Crise : Camair-Co interdit de vol vers l’Europe
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Le défaut de production des documents complets en prélude à l’audit de la compagnie aérienne nationale est à l’origine de nouvelles tensions entre la société et l’Autorité aéronautique.

La situation de la Cameroon Airlines Corporation (Camair- Co) est toujours fortement préoccupante. Au point où, lors de la plénière de la récente session de l’Assemblée nationale, le président de la chambre basse du parlement avait interpelé les pouvoirs publics camerounais, qui semblent condamnés à être au chevet de ce « grand malade », plutôt que de trouver les grands remèdes aux grands maux dont souffre l’héritière de la défunte Camair.

« La représentation nationale souhaite aussi que soit accéléré le processus de redressement de Camair-Co. Certainement faudra-t-il commencer par énoncer le bon diagnostic, pour ensuite appliquer une médication idoine », avait alors suggéré Cavaye Yeguié Djibril, qui par ailleurs disait fonder son espoir sur l’audit commandé à cette fin.

« Un travail qui devrait être fait sans complaisance. » Les responsables de la compagnie avaient été mis au courant de cet audit il y a un plus d’un an, et il était attendu qu’ils fournissent à l’Agence européenne pour la sécurité de l’aviation (Aesa ou EASA en anglais) toutes les informations nécessaires avant le 21 juin. A l’expiration du délai indiqué hélas, la compagnie camerounaise n’a pas été en mesure de fournir tous les documents requises, dont Le Jour n’a pas pu obtenir la liste la liste.

Toutes choses qui ont suscité l’ire de la directrice générale de la Cameroon Civil Aviation Authority (CCAA), en poste depuis seulement six mois. « J’ai l’honneur d’accuser réception des éléments de dossier envoyé ce jour [21 juin 2016, Ndlr] à l’Agence européenne pour européenne pour la sécurité de l’aviation (Aesa). Après analyse, il apparait que ce dossier n’est pas complet (voir tableau ci-joint). Je regrette que vous ayez soumis ce jour une documentation incomplète à l’EASA bien qu’ayant été averti par cette dernière que vous vous exposiez à un rejet de votre demande d’autorisation TCO en cas de non dépôt de la documentation complète avant le 21 juin », écrit Paule  Assoumou Koki.

La lettre adressée au directeur général de Camair-Co, Jean-Paul Nana Sandjo, a pour objet « suspension des vols vers l’Union européenne ». Paule Assoumou Koki prend sur elle de restreindre le Certificat de Transporteur Aérien de la compagnie, en en excluant la zone Europe et en informant la EASA.

« Cet état d’impréparation à cet audit majeur, alors que vous êtes au fait de cet audit depuis plus d’une année, compromet non seulement vos perspectives d’exploitation en zone Europe mais également entame la crédibilité de l’ensemble de l’aviation civile camerounaise.  Il est capital dans cette circonstance de geler le processus en cours. Aussi, j’ai décidé, à titre conservatoire, de restreindre votre Certificat de Transporteur Aérien, en en excluant la zone Europe et d’en informer l’EASA », poursuit la Dg de l’Autorité aéronautique, manifestement très en colère.

Autorisation TCO

Par ailleurs, il est demandé aux dirigeants de Camair-Co de mettre à profit le temps que durera la suspension des vols vers l’Union Européenne pour effectuer une restructuration et une réorganisation répondant aux exigences de l’Aviation Civile et de l’évaluation TCO. La nouvelle date butoir est fixée au mois de novembre 2016 et Camair-Co devra accélérer sa réorganisation, faute de quoi elle pourrait ne pas se voir délivrer l’Autorisation TCO qui est pourtant une condition syne qua none à la poursuite des vols vers l’Europe.

« Pour la  levée de la restriction sur la zone Europe, l’Autorité Aéronautique (CCAA) s’assurera des travaux effectués pour répondre aux exigences de l’Audit TCO puis demandera une réunion tripartite avec l’Union Européenne », précise la Dg de l’Autorité aéronautique. Le règlement TCO (Third Country Opérators) est fondé sur le principe d’une évaluation de sécurité unique pour les Etats membres de la l’EASA.

Cette évaluation effectuée par l’EASA sur la base des exigences de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) est un pré-requis pour se voir délivrer des droits de trafic par les Etats membres de l’EASA. Ce règlement s’applique à toutes les compagnies détentrices d’un Certificat de transporteur aérien (Cta) émis par un pays tiers (non EASA), exploitant des aéronefs à des fins de transport aérien commercial, à destination, à l’intérieur ou au départ du territoire soumis aux dispositions du Traité EASA.

Ce document est donc capital pour attester la fiabilité de la compagnie en termes de garanties sécuritaires. Avec une dette évaluée à 35 milliards FCFA, sans compter les quelque 2,37 milliards à verser aux différents prestataires ayant effectué les travaux sur le Boeing 737-300 Er, le Dja, qui est toujours immobilisé en Ethiopie alors que la visite technique est terminée, il est difficile de prédire que la compagnie nationale tiendra le bon bout.

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