Meurtre d’une Congolaise en Inde, vives tensions à Kinshasa
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Un crime passionnel à Hyderabad, capitale de l’Etat indien du Télangana, et c’est un quartier de Kinshasa qui se retourne contre ses commerçants indiens. Ces attaques sont survenues peu après l’annonce de la mort de Cynthia Vechel, une Congolaise tuée et découpée en morceaux par son mari indien qui la soupçonnait d’adultère. La nouvelle donnée mercredi par plusieurs journaux indiens, s’est répandue dans Kinshasa grâce aux réseaux sociaux.

Durant la matinée du jeudi 7 juin, au rond-point Ngaba, un des quartiers les plus déshérités du sud de la capitale congolaise, une vingtaine de policiers est déployée. Plus tôt, tous les magasins de la place tenus par des commerçants indiens avaient fermé leurs portes après l’attaque de plusieurs groupes de jeunes.

Les assaillants ont jeté des pierres sur plusieurs boutiques et voulaient attraper des Indiens pour les lyncher, témoignent plusieurs habitants. Sans avoir participé aux violences ceux-ci les jugent parfaitement légitimes. « On veut venger notre sœur », explique Rodrigue, marchand ambulant.

Fin mai déjà, le meurtre d’un jeune professeur congolais par trois Indiens à New Delhi avait échauffé les esprits à Kinshasa, mégapole de 10 millions d’habitants. Les autorités avaient dû exhorter la population à ne pas se faire justice elle-même en s’en prenant aux Indiens, qui tiennent une bonne part de la distribution kinoise : électroménager, habillement, cosmétique, notamment. Au Grand Marché de Kinshasa, toutes les boutiques indiennes étaient fermées jeudi 7 juillet. Elles l’étaient encore vendredi.

« Le pays est par terre »

« Il n’y a pas de casse, mais la tension est vive » et, depuis mercredi, les Indiens « ne sortent pas », explique Blanchard Mwadi, employé dans un magasin indien. Le ressentiment populaire contre les Indiens semble servir d’exutoire à un désenchantement qui ne demande qu’à s’exprimer.

« A Béni, on tue les Congolais, en Inde on nous tue… Nous voulons que notre gouvernement nous protège. Trop, c’est trop ! », lâche M. Mwadi, qui glisse sans qu’on le lui demande sur la situation dans l’est de la République démocratique du Congo, dans la région de Béni, ou plus de 600 civils ont péri dans une série incessante de massacres depuis octobre 2014.

« Toute la faute revient au gouvernement (…) Ce gouvernement ne se soucie pas de la vie sociale du Congolais : manger, boire, étudier », dit David, technicien cinquantenaire.

« S’ils veulent rester longtemps au pouvoir, il faut que le peuple se retrouve dans ce qu’ils font. Or ce n’est pas le cas : vie sociale par terre, inflation galopante, budget national réduit, c’est grave ! le pays est par terre », avertit David, dans un climat de crise politique qui se renforce à mesure qu’approche le terme du mandat du président Joseph Kabila, fixé au 20 décembre.

« La pression en sourdine finira par éclater »

M. Kabila n’a jamais été populaire à Kinshasa. Lors de la présidentielle de 2011 (entachée d’irrégularités massives), il n’avait réuni sur son nom que 30 % des suffrages exprimés, soit 16 % des inscrits. Le chef de l’Etat est au pouvoir depuis 2001 et la Constitution lui interdit de se représenter. Alors que l’opposition accuse M. Kabila de manœuvrer pour se maintenir au pouvoir, un récent arrêt de la Cour constitutionnelle l’a autorisé à rester président si son successeur n’a pas été élu au 20 décembre.

Dans son rapport sur la RDC examiné jeudi au Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon indique que la mission onusienne dans le pays « est en train de concevoir des plans d’urgence en cas de violence généralisée dans le contexte du processus électoral ».

À Kinshasa, certains estiment que l’explosion pourrait être d’ordre social plutôt que politique. La récente chute du franc congolais face au dollar a ajouté aux difficultés de la population en engendrant une forte inflation.

« Nous craignons que le pays puisse s’embraser, dit Elie Nkunda, commerçant. Les gens peuvent dire : “Finissons-en” » à tout moment. « Le pays vit sous tension, prévient Tshungu, jeune musicien, nos autorités doivent comprendre qu’il y a une pression en sourdine qui finira par éclater un jour, même à partir de rien. »

Ces incidents surviennent alors que le premier ministre indien Narendra Modi a entamé jeudi 7 juillet au Mozambique une tournée destinée à renforcer l’influence économique de son pays en Afrique.

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