EXTRÊME-NORD : Les non-dits de l’appel à la candidature de Paul Biya
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1321 étudiants récrutés pour le meeting de Maroua.

Pour arriver à Maroua, assister au meeting de l’appel à candidature de Paul Biya, les militantes, militants, et sympathisants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) du département du Logone et Chari sont passés par le Tchad. Le détour dans ce pays voisin est la conséquence de deux facteurs. Primo, le problème d’insécurité sur l’axe Maroua-Kousseri, où on enregistre des attaques sporadiques des combattants de Boko Haram.

Secundo, la situation de cette route nationale n°1, est aujourd’hui dans un état de dégradation très avancée. Pour certains observateurs, c’est le second facteur qui a amené les militants du Rdpc à passer par le pays d’Idriss Déby Itno. Selon eux, s’agissant de l’insécurité, la forte délégation du Logone et Chari pouvait se faire escorter par les militaires.

«Je constate que le ridicule ne tue pas les Camerounais. Les militants du Logone et Chari sont passés contre leur gré par le Tchad, avant d’arriver à Maroua, chef-lieu  de leur région. Malgré la souffrance du voyage, ils ont joint leurs voix à celles des autres militants pour appeler Paul Biya à se porter candidat à la prochaine élection présidentielle. Cette attitude convoque deux lectures. Premièrement, les militants du Logone et Chari veulent démontrer qu’ils sont contents de passer par le Tchad, avant d’arriver à Maroua. Et que même si la situation ne change pas, ils soutiennent Paul Biya. Deuxièmement, il peut s’agir d’une mobilisation hypocrite, car ils sont dans un océan de problèmes, mais font semblant de l’ignorer. C’est un paradoxe bien camerounais», analyse un observateur averti de la scène politique.

Malgré tout, rien n’a émoussé l’enthousiasme des affidés de Paul Biya. Il n’y avait pas que les militants du Logone et Chari qui ont bravé des difficultés et autres intempéries pour rallier Maroua. Leur cas est plus frappant, parce qu’ils viennent de très loin. Le mauvais état des routes est le calvaire commun dans la région de l’Extrême-Nord. Qu’il s’agisse des militants du Mayo-Danay, Mayo-Tsanaga, Mayo-Sava, Mayo-Kani, Diamaré ou Logone et Chari, tous ont subi les difficultés dues à la dégradation des routes. La région de l’Extrême- Nord est l’une des régions du pays où presque toutes les routes sont partiellement ou complètement dégradées.

A ce problème qui freine le développement économique de la région, s’ajoute celui du chômage des jeunes. D’ailleurs, c’est dans cette catégorie que le Rdpc a pu mobiliser un grand nombre de personnes pour prendre part au meeting de Maroua. Désoeuvrés, elles n’ont pas pu résister aux prébendes de 2000 Fcfa qu’on leur offrait pour assister au meeting. L’appel de Maroua intervient dans un contexte où la région souffre de plusieurs maux. Pauvreté, manque d’infrastructures routières et sanitaires, manque d’eau potable dans presque toutes les localités de la région.

Ces maux ne semblent pas indigner les militants du parti du flambeau. Lesquels n’ont pour seule préoccupation que de voir le président de leur parti répondre par oui à leur appel pour la prochaine élection présidentielle. «Les élites de l’Extrême-Nord devraient plutôt mettre à profit leur poids politique important pour impulser le développement. Le président de la République ne peut rien leur refuser. Mais c’est à eux d’exprimer les besoins et de poser les vrais problèmes dont souffre la région. Ainsi, les élites marqueront d’une pierre blanche, maintenant et pour l’histoire, leur passage aux affaires», observe un intellectuel de haut vol, originaire de l’Extrême-Nord.

ETUDIANTS ET ÉLÈVES

Pour gagner le pari de la grande mobilisation, les organisateurs du meeting de Maroua n’ont pas manqué de s’introduire dans les milieux universitaire et scolaire, pour y «ramasser» des jeunes. Selon nos informations, 1 321 étudiants de l’université de Maroua ont été habillés pour la circonstance aux couleurs du Rdpc. Certains établissements de la ville, à l’instar du lycée bilingue, lycée classique et moderne, lycée de Kakataré ou le lycée de Domayo, ont mobilisé près de 1000 élèves.

Une présence qui a rehaussé l’éclat de la kermesse politique dont le chef d’orchestre était Cavaye Yéguié Djibril, président de l’Assemblée nationale et coordonnateur des activités du Rdpc dans la région de l’Extrême-Nord.

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