Camair-Co : le début de la fin…
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La compagnie aérienne ploie depuis la semaine dernière sous le poids d’une suspension de vol de ses appareils Resurgie sur le ciel européen. Un énième fait divers qui vient se greffer au besoin urgent de fonds de redécollage.

Camair-Co en piqué, Camair-Co en zigzag... Qui peut croire quʹune compagnie aérienne est faite pour la voltige? » La question se posait, il y a quelques jours, dans les colonnes de votre journal. Celle qui semble avoir compris le fond de cette interrogation, c’est Mme Paule Assoumou Koki. Vendredi de la semaine dernière, cette DG de caractère a pris une décision de poigne: la suspension de tous les vols de Camair-Co à destination de l’Union européenne.

Dans une correspondance adressée au directeur général de la compagnie aérienne nationale, le directeur de la Cameroon Aviation Authority (CAA) relève qu’elle a décidé «à titre conservatoire» de restreindre le certificat de transporteur aérien de la Camair-Co, en excluant la zone Europe, et d’en informer les autorités de l’AESA (Agence Européenne pour la Sécurité de l’Aviation).

Cette période de suspension des vols vers les pays de l’Union européenne devrait permettre à la Camair-Co «de mettre à profit une restructuration et une réorganisation» appropriées qui répondent aux exigences de l’aviation civile. Intervenue à la veille du weekend, la mesure n’a pas décroché la une des tabloïds. Mais, elle avait fait le tour des réseaux sociaux. Et malgré cela, à la direction générale de l’entreprise, rien n’a désarçonné la sérénité.

Dans son agence de Yaoundé, Camair-Co continuait de vendre les tickets de voyage sur Paris jusqu’à 17 heures le jour même de sa suspension. En France, 81 passagers dans le vol Camair-Co en partance de Roissy Charles de Gaule pour le Cameroun ont vécu les signes précurseurs de cette décision mercredi de la semaine dernière dernière. Trois heures d’attente au Terminal 1, Hall 5 d’abord puis dans l’avion, sans quelque information.

«Prévu pour décoller à 11h30, nous sommes partis à 16h30, pour arriver à 22h45 au Cameroun» Pourquoi une si longue attente?: «Ils nous ont laissé entendre que nous avions raté notre heure de décollage, puis deux heures après, lorsque certains passagers se plaignaient de la chaleur et du manque d’eau, la rumeur véhiculée par un personnel d’équipage annonçait une interdiction de voler qui frappait Camair Co. Au bout de la troisième heure d’attente, un opérateur de l’aéroport de Paris est venu annoncer au commandant de bord le décollage imminent de notre avion», renseigne un passager de ce vol.

Dans l’empressement, tous les bagages oubliés ou laissés à Paris ne sont pas arrivés. Selon nos informations, le top management de la compagnie ne désespérait pas d’un assouplissement (à défaut d’une levée) de la décision de la CAA. Le ministre des transports luimême était monté au créneau pour solliciter la levée de cette suspension. Nos sources détaillent qu’après avoir signifié une fin de recevoir à Edgar Alain Mebe Ngo’o, Mme Paule Assoumou Koki aurait exigé une lettre écrite d’engagement à ce dernier.

Sursis

Courrier pour courrier, Jean-Paul Nana Sandjo a écrit à son ministre de tutelle le 25 juin 2016. Le directeur général de Camair-Co est sans détour. Il qualifie la décision prise par Mme Paule Assoumou Koki d’«abus d’autorité». Il juge l’interdiction de vol de ses avions sur le ciel européen «inopportune, injustifiée ».

Dans son élan, le patron de la compagnie aérienne aurait, selon nos informations, obtenu un sursis de trois semaines. Il devrait mettre à profit ce temps pour conformer la flotte camerounaise au règlement de l’Agence Européenne pour la Sécurité de l’Aviation (AESA) relative aux exploitants de pays tiers (pays non membres de l’Union européenne et autres que la Norvège, le Liechtenstein, l’Islande et la Suisse), appelés TCO (Third Country Operators), est entrée en vigueur le 26 mai 2014.

Selon les dispositions de cette règle, tous les TCO exploitant des services de transport aérien commercial, réguliers ou non réguliers, au départ, à destination ou dans le territoire de l’Union européenne, doivent détenir une autorisation de sécurité, émise par l’AESA avant le 26 novembre 2016. La Camair-Co ne dispose pas cette autorisation alors que la date butoir approche.  

Un malheur ne vient jamais seul

Le rapport de Boeing est prêt depuis la mi-juin. Le constructeur aéronotique américain suggère qu’il faut mettre 60 milliards ou fermer Camair-Co. L’argent doit servir à épurer la dette de la compagnie et lui donner une autonomie de fonctionnement pendant un temps. Entre temps, trois mois de salaires impayés pour le personnel de Camair Co du Cameroun. Paris est à deux mois de salaires impayés.

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