un certain nombre de méthodes. A cela, s’ajoute les problèmes culturels qui sont encore plus prégnants dans une région comme l’Adamaoua, où nous avons des mariages extrêmement précoces.

Il faut dire ici que le mariage précoce s’accompagne souvent de violences, de grossesses tout aussi précoces souvent non désirées. A ce niveau, vous avez des filles qui sont encore jeunes, mais qui doivent déjà avoir des attitudes d’adultes ; pourtant, elles ne le sont pas. Cela provoque des déperditions extrêmement fortes à tous les niveaux (scolaire et social). Le gouvernement est conscient de cela. Voilà le problème tel qu’il se pose.

Le gouvernement travaille avec des partenaires au développement pour essayer d’éradiquer ce phénomène. Cela passe d’abord par l’éducation, c’est-à-dire informer par un travail de proximité les populations, les familles, les éducateurs sur le fait qu’on fait souvent un calcul à court terme en se disant : ma fille est très jeune, je n’ai pas beaucoup d’argent, donc, je préfère déjà qu’elle parte en mariage parce que ça va m’aider. Mais ce calcul est à court terme parce que les statistiques nous prouvent qu’une fille qui est bien éduquée, peut mieux travailler. Au mieux, elle peut contribuer à l’épanouissement de sa famille et à son propre épanouissement.

Où placez-vous la chefferie traditionnelle dans ce combat ?
Votre question, telle qu’elle est posée, comporte déjà sa réponse. Cela veut dire que les chefferies traditionnelles doivent, aux côtés du gouvernement, procéder à cette éducation, car elles sont les auxiliaires de l’administration. Les mentalités sont extrêmement difficiles à éradiquer, mais ça peut se faire de manière méthodique, régulière. On parle aux populations, en essayant de leur montrer le bon côté des choses et surtout, ne pas s’arrêter à ce niveau. Il ne suffit pas de dire : ne faites pas. Il faut aider ces populations. C’est la raison pour laquelle le ministre de l’Economie apporte un certain nombre d’appuis aux populations pour lancer les opérations de développement.

Tout cela doit s’accompagner , c’est-à-dire qu’on éduque et on donne les moyens pour que les gens puissent avoir des activités de substit ution , pour pouvoir faire autre chose, pour que les familles vivent mieux, que les populations vivent mieux. Et davantage, que les jeunes enfants, surtout les adolescentes, continuent à se rendre à l’école parce que, là encore, on nous a donné les statistiques où une fille bien éduquée, qui travaille, contribue de 0,3% à notre croissance économique.  

Quel bilan faites-vous de votre visite dans quelques entreprises de Ngaoundéré ?
Je pense qu’avant de faire un bilan, il faut d’abord tout placer dans son contexte. Le contexte ici, c’est quoi ? C’est deux choses. La première, c’est que dans les dernières enquêtes statistiques, il apparait que les régions de l’Adamaoua, de l’Est et de l’Extrême-Nord sont les plus pauvres du pays. Le contexte, c’est également que, comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, nous souhaiterions que le secteur privé relaie de plus en plus le secteur public en matière d’investissements de développement. Vous comprendrez la nécessité que nous avons eu de visiter un certain nombre d’opérateurs économiques.

Comme vous le savez, ils créent la richesse. Nous avons été satisfaits de ce que nous avons vu. Nous avons rencontré des gens déterminés à investir pour le bien de la communauté et pour le leur. Ces entreprises rencontrent un certain nombre de difficultés. C’est la raison pour laquelle le ministre de l’Economie est là. Il ne visite pas ces opérateurs comme un touriste.

Il visite d’abord pour les encourager, ensuite pour déceler s’ils rencontrent des difficultés et voir le cas échéant, quelles réponses il peut apporter pour aider ces opérateurs économiques. Le tour que nous avons fait était suffisamment illustratif. Il y a des problèmes divers. Nous avons vu une entreprise qui arrête souvent son usine pendant deux ou trois jours parce qu’il n’y a pas d’énergie. Vous comprenez que c’est fortement rédhibitoire pour  sa compétitivité.

Dieu merci, le chef de l’Etat nous a autorisés à signer une convention qui est déjà conclue. Il ne reste que la signature avec des partenaires pour la construction d’un barrage hydroélectrique à Bini Warack. Il est fort possible que je me rende en Chine, d’ici la fin du mois, pour la signature de cette convention. Il y a des entreprises qui ont des problèmes de TVA en ce sens qu’elles achètent les matières premières grevées de la TVA, mais elles ne vendent pas leurs produits en incorporant cette TVA. Cela fait qu’elles estiment qu’elles subissent une charge. Je pense qu’il revient au ministre des Finances de regarder ce problème.

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