Un magistrat dénonce le trafic des personnes
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Dans «Le triomphe de Mukom», une pièce de théâtre, James Eni Mukobé alerte sur la réalité de l’esclavage au Cameroun.

Il est rare au Cameroun de voir un acteur majeur du corps judiciaire prendre la plume pour dénoncer dans un livre, un problème de la société qui porte préjudice directement à la dignité de l’Homme. James Eni Mukobé, procureur de la République près les tribunaux de Maroua, a dorénavant inscrit son nom dans le cercle très fermé des magistrats écrivains. Le natif de la région du Sud-Ouest a brisé le silence qui caractérise généralement les magistrats, pour s’intéresser au lancinant problème de lutte contre le trafic des personnes et l’esclavage.

«Le Triomphe de Mukom», titre de son essai, est une pièce de théâtre subdivisée en quatre saisons, qui met en scène les souffrances d’un jeune villageois (Mukom), dont le père est victime de la malice de son frère. Par les soins d’un intermédiaire, le jeune garçon est arraché de son village pour la ville, sous le prétexte que son oncle qui y vit voudrait l’envoyer à l’école en vue de lui garantir un bel avenir. Une fois en ville, il est plutôt remis à une famille qui lui est totalement étrangère, où il fait l’expérience des horreurs de servitude domestique, la forme la plus répandue du trafic des personnes.

«Maman, je suis arrivé à l’entrée du royaume des morts et je suis rentré. Pendant cinq ans, je n’ai pas vu la face de mon oncle. Le messager qui était venu au compte de mon oncle m’avait remis aux étrangers étranges», raconte Mukom, page 16. Il poursuit que «pendant cinq années entières, je n’ai mis pied dans aucune école. Pour rien. je dis pour rien, j’étais garde des enfants, balayeur de maison, collecteur d’ordures, portier, jardinier, laveur de voitures, homme de cour, blanchisseur, repasseur, aide-cuisinier, laboureur… j’ai des trous de mémoire, maman».

En proie aux affres de la ville, Mukom trouve l’occasion d’échapper à ses bourreaux. Il est ramassé dans la rue par un bienfaiteur qui lui donne un abri et lui remet sa dignité. Libéré de la maltraitance dont il était victime en ville, ce principal personnage de la pièce de théâtre se lance, de retour au village, dans le combat contre le trafic des humains et l’esclavage. L’histoire racontée par l’auteur, dont les personnages sont imaginaires, est selon lui, une réalité vécue dans plusieurs localités de la région de l’Extrême-Nord, voire du Cameroun.

«Ce qui m’a motivé à écrire ce livre, c’est l’angoisse, la frustration et la situation pathétique du trafic des personnes et l’esclavage. Dans la région de l’Extrême- Nord, le problème de trafic des personnes et l’esclavage est réel. Il n’a pas certes atteint le degré le plus alarmant, mais ce fléau un véritable mal social», témoigne James Eni Mukobé, procureur de la République près les tribunaux de Maroua.

Dans la présentation de l’ouvrage, faite par Pr Saïbou Issa, directeur de l’Ecole normale supérieure de Maroua, à l’occasion de sa dédicace le 05 février 2016, il a indiqué que «J’ai vu dans sa production une lueur d’espoir.

Si d’un côté, il y en a qui maltraitent les enfants, les exploitent et les instrumentalisent à des fins diverses, il y a de l’autre, ceux qui administrent, les prennent en charge et les accompagnent. Et leur offrent tout ce qui convient à un jeune à savoir: l’éducation et la formation qui sont le seul rempart contre le dépaysement et la criminalisation de l’innocence».

Pour l’auteur James Eni Mukobé, «le trafic des personnes dévalorise l’être humain. Il ne fait avancer aucune société. Mais il est commis au vu et au su de tout le monde qui reste dans un silence de complicité face à ce fléau. L’oeuvre est un plaidoyer qui interpelle tout le monde à oeuvrer pour que le trafic des personnes et l’esclavage cessent».

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