Visite de Samantha Power : L'accident mortel qui a arrangé les affaires du régime
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Venu faire la leçon à Paul Biya en réaffirmant la perception américaine de la situation sécuritaire autour du Lac Tchad, la diplomate Samantha Power a été bien fragilisée par la mort d'un jeune enfant tué par son cortège.

Elle était au Cameroun et dans le pur style américain de la démonstration de force et des symboles, la diplomate américaine au Conseil de sécurité des Nations Unies a choisi de commencer sa tournée par une visite sur le terrain dans l'Extrême Nord.  A la tête d'un convoi de plusieurs véhicules blindés et roulant à vive allure. C'est à cette occasion qu'un jeune garçon de 7 ans trouvera la mort fauché par le 6e véhicule blindé du cortège. Il a succombé à ses blessures dans une formation hospitalière.

Le malheureux traversait la route avant d'être heurté par la sixième voiture du cortège de Samatha Power à Moloko, vingt kilomètres à l'est de la frontière nigériane, dans une zone où sévit Boko Haram. Le garçon a été frappé de plein fouet par la sixième voiture du cortège, une Jeep blindée conduite par un chauffeur camerounais, et roulant à plus de 100Km/h, au moment où il voulait traverser la route en courant. Un hélicoptère de l'armée camerounaise qui accompagnait le convoi de l'ambassadrice des Etats-Unis, a été témoin de la scène.

Samantha Power, sa délégation et des journalistes allaient rencontrer les réfugiés et les personnes déplacées à cause des exactions du groupe terroriste Boko Haram. Elle s'est notamment rendue au camp de réfugiés de Minawao, qui accueille actuellement plus de 56 000 Nigérians. Le chauffeur du véhicule qui a fauché le garçon s'est immédiatement arrêté, mais les forces de sécurité américaines lui ont aussitôt demandé de continuer à rouler dans cette zone présentée comme " non sécurisée ". Une ambulance qui suivait le cortège s'est arrêtée pour transporter l'accidenté dans un établissement hospitalier.

Le garçon, dont l'identité n'était pas encore connue, est décédé dans un hôpital local de suite de ses blessures.  L'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU est retournée sur les lieux de l'accident quelques heures plus tard afin de présenter ses condoléances à la famille éplorée. Samantha Power a exprimé sa " grande tristesse " face à des villageois qui se tenaient solennellement debout. Elle a également tenu à marquer sa " douleur " et son " chagrin " à la famille. Le porte-parole du secrétariat d'Etat américain, John Kirby, n'a pas été en mesure de dire si des compensations financières avaient été évoquées ou promises à la famille du petit garçon. Ce jeune camerounais de 7 ans est donc mort, tué accidentellement par le cortège de Madame Samatha Power et sa délégation venue au Cameroun pour envisager une " réponse globale " au conflit né par Boko Haram.

Quand on dit " réponse globale ", il y a une dimension qui n'est pas forcément plaisante pour le chef de l'Etat camerounais. On sait depuis plusieurs mois que pour les Américains, ce qui se passe autour du bassin du Lac Tchad n'est pas seulement la manifestation d'un obscurantisme de certains qui se cachent derrière la foi pour commettre des exactions. Robert P. Jackson, l'ancien ambassadeur américain au Cameroun qui a pris des galons au sein du département d'Etat américain a été le premier à dire qu'il s'agissait d'une " insurrection ".

Le terme veut dire, ce qu'il veut dire. Il s'agit donc d'un soulèvement des populations locales contre un pouvoir établi pour dénoncer une certaine forme de gouvernance. Pris sous cet angle, une bonne réponse au conflit passe par un dialogue ou en tout cas une écoute des populations en lutte contre l'autorité aux affaires. Il faut donc lire Madame Samantha Power entre les lignes lorsqu'elle déclare au sortir de sa rencontre avec le chef de l'Etat Paul Biya le 19 avril 2016 que " la solution face à Boko Haram n'est pas que militaire ".

Elle était venue dire les choses plus crument, mais par un cours du sort, elle s'est trouvée fragilisée par la mort d'un jeune enfant de 7 ans que son cortège a accidentellement tué la veille. Pour le coup, Mme Samantha Power a été limitée pour conduire les exigences démocratiques qu'elle était venue imposer à Paul Biya mais d'autres occasions vont suivre. Les Etats-Unis d'Amérique ont envoyé leurs militaires et leurs diplomates dans la région de l'Extrême Nord pour appuyer leurs pressions sur Paul Biya. Il n'est pas certain qu'ils n'obtiennent pas ce qu'ils veulent.

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