Pour pleurer les siens : Jeune Afrique ouvre un procès en sorcellerie contre le Tcs
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Digérant mal la condamnation de ses amis, le magazine qui emploie François Soudan déverse sa bile sur le système judiciaire camerounais. Et perd son âme au passage.

Dans son édition du 29 mai au 4 juin, Jeune Afrique, pleure ses amis et autres financiers occultes emprisonnés au Cameroun pour crimes économiques. Les états d’âme devant, le professionnalisme derrière, le dossier sur le Tribunal criminel spécial (instance qui juge les détournements de fonds publics évalués à 50 millions au moins) qui en réalité n’est que du réchauffé -les mêmes histoires tout le temps-, est un festival indigeste de critiques recuites, de règlements de compte, de lynchage médiatique, de pleurnichements à peine voilés…

Certes, l’hebdomadaire de Béchir Ben Yahmed n’en est pas à sa première tentative de falsification de la réalité camerounaise. Ses attaques abjectes contre le pays de Paul Biya sont généralement suivies d’étranges encarts aux titres aussi ronflants que flatteurs. C’est ça le drame de cette presse caméléon. Un jour, elle encense, un autre jour, elle vilipende. Selon les spécialistes rencontrés par La Météo, cette instabilité éditoriale a un nom : la politique du plus offrant. En d’autres termes, Jeune Afrique, telle une belle de nuit, offre ses services au plus offrant.

Comme l’Etat du Cameroun est de moins en moins réceptif à ses multiples appels du pied, cet hebdomadaire, comme il fallait s’y attendre, semble, par devoir de solidarité, se rappeler de la belle époque en tentant de voler au secours des ses (anciens?) ses amis, actuellement prisonniers dits de luxe. Ceux-ci, serait apprend-on, pleins aux as du fait des détournements de l’argent public. Argent amassé dans des circonstances que la justice, notamment le Tcs, entend élucider. D’où l’opération épervier qui n’a visiblement rien d’une campagne d’épuration politique comme le martèle, certainement pour faire diversion, «Jeûne à fric» fâché avec les faits.

Appelés à la barre pour répondre de leurs gestions, l’opinion remarque que ces prisonniers de luxe ont eu droit à des procès publics et contradictoires, s’offrant pour leur défense les meilleurs avocats camerounais et même européens. Cette équité judiciaire n’échappe à aucun observateur averti à l’exception de Jeune Afrique qui, quand cela l’arrange, se met un bandeau noir sous les yeux pour refuser de voir la vérité. Conséquence, ses articles sont écrits avec émotion, passion, parti pris. Quand ce média dont la ligne éditoriale est aussi fluctuante qu’une cotation en bourse, parle d’épuration politique, les personnes de bonne foi ne peuvent que se demander si les mots ont la même signification pour tout le monde. Un justiciable à dont les droits relatifs à sa défense sont respectés peut-il être l’objet d’une purge politique? Un esprit non corrompu par l’argent mal acquis y répondra sans hésiter, non !

Mauvaise foi

Faut-il nécessairement suspecter chaque décision de justice lorsqu’elle est rendue par des magistrats camerounais en particulier et africains en général ? Est-il sage et cohérent de dire par exemple que la justice ne fait que son travail lorsque Nicolas Sarkozy, François Copé, Jacques Chirac…sont poursuivis en France et affirmer que la justice est aux ordres quand les accusés s’appellent Jean Marie Atangana Mebara, Marafa Hamidou Yaya, Yves Michel Fotso, Urbain Olanguena Awono… et que les juges sont Camerounais ?  

Des médias comme Jeune Afrique contribuent à alimenter les clichés sur les juges africains. « Si ces juges avaient la fortune des ‘’éperviables’’ que cet hebdomadaire prétendument panafricain protègent, maladroitement d’ailleurs, alors ils auraient droit eux aussi à quelque bons articles », lance outré Alain Duidje, étudiant en Droit à l’université de Yaoundé II.

Des vertes et des pas mûres sont dites. Un expatrier, avocat d’Yves Michel Fotso (lourd condamné par le Tcs dans le cadre des détournements des fonds à la Camair dont il a eu la charge de 2000 à 2003) alors qu’il respecte la justice de son pays, passe curieusement son temps à vilipender le la justice camerounaise. Peut-on attendre mieux d’un avocat ayant chèrement été pays et n’a même pas en retour été capable de faire gagner son client ?

Maitre Alice Nkom.

Dans une interview dans les mêmes colonnes de Jeune Afrique, l’avocate soutient que « les tribunaux camerounais sont  aux ordres ». Une sortie qui est battue en brèche par un autre avocat camerounais. Ce dernier réagissant sous anonymat, soutient que sa consœur fait ce qu’elle sait faire de mieux : détruire la réputation du Cameroun.

« Chez Maître Alice Kom, le but ultime n’est pas que son client gagne le procès. L’agitation médiatique est sa seule vraie préoccupation. Ses dossiers m’ont toujours semblé mal préparés et ses plaidoyers à la barre tirés par les cheveux. Elle fait des pieds et des mains pour obtenir la défense des prisonniers célèbres. Ceci pour parader dans les médias au détriment de ses clients dont elle néglige cruellement la défense. Il faut stopper cet indécent show judiciaire. L’image de l’avocature en prend un coup», s’indigne cet avocat inscrit au barreau du Cameroun. Pour lui, les procès au Tcs sont équitables. Seulement, ajoute-t-il, certains avocats qui défendent les ex-barons du régime pèchent par paresse intellectuelle, par victimisation, par la politisation de l’arène judiciaire et par la recherche effrénée du scandale afin d’appeler sur eux l’attention des médias.

Au fil des temps, la justice africaine force le respect par son indépendance et la science de ses magistrats. Dernier exemple en date : le procès de l’ex-président tchadien, Hissein Habré, sous la houlette du Tribunal spécial africain, a été irréprochable de transparence et d’équité.  Quand est tombé le verdict mardi dernier (le prédécesseur d’Idriss Deby Itno a été condamné à perpétuité). Un peu partout dans le monde, des voix s’élèvent pour saluer cet exemple qui vient d’Afrique. Évidemment, quelques esprits rétrogrades, prisonniers d’une époque passéiste ou des forces de l’argent, refusent d’être lucides et d’apprécier à juste titre les avancées judiciaires au Cameroun. Et en Afrique…

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