Cameroun, C’est notre histoire : Les leçons de l’histoire : Le Cameroun, des années de braise vers une dynamique nouvelle
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Cameroun, C’est Notre Histoire : Les Leçons De L’histoire : Le Cameroun, Des Années De Braise Vers Une Dynamique Nouvelle :: Cameroon

Louis Tobie Mbida retrace dans son livre historique intitulé «Les leçons de l’histoire : Le Cameroun, des années de braise vers une dynamique nouvelle »  son histoire personnelle et ses rencontres depuis son entrée en politique en 1990 qui ont nourri ses convictions et tracé sa ligne politique. Après plusieurs décennies d'un régime sans partage au Cameroun, mais aussi sans succès, face à l'immense misère, à la désespérance, à la perte des valeurs qui se sont installées au Cameroun, il n'est plus possible de continuer à soutenir le Président Paul Biya. Il faut aider à faire émerger ces leviers d'un monde de progrès. Dans cet extrait ci-dessous, l’auteur revient sur les circonstances de l’arrestation de son papa en 1962. Lisez plutôt

A l’occasion de l’arrestation d’André Marie Mbida en juin 1962, Louis Tobie Mbida son fils assistera médusé à l’arrivée des militaires en tenue léopard venus tôt le matin encercler la maison de Nkol-Bikok et vers 8h du matin, c’est au  tour de la police, dirigée par le fringant commissaire Paul Pondi, d’investir les lieux. M. Pondi finira sa carrière comme ambassadeur du Cameroun aux Etats Unis.

Louis Tobie assiste incrédule à la fouille de la maison et voit sa mère se battre physiquement avec M. Pondi et ses  policiers qui tentent d’emporter des fusils de chasse au nombre de trois que M. Mbida s’était procuré avec toutes les autorisations en bonne et due forme.

Ces trois fusils de chasse seront reversés au dossier d’accusation comme preuve que Mbida préparait un soulèvement armé et aurait porté atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat camerounais.

Le jeune Louis Tobie sidéré verra alors sa grand-mère Mbono Marie épouse Assiguena originaire de Mvog-Betsi Oliga emballer dans son « Kaba » les copies de la  « lettre ouverte contre le parti unique » adressée au président de l’UC par les quatre signataires Mbida, Okala, Beby Eyidi et Mayi Matip. Elle ira déposer ces documents et trois armes de poing dont un pistolet semi-automatique de 9mn, un calibre 7.65 et un 6.35 chez son cousin, le frère aîné de monsieur Emah Basile, Simon Ottou, habitant le quartier Etetak.Ces documents et ces trois pistolets seront dissimulés pendant 10 ans chez M. Simon ottou.

Louis Tobie voit son père assister à tout cela avec un sourire sur le visage, calme et sans parole. On a l’impression que toute cette agitation ne le concerne pas.

Quelques semaines avant, il est parti à pied de Yaoundé jusqu’au village de Zoa-Toubsi accompagné de la petite Elisabeth Eliga la fille aînée de son frère Mani jacques pour signaler à la famille qu’il va certainement se faire incarcérer  par le pouvoir à cause de ses activités politiques. André marie Mbida est âgé de 45 ans, il est fort solide et en bonne santé. Il a parcouru à pied, à travers pistes et sentiers, en toute discrétion les 45 kilomètres qui séparent Yaoundé du village de ses frères. Tenant sa petite nièce par la main, comme un père et sa fille, un chapeau à larges bords sur la tête, il passe inaperçu.

Il ya des semaines qu’il est recherché. Il dort tous les deux jours dans un lieu différent, chez une personne différente.

Son épouse marguerite est allée frapper aux portes des ambassades pour que son mari ne soit pas arrêté et jeté en prison pour des motifs futiles.

L’ambassade de France l’a certes reçue mais traitée avec désinvolture : « madame Mbida, vous avez voulus devenir indépendants vous l’êtes, les affaires camerounaises ne concernent plus que les seuls camerounais désormais ». les américains lui répondent qu’ils ne connaissent pas encore assez bien le Cameroun pour se mêler des affaires intérieures du Cameroun.
L’ambassadeur du Libéria  où Mbida a passé quelques mois d’exil et qui habite juste en face de la résidence Mbida de  « l’hippodrome » lui propose l’exil à Monrovia. Mbida et Truman, le président du Libéria sont des amis de longue date.

Les allemands lui proposent d’emblée l’exil en Allemagne.

Mbida ne veut rien savoir, il ne supporte pas l’idée de vivre loin de son pays dans une nation dont il ne parle pas la langue.

Alors André Marie Mbida a pris sa décision : advienne que pourra, il va attendre qu’on vienne l’interpeller.

Quelques mois avant, son salaire de député à l’assemblée nationale du Cameroun a été suspendu.La première raison évoquée : Il a demandé que le Cameroun soit administré par provinces. C’est le tollé général : « Mbida veut diviser le Cameroun ». C’est la première cause évoquée pour le suspendre.

En 1972, à la veille d’annoncer la création des 7 provinces, le président Ahidjo enverra tard le soir M. Jean Akassou faire savoir à Mbida : « on s’est trompé, tu avais raison, les provinces sont créées ». Mbida demandait à cette époque, en 1961/62 une plus large autonomie dans le choix des représentants locaux, dans les choix économiques, dans le système  de couverture sociale. Il préconisait que l’expression culturelle de chaque province soit une priorité.

Un député de l’UPC régulièrement élu : M. Owono Mimboe, un boulou d’Ebolowa s’est vu refuser l’entrée à l’assemblée nationale du Cameroun de 1960. Couragement, Mbida, comme en 1955 devant le gouverneur Roland pré et le ministre de la France d’Outre mer qui interdisent l’UPC, Mbida a décidé de défendre les droits de l’UPC à accéder à l’assemblée nationale camerounaise de 1960.

Il est suspendu lui aussi. Il lui est interdit d’accéder à l’assemblée nationale sise à l’époque en face de l’actuel ministère des finances. Les gendarmes en faction ont ordre de tirer sur mbida s’il s’approche seulement à l’assemblée nationale.

Alors il s’est vu contraint de mettre en location sa belle demeure de l’hippodrome pour aller vivre très modestement à Nkol Bikok sur l’ancienne route de Douala, dans sa belle famille les Mvog-Betsi.

Le canada vient d’ouvrir une ambassade à Yaoundé. La maison de Mbida de l’hippodrome leur plaît. Elle se situe à proximité des bureaux de l’ambassade en face de la maison de la radio. Ils veulent louer la villa de Mbida pour y loger leur ambassadeur. Alors, le chargé des affaires veut finaliser le bail. Les canadiens font les choses correctement. Ils font enregistrer le bail auprès des services correspondants aux finances. Le ministre des finances en informe le premier ministre.

Le chargé d’affaires est appelé au ministère des affaires étrangères. Le ministre lui fait savoir que sur instruction du premier Ministre Charles Assale, le gouvernement camerounais n’apprécierait pas qu’un bail soit signé entre le Canada et M. André marie Mbida..

Le chargé d’affaires se fâche : « Le Canada est un pays libre, vous n’allez pas nous imposer avec qui  nous signons nos baux ». On est au bord de l’incident diplomatique.

Le bail est signé. Alors, Mbida est serein. Il fait enregistrer chez Maître Mboudou Ahanda une procuration spéciale au profit de son épouse marguerite sur ses biens et peut partir  le cœur léger affronter son destin.
Cette maison située en face de l’actuel ministère des relations extérieures a aidé, nourri et protégé la famille Mbida pendant toutes les années de braise. Elle a été utile pour  la bourse d’études de Thérèse, Louis Tobie, Alphonse, Paul, Simon et bernadette. Cette maison est un symbole.

Et que dire de son arrestation ?

Une voiture de marque « Chambord » portant le sigle CA(Corps Administratif) sur la plaque d’immatriculation a été garée dans la cour de Nkol-Bikok ce 29 juin 1962. Les fouilles terminées, il est demandé à M. Mbida de prendre place dans la belle « Chambord » noire que le gouvernement a fait avancer devant le perron pour se faire conduire au palais de justice de Yaoundé où l’attend le juge qui va lui signifier son incarcération.

Il décline cette offre et décide de marcher de Nkol-Bikok au palais de justice de yaoundé.

[…] Le président Ahidjo a longtemps hésité à faire emprisonner André marie Mbida. Il a été le vice-premier ministre de Mbida. Lorsque les élus du Nord se retrouvent à l’assemblée Représentative d’abord et territoriale ensuite, ils sont les plus nombreux mais, ne réussissent pas à faire passer leurs  messages et encore moins à faire valoir leurs intérêts……..

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CAMEROUN, DES ANNÉES DE BRAISE AUX LEÇONS DE L'HISTOIRE
Vers une dynamique nouvelle
Auteur: Louis-Tobie Mbida
Études africaines
ACTUALITÉ SOCIALE ET POLITIQUE DÉVELOPPEMENT AFRIQUE NOIRE Cameroun

ISBN : 978-2-296-10466-2 • mars 2010 • 424 pages

Prix éditeur : 38,00 €

Editeur l'harmattan

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