NOUVEAU SYSTEME d’IDENTIFICATION : Grosse arnaque autour du projet
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Près de 100 millions Fcfa de surfacturation grossière. Le résultat est la mise en place au rabais des infrastructures relatives au projet et le cuisant retard qu’accuse la livraison de celui-ci.

Il faut bien attendre de voir les premières cartes nationales d’identité - cartes de refugié et cartes de séjour « nouvelle génération » qu’entend produire la police camerounaise, pour saluer cette initiative du délégué général à la sûreté nationale de révolutionner la sécurisation de ces documents. Tant le succès de cette opération tient désormais plus de la providence que d’une autre chose.

Nuages

Annoncées d’abord pour le mois d’avril 2016, les nouvelles cartes d’identité tardaient jusqu’au moment où nous mettions sous presse, à sortir des usines. En termes d’usines même, les travaux de construction de cellesci connaissent, au-delà de la lenteur, des entraves à leur consistance technique et le respect des caractéristiques imposés par l’entreprise Gemalto retenue par le gouvernement pour le volet production de ces titres identitaires.

Si le sujet ne fait l’objet d’aucune communication, même informelle, à la délégation générale à la sûreté nationale, une note d’information dont notre rédaction a eu copie adressée au patron de la police en miavril 2016 et qui a atterri au secrétariat général de la présidence de la République, dévoile la mafia qui bloque le projet et qui risque saper les espoirs qu’il charrie. Dans le cadre de la mise en oeuvre du nouveau programme de sécurisation des documents identitaires, le gouvernement a entrepris de construire deux centres de production. L’un est à Yaoundé dans l’enceinte de l’Ecole nationale supérieure de police, derrière l’hôpital. Un deuxième est prévu à Garoua. Tout cet ensemble dispose également d’une unité située dans les locaux de la représentation d’Interpol de Yaoundé.

Gré à gré

La correspondance relève premièrement que le gros du retard dans la livraison desdits centres de production est consécutif à celui accusé par l’exécution du marché de sécurisation des équipements informatiques de production que ces bâtiments accueilleront bientôt. Ladite sécurisation ne concerne que le volet destiné à rendre les salles des machines antistatiques. Une oeuvre qui nécessite l’acquisition et la pose d’un type de carreaux spécialement conçus pour cette fin. Ce marché dont le délai d’exécution était de 60 jours, a été attribué de gré à gré, en décembre 2015, à une Pme camerounaise - Benzcam energy SA.

Sauf que, selon la correspondance évoquée plus haut, cette entreprise n’a aucune expertise ni référence en la matière. D’où la lenteur dans l’évolution des tâches qui lui sont dévolues. La correspondance va plus loin. « Les carreaux spéciaux que Benzcam energy SA a commandés d’Angleterre, fabriqués par l’entreprise Ecolite flooring limited, pour finaliser son marché, ne sont pas conformes aux caractéristiques définis dans les termes de référence. Ils ont par exemple, une épaisseur de 7 millimètres là où Gemalto avait bien noté que seuls les carreaux de 10 millimètres d’épaisseur assureraient une meilleure protection des équipements à installer », peut-on y lire.

En somme, la raison pour laquelle Gemalto a exigé une épaisseur donnée des carreaux tient au fait que la salle où est prévue la pose de ces carreaux est supposée accueillir des machines d’un poids parfois supérieur à 3 tonnes. Il faut ajouter à cela les entrées et sorties des Hyster et camions de toutes sortes. « Un trafic et une activité que ne risque pas de supporter bien longtemps, un plancher aux carreaux de moins de 10 mm », préviennent des spécialistes.  

233 millions de francs Cfa

Au-delà de ce qui précède, la note aux allures de dénonciation, insiste : « outre ce manque d’expérience de Benzcam energy SA, il y a que le marché a été hautement surfacturé - près de 300% de majoration ». Cette note précise : « lorsque Njoha Pierre, présenté comme le sous-directeur en charge de l’immobilier à la Dgsn, saisit Benzcam energy SA, la facture pro-forma introduite par le prestataire est de moins de 100 millions de Fcfa. Toutefois, au terme du processus, ce montant évoluera pour atteindre mystérieusement 233 millions de Fcfa ».

Or, rien n’avait changé entre temps, du point de vue des désignations et des quantités - voir les 2 factures proforma en facsimilé. A titre d’illustration, le chantier de Yaoundé porte sur 210 m2 autant que celui de Garoua, et 40 m2 de carreaux antistatiques couvrent le site d’Interpol. De la première facture pro-forma déposée à la Dgsn le 8 novembre 2015, il apparait un montant total des travaux de l’Ecole de police d’un peu moins de 49 millions Fcfa. Par contre, la nouvelle facture introduite le 16 décembre 2015 porte ce montant à près de 62 millions de Fcfa, sans justificatif.

Flop

Le caractère incompréhensible du choix porté sur Benzcam energy pour la réalisation de cette phase du marché, se couple aussi à celui de son mode de paiement. Le 18 janvier 2016, la Dgsn lui versait en début d’après midi, depuis les guichets de l’agence Scb sise face Immeuble ministériel N°2, la totalité en espèces des 233 millions Fcfa dus - après surfacturation, pour ce marché. Ceci, sans une quelconque lettre-commande qui l’aurait obligé à respecter les délais d’exécution, par exemple. Le rappel à l’ordre du prestataire qui tarde à survenir malgré tout ce qui précède confirme-t-il des accointances supposées entre le promoteur de Benzcam Energy SA et la Dgsn ? Ils sont très peu à ne pas le penser.

Quoiqu’il en soit, ce ne sera plus une surprise que de voir que le nouveau système d’identification au Cameroun connaître un flop. Malgré d’énormes  ressources englouties.

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