Justice expéditive : Comment le Cnc prépare la guerre
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Le régulateur des médias, dont le mandat des membres avait expiré depuis plus d’un mois au moment de leur récente assise et n’a été renouvelé que le jeudi 24 mars, vient encore de confirmer sa réputation d’instrument au service des lobbies occultes. Et ses dernières sanctions provoquent déjà la surchauffe dans le sérail.
 
Votre journal a appris, comme le commun des citoyens, les lourdes sanctions prises à son encontre et à l’encontre d’un de ses reporters. Le lundi 21 mars, le Conseil national de la communication (Cnc) a infligé une suspension d’activité d’une durée d’un mois à La Météo, tandis que Mamouda Labaran en a écopé pour 3 mois. Votre journal et son journaliste sont accusés de «fautes constitutives d’atteintes à l’éthique et la déontologie professionnelles en matière de communication sociale», sur un article lié à des «rumeurs de complicité entre l’homme d’affaires camerounais Paul Fokam Kammogné, Guillaume Soro et Djibril Bassolé dans le récent coup d’État militaire qui a paralysé le Burkina Faso, [et qui] agitent particulièrement la presse camerounaise depuis le 12 novembre».

Nous serions partis d’un éclat de rire si la vie d’une petite et moyenne entreprise, brutalement mise entre parenthèses pour des motifs spécieux, n’était en jeu. Nous aurions moqué une sanction plus qu’arbitraire si le Cnc, une fois encore, n’avait administré la preuve de sa propension à s’aligner derrière les puissants. La Météo aurait tourné la page si elle n’avait le souvenir que le mandat des  membres, nommés le 22 février 2013 pour 3 ans, était forclos depuis plus d’un mois. Autrement dit, toutes les décisions prises depuis lors sont frappées d’illégitimité et d’illégalité. Sans compter que plusieurs voix montent pour dénoncer le fait que des promoteurs de médias, des journalistes cumulent allègrement leur mandat au Cnc et leurs activités professionnelles respectives. Donc, juge et partie. Le soupçon d’éliminer de sérieux concurrents pourraient être le mobile caché de bien de sanctions tirées par les cheveux.

Le Cnc, dont l’approche sacralise de manière criante la présomption de culpabilité, confirme, un peu plus chaque jour, les soupçons d’instrument liberticide que beaucoup lui prêtent. En s’employant ainsi à ruiner son peu de crédit, cette institution trahit dans le même temps la mission à elle confiée par le chef de l’État, Paul Biya en termes de régulation et d’autorégulation de la scène médiatique nationale.

Comme pour confirmer son amateurisme, la plupart des décisions du Cnc, qui très souvent se soucie comme d’une guigne du principe du contradictoire, sont proprement scandaleuses et généralement annulées par les tribunaux, quand ils sont saisis. Dernier revers en date : la levée de la suspension et le retour spectaculaire au Cameroun d’Afrique Media, après une suspension abracadabrantesque.

Au plus fort de la polémique, la chaîne de télévision privée avait diffusé une photo montrant  l’alors vice-président du Cnc, Peter Essoka, en train de prendre un verre avec l´ambassadrice de France au Cameroun, Christine Robichon. Une image qui venait en appui des accusations de la chaine panafricaine, selon lesquelles le Cnc est le bras séculier de l’Hexagone qui goûtait peu son ton farouchement anti-impérialiste.

À force de prêter le flanc aux accusations de partialité, le Cnc, à tout le moins quelques uns de ses membres, est devenu un « machin » dont les actes échappent systématiquement au bon sens et provoquent une levée de bouclier chez les organisations de défense des libertés. L’image du Cameroun, qui se veut un terreau de la liberté d’expression, fait les frais de ce dévoiement orchestré. Est-ce le but ultime recherché par le « régulateur » et les lobbies qu’il sert ? Le Cnc du sieur Peter Essoka voudrait qu’on garde de Paul Biya l’image d’un président qui a apporté à son peuple la démocratie (la liberté de la presse en est, sous tous les cieux, le baromètre) qu’il se serait pris autrement.
   
Le corps du « délire ».

Plutôt que d’éclairer l’opinion publique sur une affaire qui défraie la chronique au Burkina Faso, en Côte d’ivoire, au Cameroun, en Afrique et dans le monde, Paul Fokam Kammogné a choisi, comme fuite avant, de bâillonner des titres de la presse privée camerounaise. Sale besogne dont le Cnc sait si bien s’acquitter.

Au départ de ce qui vaut aujourd’hui à votre bihebdomadaire les foudres du ‘’régulateur’’, des écrits de La météo sur le patron d’Afriland First Bank, «cité, écrivions-nous, comme l’un des acteurs de la crise au Burkina Faso». Le milliardaire Paul Fokam Kammogné est cité, à tort ou à raison, dans un document sonore de 16 minutes, en circulation sur Internet, dans une longue conversation qu’auraient eue le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro et le dernier ministre burkinabè des Affaires étrangères sous Blaise Compaoré, Djibril Bassolé, qui selon des explications auraient planifié la déstabilisation du pouvoir de transition de Ouagadougou.

Voici ce que La Météo a écrit : «À écouter ces enregistrements, la voix attribuée à M. Soro propose une aide financière à Bassolé pour mobiliser des rebelles, déstabiliser l’armée et assurer la victoire des insurgés avec le concours de Paul Fokam Kammogné. L'ancien chef rebelle ivoirien aurait cité entre autres Hamed Bakayoko, Alassane Ouattara, un rapport de Faure Gnassingbé, le candidat à la présidentielle Roch Kaboré, pour qui «c'est déjà plié», sous entendant ainsi qu'il a déjà gagné l’élection et qu’un homme d'affaires camerounais, Paul Fokam Kammogné, toujours selon les dires de Soro, via l'actuel ministre de l'Intérieur ivoirien, financerait sa campagne sans que Ouattara en soit informé. Cette fuite, subodorent des spécialistes, proviendrait probablement d'écoutes de services occidentaux.» Info ou intox ? Toujours est-il que La Météo, dans sa volonté de recouper, mieux, d’équilibrer, avait plusieurs fois, mais en vain tenter d’approcher Paul Fokam Kammogné, question de requérir son avis quant à cette histoire qui n’arrêtait plus de sollicitations de votre journal, La Météo a fait une analyse, qui visiblement, a déplu  au Pdg d’Afriland First Bank.
 
Cette affaire, à travers les réseaux sociaux, a fait le tour du monde. À cette époque pas très éloignée, le très outragé Paul Fokam Kammogné, est allé se plaindre non pas devant les tribunaux, mais au Cnc contre La Météo, mais aussi La Nouvelle et L’Indépendant, n’a adressé ni rectificatif ni droit de réponse, ainsi que le lui permet la loi. Tout comme, à ce jour, pour des accusations aussi graves qui font le tour du monde et pour laver son honneur, l’homme d’affaires n’a pas cru utile de donner nulle part, sa version des faits. «Déclarations non justifiées», a tranché le Cnc. Mais où sont donc les «déclarations justifiées» du tout-puissant, qui règne sur une multitude de sociétés aussi bien au Cameroun qu’ailleurs? Pourrait-on poser la question à la bande à Essoka.

La Météo, pour sa part, aura, comme nous le disions plus haut, fait plus que chercher la réaction de l’intéressé. Et ce, pendant des jours. Votre journal, en désespoir de cause et dans un souci d’honnêteté, s’est permis de relayer une déclaration de Paul Fokam Kammogné en marge d’une assemblée générale ordinaire de l‘Association Mc2, dont il est le parrain. Invoquant des «élucubrations», il a ainsi affirmé non sans injurier : «Si vous voyez le journal qui a écrit ça, vous comprendrez que ce n’est pas un journal. Si j’étais intervenu dans cette affaire, posez-vous la question de savoir qui m’a appelé? Qu’est-ce qu’on me demandait de faire? Je ne suis concerné ni de près ni de loin par cette affaire.», disait-il. Mais toujours est-il ²    ²qu’en même temps, il est allé au Cnc.

Intimider et faire sanctionner des médias n’ayant fait que leur travail n’éteint pas pour autant les lourds soupçons qui, dans cette ténébreuse affaire, pèsent sur M. Fokam Kammogné. Pour ne pas dire qu’une telle attitude épaissit davantage le mystère. Que le patron – entre autres – d’Afriland First Bank ne convoque-t-il pas une conférence de presse pour confondre ses détracteurs? Chiche.

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