Déficit énergétique : le Dg d’Eneo accable la gestion de Niat Njifenji
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À travers quelques phrases bien senties, Joël Nana Kontchou a retracé la sombre histoire du secteur électrique au Cameroun sous le règne de l’actuel président du Sénat.

«Nous payons aujourd’hui le prix de 20 ans de sous-investissement (…). À l’exemple d’une vieille voiture, il s’agit aujourd’hui de voir si c’est le moteur qui fait problème, ou la direction, ou la suspension, ou les roues. C’est un ensemble qui ne va pas bien.» C’est en ces termes tranchés que le directeur général de l’opérateur d’électricité Eneo, Joël Nana Kontchou, s’exprime dans une longue interview publiée lundi par Mutations. Sans fioritures, il décrit un environnement que d’aucuns qualifieraient de désespéré :

«Ce système est vétuste, notamment en transport et distribution ; on n’y a pas investi et il n’existe pas un système de redondance. Quand il y a un problème sur une ligne majeure comme celle qui alimente la capitale, nous sommes obligés de couper pour réparer. Pour automatiser le système et agir plus rapidement lorsqu’il y a un incident sur une ligne, notre seule option est de couper. Soit on ne fait rien et on attend que tout le système se désagrège, soit on anticipe avec des travaux. On continuera donc de couper pour préparer des lendemains meilleurs.» Et le patron d’Eneo de laisser tomber : «Si on veut aller quelque part, il faut commencer par savoir où on est. La situation du réseau électrique est mauvaise. En tant que technicien, je dirai même qu’elle est décevante.»

Tout est dit en quelques phrases : le Cameroun est dans un trou noir, et pour l’instant impossible d’envisager des solutions durables à court terme. Voilà qui va réjouir des citoyens totalement déboussolés. Voilà qui va redynamiser une économie flageolante. Tout ceci pour constater que les Camerounais ont été abreuvés de ronflantes annonces et autres projets fictifs pendant deux décennies.

La période particulièrement visée est celle du magistère de Marcel Niat Njifenji, directeur général de la Société nationale d’électricité du Cameroun (Sonel) de mai 1974 à avril 1984 et de septembre 1989 à juillet 2001. Plus tard, il cumulera lesdites fonctions (jusqu’au 26 avril 1991) lorsqu’il entre au gouvernement, le 7 septembre 1990 comme ministre du Plan et de l’Aménagement du territoire. L’actuel président du Sénat gardera la haute main sur l’entreprise lorsque, le 9 avril 1992, il est fait vice-Premier ministre en charge des Mines, de l’Eau et de l’Énergie.

De la fin des années 70 à celle de la décennie 80, le Cameroun en est à une période de forte croissance économique et démographique. Occasion rêvée, pour un dirigeant un tant soit peu visionnaire, pour engager la planification, prévenir pour ne pas subir les événements. Rien n’a pourtant été fait dans ce sens sous Niat. Même la période Aes-Sonel (de l’américain Aes Corp), repreneur de la Sonel, n’y a rien changé : tout le secteur électrique du Cameroun était déjà sinistré du fait d’une gestion calamiteuse.

Ironie de l’histoire, aujourd’hui et par personnes interposées, celui qu’on peut présenter comme le plus grand fossoyeur de l’électricité du pays, celui qui a initié le transport de l’énergie électrique par des poteaux en bois dont il est par ailleurs le plus grand producteur, est visiblement  rattrapé par ses actes. Deuxième personnalité du Cameroun, intérimaire putatif à la magistrature suprême en cas de vacance de poste, Marcel Niat Njifenji, ferait sans doute le plus grand bien à son pays en disant «sa» part d’héritage dans la série noire que vit depuis une dizaine d’années au moins, le Cameroun, son pays.

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