Agroalimentaire : La production laitière camerounaise à l’orée des APE
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Agroalimentaire : La production laitière camerounaise à l’orée des APE :: CAMEROON

Encore dominé par les pratiques artisanales, des mesures plus modernes sont de plus en plus évoquées pour rendre le lait et les produits laitiers locaux compétitifs sur le marché national et international.

Le manque de fourrages et d’eau en quantité suffisante en saison sèche, le manque des étables appropriées, la méconnaissance de la technique et la technologie, le manque d’encadrement des éleveurs et producteurs de lait, l’importation des races laitières performantes telles que les vaches Holstein, le déficit en énergie électrique, l’insuffisance du cheptel (il est estimé à 1,2 millions de têtes), les conflits permanents entre les éleveurs et les agriculteurs, constituent le chapelet des problèmes qui plombent la filière laitière au Cameroun en dépit des conditions climatiques et florales favorables.

Ce qui explique que la production nationale soit en déca de la demande de la consommation nationale. Les chiffres indiquent que le Cameroun accuse un déficit de production de plus de 170 000 tonnes par an. La production nationale d’environ 125 000 tonnes pour une demande estimée à 297 000 tonnes.

Selon le ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales (Minepia), «la consommation du lait se situe actuellement à 14 Kg par habitant or la production laitière au Cameroun n’est que de 6 kg par habitant. La différence est compensée par des importations de produits laitiers en continuelle augmentation». Conséquence : le Cameroun dépense par an plus de 20 milliards de FCFA pour l’importation du lait et produits laitiers chaque année.

Et si «rien n’est fait, il faudra pour le pays d’ici 2018 envisager des importations de 662 000 tonnes de lait d’une valeur [cumulée, NDLR] de 1596 milliards de FCFA.» D’autant plus que pour les acteurs les industries laitières installées au Cameroun, le lait produit localement n’entre même pas à 1% dans la transformation du lait et produits laitiers consommés au pays, à cause de sa quantité jugée très insuffisante.

A écouter les éleveurs, ce n’est pas tant la quantité du lait produit au Cameroun qui est mise en cause, mais c’est l’exploitation rationnelle, scientifique et technologique qui fait défaut. Lors de la conférence-débat sur «Enjeux économiques et défis du développement de la filière laitière au Cameroun » organisée par l’Association Afrique-France-Economie-Culture (AFEC) le 16 juin 2016 à Yaoundé, une dame propriétaire d’un cheptel d’environ 250 têtes dans le Mbam (région du Centre) a révélé qu’elle a une production d’environ 25 litres par vache et par jour, mais ce lait coule inutilement dans la nature par manque de techniques et procédés de collecte, de transformation et de commercialisation.

Accord de partenariat économique

Dans un contexte où l’économie nationale s’apprête à entrer en compétition avec l’économie européenne dans le cadre des Accords de partenariat économique (APE), l’urgence d’industrialiser la filière laitière se fait de plus en plus pressante. «Toute politique qu’on mène n’a de valeur que si elle rencontre les besoins de la population.

Le lait restera et demeurera très important dans notre pays d’année en année. D’ici 20 ans, 75% de la population sera urbaine et les habitudes alimentaires (déjeuner, petit déjeuner) vont changer. Le lait deviendra un aliment intournable dans notre pays. Le défi qui s’impose à nous c’est de pouvoir travailler sur la base de nos valeurs propres.

Avec les APE, les barrières tarifaires vont bientôt être levées et l’Europe va envahir notre marché avec les produits laitiers. Qu’est-ce que nous avons au Cameroun en matière de production laitière pour que nous puissions répondre à cette concurrence-là ?», s’interroge Sylvain-Blaise Ebodé, du Minepia. Il y a donc urgence de s’astreindre aux normes en matière de la production et de la transformation du lait et des produits dérivés.

«Dans le monde entier, la norme est l’élément essentiel de mesure des produits. Vous produisez quelque chose, vous devez vous rapporter aux normes», ajoute-t-il, lorsqu’on sait que mes conditions hygiéniques dans lesquelles se fait le lait ainsi que sa vente au Cameroun laissent à désirer. L’industrialisation de la filière laitière demande la structuration qui prend en compte une chaine des valeurs allant de l’élevage des bœufs à la commercialisation du lait en passant par l’insémination, la sélection des races pour le croisement, la production, collecte de lait et la transformation.

Et dans ce sens, le travail sur le plan scientifique et académique que font les institutions privées telles que l’IRAD et l’Ensai sont salutaire. Des recherches sont menées, des modules sont développés et des formations sont données avec des parchemins (licence Pro, Masters) dans chaque maillon de la chaîne. Le rôle de l’Etat, à travers le Minepia est de plus en plus sollicité pour faire en sorte que l’élevage bovin et la production laitière ne soit plus une activité réservée uniquement au Grand-nord (Adamaoua, Nord et Extrême-nord), mais qu’elles soient aussi développer dans les zones forestières.

Car des expériences porteuses ont montré leurs preuves de ce côté-là. «Je peux vous garantir que les recommandations de ce soir seront prises en compte pour relever cette filière, comme toutes les autres, puisse être porteuse de croissance», s’est engagé le Minepia, Dr. Taïga.

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