Etudiants africains en Europe, les réalités du terrain.
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BELGIQUE :: Etudiants africains en Europe, les réalités du terrain. :: BELGIUM

Jamais assez prévenus, ils décident toujours d’aller voir avant de donner leurs avis : Des étudiants camerounais nous narrent leurs désillusions de l’Europe. Ayant toujours été considéré comme un eldorado, tant par les touristes que par les étudiants de la planète et surtout ceux d’Afrique, séjourner en Europe est peut être mieux que de séjourner ailleurs. Mais le chemin à parcourir, à entendre certains, est un sacrifice qui ne dit pas son nom. À cet effet nous allons à la rencontre de quelques « étudiants africains en Belgique, ceci dans le but d’avoir une idée claire du présumé paradis européen. 

Dans la Haute Ecole Condorcet de Marcinelle, à Charleroi en Belgique, nous nous dirigeons vers un groupe de sept étudiants dont quatre d’entre eux seraient visiblement d’origine  africaine.

Bonjour mesdames et messieurs. Pouvez vous  nous accorder un peu de votre temps ?

Pourquoi pas ?  Nous vous écoutons.

Merci, je vais commencer par vous demander quel était votre vision de l’Europe et plus précisément de la Belgique lorsque vous étiez dans votre pays d'origine ?

Lorsque j’étais au Cameroun mon pays d'origine, j’avais déjà des camarades et de la famille ici,  et je me disais que tout se passait bien car je voyais les publications de leurs photos sur les réseaux sociaux, ils m’envoyaient parfois un peu d’argent lorsque j’étais en difficultés. En plus sur les photos ils étaient très bien habillés et les paysages étaient magnifiques. Aussi, je pensais qu’il y’avait du boulot pour tout le monde.

Est-ce que tout se passe comme vous l’aviez imagine mademoiselle Blandine ?

Pas du tout, c’est presque le contraire, j’avoue que ceux qui nous bluffent avec les publications de photos propagandistes ne sont pas les seuls responsables de ma désinformation vis à vis du soit disant eldorado Belge. Je suis également responsable de cette mauvaise information parce que je choisissais d’écouter ceux qui me faisaient rêver. 

Est-ce que vous pouvez nous donner des détails mademoiselle Blandine

Le coût de vie est certes abordable, proportionnellement à la rémunération. Mais les jobs étudiants sont peu rares. Mais ce n’est pas le plus dur. Le plus dur est d’affronter une culture autre, de vous adapter en tenant compte de la froideur des gens, du fait que le racisme est une réalité. Nous là subissons constamment.

Vous pouvez nous décrire une scène raciste que vous avez vécue ?

C’est un plaisir pour moi de vous raconter cette histoire, d’autant plus que l’écoute des autres n’existe presque pas ici, c’est un mode de vie basé sur la solitude et la froideur. En ce qui concerne mon histoire, pendant les stages académiques, j’ai été mis à mal par une ménagère européenne qui m’empêchait d’entrer au bureau lorsqu’elle nettoyait le sol mais, laissait passer tout autre personne. A ma grande surprise, j’ai été menacée de renvoi si je continuais de me plaindre.

Quelqu’un d’autre parmi vous a-t-il été victime d’acte raciste ?

Oui, moi. Lors de mon stage également, l’aide-soignante qui était chargée de travailler avec moi a déclaré devant ses collègues et moi-même : << je ne veux pas travailler avec cette putaine de nègre, je ne travaille pas avec les nègres…>>. Malgré l’intervention de ses collègues qui essayaient de la ramener à la raison, elle n’a pas voulu rien entendre. J’ai passé une journée vraiment difficile, mais je me concentre sur mes études actuellement, en ayant conscience qu’il me faut travailler plus dure pour être acceptée.

Nous n’en revenons pas qu’en 2016, de telles choses existent dans un  pays dit  de droit.  Tout est négatif alors ?

Les seuls points positifs sont l’organisation du système éducatif, les infrastructures et surtout le social, notamment la santé. En cas de maladie,  avec ou sans moyens financiers, l’on peut recevoir des soins d’abord et les réclamations de frais de soins médicaux viennent par la suite. Je ne sais pas si vous êtes au courant de l’affaire Koumatéké, la femme  qui décéda au Cameroun après avoir été rejetée par les médecins par ce qu’elle ne disposait pas d’argent nécessaire à ses soins. Cela n’aurait jamais eu lieu si elle était en Belgique. 

En gros vous regrettez d’être là ou pas ?

Oui oui, je regrette un peu.

Et qu’est-ce qui vous empêche de retourner au Cameroun actuellement ?

Vous savez, comme on le dit au pays,’’ mouiller c’est mouillé’’. Dans cette histoire, j’ai tellement investi en temps, en énergie et en argent, que je ne peux faire marche arrière. Et surtout je constate que ça va de mieux en mieux. Mais si c’était à recommencer, je ne le referais. On vit peut être mieux ici , mais il faut du temps pour s’adapter et surtout accepter l’abandon de  certains des plaisirs tels les retrouvailles familiales et amicales qui sont une tradition en Afrique.

Monsieur Styven, est-ce que vous pouvez conseiller à quelqu’un que vous aimez bien de venir ‘’se chercher’’ en Europe ?

Là, ça dépend. Pour moi, il faut faire la différence entre ce qu’on perd en se déplaçant et les gais escomptés. Ça dépend vraiment, si vous êtes très pauvre, votre famille également, et vous voulez vous ériger en martyr pour sauver votre famille, je pense que l’Europe est faite pour vous. Par contre si vous avez une bonne situation économique au Cameroun, je vois mal ce que vous allez chercher en Europe.

Si certains étudiants sont si pauvre, comment parviennent-ils à payer les divers frais, notamment les frais de voyage, d’études, et tous les autres frais à l’ambassade ?

Merci pour cette question. Pour la plupart des candidats, Toutes ces dépenses ne sont que des aides des parents proches. Il y a des gens nantis qui vont étudier en Europe. Mais la plupart de ceux qui y vont font partie de la classe moyenne au Cameroun et parfois de la classe des démunis. Ils souffrent énormément pour y arriver en demandant de l’aide de gauche à droite.

Ne pensez-vous pas que ces aides seraient mieux exploitées au sein de notre pays et profiteraient autant à l’état qu’au contribuable ? Avec cet argent vous pouvez également suivre des formations soutenues. Nous avons des grandes écoles ici n’est-ce pas ? (STYVEN KEMAJOU, voir photo)

C’est vrai mais, vu l’état de développement moral et infrastructurel de notre pays, il faut comprendre ceux qui ont peur d’investir sur des biens et des personnes au Cameroun. Car c’est risqué. Il n’y a pas de garantie d’emploi  et en plus il y a des métiers qui sont sous payés à mon avis. En Europe il existe également le chômage, mais, le balayeur de rue gagne sa vie grâce à son métier et est respecté en plus. Au Cameroun, un balayeur de rue ’’ne s’en sort pas’’ il y’a des impôts sur tout et partout, aucun business n’est sécurisé, vous pouvez tout perdre d’un coup. En gros c’est un problème de sécurité dans les affaires. 

Mademoiselle Noëlle NJIANA, qu’est-ce que vous conseilleriez à ceux qui voudraient venir étudier en Europe ?

De bien s’informer, de ne pas se fier aux photos sur les réseaux sociaux, de ne pas trop croire aux rumeurs, mais de se renseigner profondément.
Il vaut la peine de venir en Europe pour certaines personnes, si l’opportunité se présente.

C’est un ensemble de calculs longs et pas forcément nets, mais qui valent la peine d’être faits au préalable avant  d’envisager ce voyage pour l’Europe.

Cependant, si vous avez un niveau de vie assez bon,  si vous supportez mal le stress, vous aimez la chaleur humaine, … réfléchissez y plusieurs fois avant d’embarquer.

C’était enrichissant mesdames et messieurs, merci et à très bientôt.

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