TCHOLLIRÉ : Des militaires tabassent la population
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Les éléments du 31ème BIM ont organisé une descente musclée au marché de la ville.

Les populations de Tcholliré n’oublieront pas de sitôt la date du 26 avril 2016. Pendant plus de trois heures d’horloge, de paisibles citoyens ont été manoeuvrées et tabassées par des éléments du 31ème BIM positionnés dans la localité. Puis, certains ont passé la nuit à la belle étoile sans connaître pour autant les mobiles de leur séquestration ou ce qui justifiait un tel passage à tabac.

«J’étais au marché avec les amis quand soudain, des éléments du 31ème BIM ont fait irruption à l’endroit où nous nous trouvions. Ils nous ont demandé de les suivre, sans aucune explication. Quand je leur ai demandé pourquoi et pour quel motif, ils se sont jetés sur moi et m’ont roué de coups. Ils avaient formé des groupes de 10 éléments chacun et ont quadrillé tout le marché et ses environs. Ils passaient à tabac tous ceux qu’ils rencontraient sur leur passage.

Ils étaient armés de ceinturons, de matraques et de fusils d’assaut. Quand ils te ciblaient, ils te forçaient à les suivre. Ils nous ont conduits au stade municipal où ils nous ont manoeuvrés. Ils nous ont obligés à faire la marche canard, à nous rouler au sol et à manger du sable, tout en nous exigeant de l’avaler», raconte Djimgamtar Alexandre, une des victimes. Non sans ajouter que les militaires, qui ont assiégé le marché de Tcholliré, ont arrêté plus 300 personnes qu’ils séquestreront deux jours durant.

«Après le manoeuvrage au stade, ils nous ont conduits dans leur camp. Ils ont continué à nous torturer en nous frappant avec la crosse de leurs armes. Plusieurs personnes ont été grièvement blessées et conduites à l’hôpital. A l’heure où je vous parle, je ne trouve plus de sommeil depuis qu’ils m’ont frappé. J’ai atrocement mal au niveau du thorax et du cou», poursuit Djimgamtar Alexandre.

Sept personnes au total ont été reçues aux urgences de l’hôpital. Il s’agit d’Abdouraman Mahoundé, Mohamadou Moussa, Ilyassou Saidou, Mekong Serge, Younoussa Nganbai, Ibrahim Mbaldori et Djimgamtar Alexandre. La chasse à l’homme s’est poursuivie jusque dans des quartiers. Ils ont bouclé pendant des heures tous les quartiers environnants du marché dont Yondé II, Kawadji, Kaba, Man et Manbokarangua.

«Je me reposais quand j’ai suivi les bruits des pas des hommes qui couraient dans toutes les directions. Une dizaine de personnes ont d’ailleurs trouvé refuge dans notre concession. Je suis sorti de la chambre pour savoir ce qui se passait réellement. Je pointe le nez dehors et je croise donc un militaire qui cherchait à pénétrer dans la concession. Il me demande ce que je fais là. Je lui dis que c’est à lui d’expliquer ce qu’il fait à l’entrée d’une concession privée. Il voulait forcer l’entrée, mais je le lui ai interdit. J’ai dit qu’il ne pouvait avoir accès que s’il me présente un document officiel lui donnant ce droit. Il s’est détourné de moi et s’est mis à la poursuite d’autres personnes. Il a tiré un coup de feu en l’air et il est parti de chez nous», relate Idrissa Galdima, habitant de Yondé II à Tcholliré.

Selon des sources concordantes, un collectif des victimes est en cours de constitution. Lequel entend saisir la justice dans les jours à venir.

«Nous sommes en train de nous réunir et de constituer les pièces nécessaires pour une saisine de la justice et des associations des droits de l’homme. Comme ils disaient être envoyés par leur chef, ce dernier devra nous donner les raisons d’une telle maltraitance. Plusieurs dizaines de personnes passent deux à trois jours au clair de lune dans un camp militaire, sous une pluie battante. Je pense qu’ils ont dépassé les bornes. Il est inadmissible que des fonctionnaires et des étudiants venus en congés puissent subir un tel sort. Nous saisirons la présidence de la République pour que lumière soit faite sur cette situation», déclare Idrissa Galdima, habitant de Yondé II à Tcholliré.

Contactés par votre journal, les militaires du 31eme BIM n’ont pas souhaité donner réponse à nos préoccupations.

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