Candidature de Paul Biya : un journaliste de l'action limogé
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Gwain Colbert Fulai correspondant dans le Nord-Ouest, fait-il encore partie ou non de l’effectif du journal du comité central du Rdpc ? Difficile de le dire avec certitude.

C’est le journal Chronicle paraissant à Bamenda, qui dans son édition 454 du 16 au 24 mai 2016 rapporte que, Gwain Colbert Fulai ne fait plus partie de la rédaction du journal L’Action. Il a été remplacé par Akam Eric qui était jusque-là directeur de publication du périodique « The Drum » paraissant à Balinyonga dans l’arrondissement de Bali. C’est à lui qu’on a confié le poste de correspondant de l’hebdomadaire du journal du Cc du Rdpc dans le Nord-Ouest. Approché, par Le Messager, Gwain Colbert Fulai nous fait dire que « c’est dans le journal Chronicle que j’apprends que je suis limogé de l’Action. Je n’ai pas reçu de lettre dans ce sens de mon employeur ».

S’il advenait qu’il soit congédié de la rédaction du journal L’Action, son crime proviendrait de sa prise de position contre l’appel à la candidature de Paul Biya pour la présidentielle de 2018. Au plus fort des appels à candidatures fusant de partout et invitant le chef de l’Etat à briguer un autre mandat en 2018, le journaliste Colbert Gwain s’était illustré en février dernier en lançant une autre campagne baptisée « A people’s call for Anglophone for Presidency 2018 », faisant l’apologie d’une candidature d’un anglophone pur sang à cette consultation. Il insinuait que la présence d’un anglophone à la tête de l’Etat en 2018 constitue une panacée pour l’unité et la stabilité du Cameroun.

Cette sortie de Gwain Colbert Fulai, rapporté en page 3 du journal Le Messager dans son édition 4517 du 18 février 2016, n’a pas laissé indifférent la rédaction du journal L’Action. A en croire notre interlocuteur, « ma rédaction m’a mis sous pression de faire un démenti ou mise au point au journal Le Messager ». Et comme si cela ne suffisait pas, poursuit-il « on m’a demandé si je me projetais comme le futur challenger de Paul Biya à ce scrutin ou bien pour qui est-ce que je roule? ».

Malgré cette pression de sa rédaction Colbert Gwain est resté dans sa logique, allant même d’un cran. C’est ainsi qu’il va produire les 10 raisons pour lesquelles les francophones voteraient en 2018 un candidat anglophone. Il va même enregistrer une vidéo et poster sur You Tube et les réseaux sociaux. Défiant ainsi la pression en provenance de sa rédaction et du comité central.
Interpeller dans l’édition 4517 du Messager, sur la fait qu’il ne sera pas qualifié au sein de sa rédaction d’« ennemi dans la maison», ce journaliste d’expression anglaise laissait entendre que son acte s’inscrivait dans la logique du slogan de l’hebdomadaire l’Action à savoir: « relever le défi pour poursuivre le changement».

Deux poids deux mesures

Il rappelait à toutes fins utiles que cela rentre dans la mouvance démocratique consacrée au sein du Rdpc. A ce propos, il citait la candidature René Zenguelé contre Paul Biya au congrès électif du Rdpc en 2011. Rencontré une fois de plus la semaine dernière ; Colbert Gwain est catégorique « René Zenguelé n’a pas été limogé du parti, plutôt il a été promu sénateur par la volonté du président de la république Paul Biya ». Et de s’interroger « pourquoi dois-je être démis de mes fonctions au sein de ma rédaction ?». Sauf s’il s’agit de la politique de deux poids deux mesures. Ce journaliste qui réclame le deuxième rang en termes d’ancienneté (il a été recruté en 1995) après le directeur des rédactions Christophe Miem Zok dans cette rédaction avait en décembre 2015, demandé qu’on lui confie la direction du palais de congrès de Bamenda. Ceci faisait partir des suggestions qu’il proposait à son rédacteur en chef Serges William Fotso, afin d’optimiser ses conditions de travail dans le Nord-Ouest.

A propos de la candidature d’un anglophone à la présidentielle de 2018, Colbert Gwain tirait et continue de tirer son raisonnement du rôle joué par les fils et filles des deux régions anglophones (Sud-ouest et Nord-Ouest) dans la cadre de l’indépendance et la réunification du Cameroun. « La réunification du Cameroun avait été largement articulée par les leaders de la Southern Cameroon soutenus par les jeunes aussi bien du terroir que de la diaspora ».

Aussi estime que depuis l’indépendance de la Southern Cameroon par jonction à la république du Cameroun et ce à la suite d’un plébiscite, aucun anglophone n’a jamais occupé le prestigieux poste de président de la république unifiée du Cameroun. Si pour lui, deux francophones ont géré pendant tout ce temps le pays, la logique voudrait que le prochain président de la République soit un anglophone « pur sang » dont les parents sont de cette partie du triangle national.

« Tenant compte du fait que cette nation ‘‘une et indivisible’’ a célébré dans l’harmonie, le jubilé d’or de l’indépendance en 2009 à Yaoundé, le jubilé d’or de l’armée en 2010 à Bamenda, le jubilé d’or de la réunification à Buea en 2012 et enfin le jubilé d’or de la jeunesse en 2016. Considérant que le Cameroun est constitué de deux entités linguistiques et culturelles distinctes (anglo-saxonne et française) » il estime que malgré le fait que les anglophones aient tout donné pour l’édification du Cameroun unifié, ceux-ci ont été victimes durant cinq décennies des « injustices structurelles innumérables » qui donnent l’impression générale qu’ils « sont traités comme des citoyens de seconde classe ou des peuples marginalisés » écrit Colbert Gwain dans son message de campagne. Pourtant précise-t-il, la constitution fait état de ce que les anglophones et les francophones se sont réunifiés comme des peuples égaux.

Alternance

Aussi tire-t-il son argumentaire sur la montée de l’insécurité avec notamment celle perpétrée par Boko Haram ainsi que la croissance des voix extrémistes dans la partie anglophone du Cameroun depuis AAC 1 à Buea en 1994 en passant par celles du Scnc, Scapo, Socalim, Uno State etc. , tous visant la sécession du Cameroun. Vu sous ce prisme, il invite les Camerounais de tout bord, intéressés de voir un Cameroun fort, unifié et stable qui tend vers l’émergence en 2035, de se mettre en rang serré pour assurer qu’un anglophone né après l’indépendance (qu’il soit du Rdpc ou de la coalition de l’opposition) soit porté à la tête de l’Etat en 2018. Aussi suggère-t-il que cet anglophone (de mère et père anglophone) doit être parfaitement bilingue et prêt à sauvegarder les deux sous-systèmes de l’éducation.

Pour lui, 2018 doit marquer le début d’une présidence rotative entre anglophone et francophone pour un Cameroun inclusif où chacun apporte sa pierre à la construction de cet édifice qu’est ce pays. Interpellé par Le Messager sur l’anti-constitutionnalité de cet appel qui met déjà hors course les candidats francophones, Colbert Gwain nous fait dire que même ceux qui nous gouvernent depuis 50 ans n’ont jamais respecté leur propre constitution

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